Le professeur Moti Herskowitz a dévoilé le 13 novembre dernier, à l’occasion du Bloomberg Fuel Choices Summit, un procédé industriel pour produire une alternative verte au pétrole brut. Utilisant des technologies matures, ce procédé pourrait être déployé rapidement et être commercialisé d’ici 5 à 10 ans.
Pour des raisons de pollution, de réchauffement climatique tout comme de pénurie annoncée, trouver une alternative viable au pétrole fossile pour alimenter nos moyens de transports est le sujet de nombreuses recherches à travers le monde. La voiture électrique est vue comme la solution du futur mais son utilisation généralisée se heurte au coût important des batteries et à leur capacité limitée, sans parler du besoin de développer un réseau de stations de recharge et d’augmenter significativement la production électrique. Des projets de voiture électrique alimentée par des piles à combustible ont montré leur viabilité mais la complexité de la production, du stockage et de la distribution de l’hydrogène nécessaire pour recharger la pile sont encore un frein.
De nombreux chercheurs et entreprises se penchent donc sur le développement des carburants liquides alternatifs, parfois appelés à tort “bio-carburant”, comme l’éthanol ou le biodiesel, qui peuvent être utilisés seuls ou mélangés à de l’essence conventionnelle. Ces carburants liquides alternatifs présentent l’avantage d’utiliser les mêmes infrastructures de distribution que les carburants classiques. En revanche, au-delà d’une certaine concentration (environ 10%) de ces produits dans le carburant final, les moteurs à explosions classiques doivent être modifiés pour les utiliser. De plus, ces carburants alternatifs sont produits à partir de végétaux ou algues, qui occupent des surfaces qui ne peuvent plus être utilisées pour la production de céréales destinées à l’alimentation et dont la culture est loin d’être neutre en émission de gaz à effet de serre.
L’alternative au pétrole brut des chercheurs de l’Université Ben Gourion
L’équipe du professeur Moti Herskowitz du Blechner Center for Industrial Catalysis and Process Development de l’Université Ben Gourion propose une nouvelle alternative. Elle consiste à produire en masse ce qu’elle appelle du “green feed”, qui serait converti en essence en utilisant les mêmes procédés industriels que ceux convertissant le pétrole brut. Cela aurait l’avantage de ne nécessiter aucune modification des infrastructures actuelles. Reste à savoir comment fabriquer ce “green feed”.
Le procédé créé par les chercheurs est une réaction thermochimique utilisant le fer comme catalyseur pour produire le “green feed” à partir de CO2 et d’hydrogène. Le CO2 peut être récupéré directement dans l’atmosphère ou après recyclage de celui produit par les centrales thermiques, les fabriques de ciment ou les puits de gaz naturel. L’hydrogène peut être produit par électrolyse de l’eau.
Ce procédé a été testé à l’échelle du laboratoire et fait actuellement l’objet d’une demande de brevet. Le professeur Moti Herskowitz estime que cette invention permettra de changer la donne du paysage énergétique. A court terme, son ambition est de parvenir à une démonstration à l’échelle industrielle d’ici 2 ans et une commercialisation d’ici 5 à 10 ans.
Source Bulletins Electroniques