Deux urologues ont défendu les bénéfices de cet acte médical. A l'inverse, le président de la Fédération des pédiatres allemands a insisté sur "la douleur ressentie" par les enfants. Le débat sur la circoncision des jeunes enfants a donné lieu à un face-à-face tendu entre représentants juifs et musulmans d'une part, défenseurs de "l'intégrité physique des enfants" d'autre part, mardi au Conseil de l'Europe à Strasbourg.
La Commission des questions sociales et de la santé de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) avait souhaité réentendre la rapporteure d'une résolution controversée adoptée le 1er octobre dernier par l'APCE, la sociale-démocrate allemande Marlene Rupprecht.
Celle-ci cite "la circoncision des jeunes garçons pour des motifs religieux", au même titre que "les mutilations génitales féminines", parmi les violations du "droit des enfants à l'intégrité physique".
L'audition, à laquelle ont également pris part des experts médicaux, a été marquée par des échanges parfois houleux.
Mme Rupprecht a défendu le vote de l'APCE, arguant que l'organisation paneuropéenne - qui réunit 47 Etats et 800 millions d'habitants - avait pris ses "précautions" et formulé avec "prudence" le texte de la résolution en question.
Deux urologues, un Français et un Turc, ont défendu les bénéfices de cet acte médical qui, ont-ils assuré, réduit notamment les risques d'infection. A l'inverse, le président de la Fédération des pédiatres allemands, Wolfram Hartmann, a insisté sur "la douleur ressentie" par les enfants après l'opération.
Plusieurs rabbins et imams ont défendu le droit de perpétuer cette coutume en invoquant la "liberté de religion", garantie par la Convention européenne des droits de l'homme. Un représentant du Congrès juif européen (CER) a souligné que l'Allemagne avait récemment "légalisé" cette pratique, dans un cadre médical professionnel.
Avant l'audition des experts, la commission avait fait projeter un documentaire réalisé par un juif britannique, Victor Schonfeld, extrêmement critique à l'égard de la circoncision rituelle, dénonçant les risques de complications médicales graves pour l'enfant.
Ce documentaire intitulé "C'est un garçon !" (It's a boy!") montre de rares images d'une circoncision réalisée sur un nourrisson. Il avait déclenché une vive polémique lors de sa diffusion, et son auteur s'était attiré les foudres de rabbins britanniques.
En réponse à ce film à charge, la Knesset (Parlement) israélienne, qui jouit d'un statut d'observateur au Conseil de l'Europe, avait obtenu de faire diffuser un documentaire officiel défendant cette pratique, réalisé en urgence après le vote de l'APCE.
"Le débat est lancé. Il faut à présent qu'il se poursuive", s'est félicité à l'issue des débats le rabbin Moshe Lewin, directeur du CER.
Source La Libre