Les pays occidentaux et Israël soupçonnent Téhéran de vouloir fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que l'Iran a toujours démenti. L'Iran refuse d'envoyer à l'étranger son stock d'uranium enrichi et entend poursuivre l'enrichissement sur son sol, a affirmé le chef des négociateurs nucléaires iraniens, Abbas Araghchi, cité dimanche par le site de la télévision d'Etat.
"La ligne rouge de l'Iran dans les négociations est l'enrichissement d'uranium (...) Nous pouvons discuter de la forme, de la quantité et du niveau d'enrichissement mais l'envoi à l'étranger de notre production (d'uranium) constitue notre ligne rouge", a déclaré M. Araghchi, qui doit participer mardi et mercredi à Genève aux négociations nucléaires avec les grandes puissances.
"Nous ne permettons pas qu'un seul gramme d'uranium enrichi ne quitte le pays", a poursuivi M. Araghchi, qui a précisé que l'Iran refusait également toute suspension de l'enrichissement d'uranium.
Selon le dernier rapport de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) publié fin août, l'Iran possède 6.774 kilogrammes d'uranium enrichi à 3,5%, et 186 kg d'uranium enrichi à 20%. Le pays a également transformé 187 autres kg d'uranium enrichi à 20% en barres de combustibles. L'Iran possède plus de 19.000 centrifugeuses, dont 1.000 de la nouvelle génération, bien plus puissantes que les précédentes.
Les pays occidentaux et Israël soupçonnent Téhéran de vouloir fabriquer l'arme atomique sous couvert de son programme nucléaire civil, ce que l'Iran a toujours démenti.
Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment multiplié les interviews aux médias européens pour exiger l'arrêt par Téhéran de toute activité d'enrichissement d'uranium et de la construction du réacteur à eau lourde d'Arak.
M. Araghchi a expliqué que l'équipe des négociateurs iraniens "défendra les droits de l'Iran et ne reculera pas d'un iota sur ce que la nation iranienne est en droit d'avoir conformément aux règles internationales".
"La République islamique d'Iran utilisera tous ses droits pour maîtriser la technologie nucléaire civile, notamment l'enrichissement d'uranium", a-t-il martelé.
Les représentants de l'Iran et des pays du groupe 5+1 (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie, Chine et Allemagne) doivent se retrouver à Genève pour relancer les négociations nucléaires interrompues depuis le mois d'avril.
M. Araghchi a affirmé que l'Iran allait "présenter son plan (...) et espérait aboutir à un accord dans un délai raisonnable".
"Ce plan sera comme un projecteur qui va éclairer le chemin à parcourir (...) Il définit le premier pas qui vise à rétablir la confiance (...) et le dernier pas qui est l'aboutissement du processus. Ensuite, il sera facile de définir les pas intermédiaires que chaque partie doit faire", a-t-il ajouté.
Enfin, M. Araghchi a affirmé qu'il y a "des discussions bilatérales" avec les Américains en marge des négociations de Genève.
Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, doit participer à la séance d'ouverture mardi. Le vice-ministre Araghchi dirigera ensuite les négociations avec le 5+1.
Ce dernier a ajouté que l'Iran insistait pour que les négociations "se déroulent au niveau des ministres des Affaires étrangères qui ont le pouvoir de prendre des décisions politiques que n'ont pas leurs subalternes".
"Il n'est pas question que nous cédions sur nos droits légitimes", a déclaré de son côté le général Mohammad Ali Jafari, le chef des Gardiens de la révolution, corps d'élite du régime iranien, cité par l'agence Fars.
Le général Jafari a récemment critiqué le président iranien Hassan Rohani (photo), estimant qu'il avait fait une "erreur tactique" en acceptant une conversation téléphonique historique avec le président américain Barack Obama en marge de l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre à New York.
Selon l'agence Mehr, "les lignes rouges" de l'Iran sont "l'enrichissement d'uranium sur le sol iranien", "le refus d'envoyer à l'étranger le stock d'uranium déjà produit", "le refus de fermer" le site d'enrichissement souterrain de Fordo (centre), et "le refus d'arrêter la construction du réacteur" d'Arak, qui doit entrer en fonction fin 2014.
Source La Libre