lundi 2 septembre 2013

« L’exil des Juifs » sur Arte


Y a-t-il eu un exil massif des juifs quelques décennies après le passage du Christ ? S’agit-il d’un mythe religieux, historique ou bien d’une sanction divine parfois revendiquée par les juifs eux-mêmes ? Une approche historique appuyée par l’archéologie est le fil rouge de ce documentaire passionnant, mené comme une enquête en Galilée, à Massada, à Jérusalem et à Rome.
Diffusé samedi 31-08 à 20h45 et mercredi 11-09 à 8h55  sur Arte « l’Exil des Juifs », d’Ilan Ziv et Pascal Cuissot revient aussi sur la vision de ces exils à travers les siècles.

« L’an prochain à Jérusalem », c’est le vœu exprimé dans leurs prières par les juifs pratiquants du monde entier depuis la destruction du Temple par les Romains, au IIe siècle après Jésus-Christ. Depuis près de deux mille ans, il évoque la perte de la Terre promise et la condamnation à l’exil de tout un peuple. Les premiers chrétiens y ont lu un châtiment divin contre ceux qui n’avaient pas su voir en Jésus le Messie, interprétation qui a nourri l’antisémitisme européen à travers les siècles. Et le mythe de l’exil massif, également présenté par les juifs eux-mêmes comme une sanction de leurs fautes. C’est ce récit déterminant pour les théologies juive et chrétienne, fondamental dans l’histoire de l’Europe et du Moyen-Orient, que ce film interroge de façon passionnante, montrant combien il mêle historiographie et légende, mythe et réalité.



Dans cette enquête, menée en Galilée, à Massada, à Jérusalem et à Rome, on apprend ainsi que, loin d’être une période de désintégration du judaïsme, les siècles qui suivirent la destruction du Temple furent marqués par un certain renouveau, à l’extérieur de Jérusalem. S’accordant à mettre en cause la version catastrophique de l’exil, les historiens et les archéologues interrogés rappellent en outre que la diaspora juive existait déjà depuis longtemps tout autour de la Méditerranée. Depuis 1985, les archéologues fouillant le site de Séphoris, une ville antique de Galilée, ont par exemple découvert que la cité, ayant refusé de soutenir la rébellion de Jérusalem, avait continué à prospérer au sein de l’empire romain. Elle deviendra un village arabe, Safuri, après la conquête arabe de la Palestine au VIIe siècle, dont les habitants seront chassés par l’État hébreu en 1948. Ils étaient pourtant, pour certains d’entre eux, les descendants de juifs de l’Antiquité. Entretiens avec des spécialistes, séquences documentaires et archives dévoilent ainsi une riche histoire commune et méconnue, qui résonne comme une esquisse de paix possible pour les hommes d’aujourd’hui.



Source : TribuneJuive