Les Archives de l’État d’Israël ont déclassifié cette semaine, 105 documents confidentiels relatifs aux relations entre Israël et l’Allemagne entre 1961 et 1967. Des documents révélant une crise diplomatique entre les deux nations, après la découverte par l’État hébreu que des scientifiques allemands aidaient l’Égypte dans son développement d’armes de destruction massive et de missiles balistiques.
Le Caire a développé avec l’aide de l’Allemagne de l’Ouest trois missiles : l’al-Zafar, d’une portée de 375 km ; l’al-Kahir, d’une portée de 600 km ; l’al-Ared, d’une portée de 1 000 km. Ces programmes ont été abandonnés après le retrait de Bonn en 1966.
Dès qu’Israël eut la confirmation par ses services de renseignements que l’Egypte, avec l’aide de scientifiques allemands, développait des armes de destructions massives, Jérusalem décida d’ouvrir une enquête pour prendre des mesures contre l’Allemagne.
Israël demande alors officiellement à l’Allemagne de mettre immédiatement un terme à l’implication de ses spécialistes dans le développement d’armes égyptiennes, mais l’Allemagne nie que ses citoyens participent à l’élaboration d’armes non conventionnelles au Caire.
Pour mettre un terme définitif à la coopération scientifique entre l’Allemagne et l’Égypte, le Mossad d’Isar Harel reçoit alors pour mission, de mener une campagne d’intimidation et expédie, aux conseillers Allemands siégeant au Caire, des colis piégés.
L’affaire prend une dimension très grave car le Premier ministre israélien, David Ben Gourion, qui n’est toujours pas mis au courant de cette opération, continue avec le chancelier Adenauer les négociations de l’ouverture des relations diplomatiques avec Bonn et le versement de réparations aux victimes de la Shoah.
Ben Gourion s’oppose farouchement à la campagne anti-allemande que mènent Isar Harel et une grande partie de la presse. Il ne pense pas, à l’inverse d’Harel, qu’Israël se trouve en danger existentiel en raison de la présence de savants allemands en Egypte.
Ben Gourion s’appuyant sur un rapport du chef de l’Aman, Meir Amit, relativisant la menace égyptienne, décide la poursuite des contacts avec l’Allemagne. Il ordonne à Isar Harel d’arrêter l’envoi des colis piégés ainsi que sa campagne d’intimidation contre les savants allemands. Furieux, Isar Harel claque la porte. Le 1er avril 1963, il remet sa démission. Le général Meir Amit, un sabra né à Tibériade en 1921, le remplacera.
Source LemondeJuif