dimanche 29 septembre 2013

Accueil mitigé en Iran pour Rohani après un contact historique avec Obama

 

M. Rohani a été accueilli par une soixantaine de jeunes islamistes aux cris de «Mort à l’Amérique» et «Mort à Israël», l’un d’entre eux jetant même une chaussure contre son convoi sans toutefois l’atteindre. Le président Hassan Rohani a reçu un accueil mitigé à son retour samedi en Iran d’un voyage à New York marqué par un contact téléphonique historique avec Barack Obama, le premier du genre en plus de trois décennies. A son arrivée à Téhéran, M. Rohani a été accueilli par une soixantaine de jeunes islamistes aux cris de «Mort à l’Amérique» et «Mort à Israël», l’un d’entre eux jetant même une chaussure contre son convoi sans toutefois l’atteindre.


En revanche, un groupe de 200 à 300 Iraniens a lancé un «Rohani merci!» au président modéré, dont l’élection en juin et le ton conciliant, après huit ans de mandat du conservateur Mahmoud Ahmadinejad, ont suscité l’espoir d’un dégel avec l’Occident.M. Rohani, qui a été sous le feu des projecteurs à New York où il a assisté à l’Assemblée générale de l’ONU, s’est entretenu au téléphone avec le président américain juste avant son départ pour Téhéran vendredi.
Il a affirmé que M. Obama avait pris l’initiative de l’appeler, après qu’un haut responsable américain avait affirmé le contraire. «Nous nous rendions à l’aéroport lorsqu’on m’a informé que la Maison Blanche avait appelé notre ambassadeur à l’ONU disant que M. Obama désirait me parler quelques minutes», a déclaré M. Rohani à son retour, ajoutant qu’il avait accepté. L’Iran et les États-Unis ont rompu leurs relations en avril 1980 après la prise d’otages fin 1979 à l’ambassade des Etats-Unis à Téhéran par des étudiants radicaux (52 personnes retenues pendant 444 jours) à la suite de la proclamation de la République islamique d’Iran.
Les deux pays sont depuis en conflit sur plusieurs dossiers, en particulier le programme nucléaire controversé iranien et l’appui de Téhéran à des groupes hostiles à Israël considérés comme «terroristes» par Washington.
M. Rohani a expliqué avoir défendu à New York la politique de «souplesse héroïque» définie par le guide suprême iranien Ali Khamenei, dans le dossier nucléaire sans céder sur les «droits» de l’Iran, à savoir l’enrichissement d’uranium sur son sol. Téhéran dément chercher à fabriquer l’arme atomique à travers cet enrichissement, comme l’en accusent Israël et des pays occidentaux. «Nous avons parlé des négociations entre l’Iran et le groupe 5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne») et de la fenêtre qui s’est ouverte », a déclaré M. Rohani. Jeudi, une rencontre sans précédent a réuni à New York les six chefs de diplomatie avec leur homologue iranien qui ont annoncé la reprise des négociations à la mi-octobre à Genève.
«  Nous avons convenu qu’il fallait profiter de cette occasion« pour trouver rapidement une solution », a ajouté M. Rohani, élu sur la promesse d’obtenir une levée des sanctions internationales liées au dossier nucléaire, qui étranglent l’économie iranienne. Le chef du Parlement iranien, le conservateur Ali Larijani, a estimé que même si «  le ton des responsables américains (avait) changé  », ces derniers devaient «  montrer dans les faits qu’ils (avaient) vraiment changé de politique  ». «  La seule solution pour les États-Unis est de cesser d’utiliser le langage de la menace  », a-t-il insisté.
La presse iranienne a quant à elle salué le contact «  historique  » avec le président américain, en parlant de «  la fin d’un tabou vieux de 35 ans  ». Dans une tribune dans le quotidien Etemad, Mohammad Ali Bassiri, professeur en relations internationales, a cependant mis en garde contre les «  extrémistes hostiles à une amélioration des relations  » irano-américaines, en Iran et dans la région. «  Beaucoup de pays, notamment le régime sioniste, estiment que leurs intérêts sont en danger avec une normalisation entre l’Iran et les États-Unis et tentent de l’empêcher  », a-t-il estimé. Mais pour l’expert politique Saïd Leylaz, il n’y a «  aucune raison d’être inquiet des extrémistes (en Iran) si le gouvernement reste en phase avec le Guide suprême en politique intérieure et internationale. Les ultra-conservateurs peuvent être contrôlés  ».
Selon Hossein Nagavi, porte-parole de la Commission des Affaires étrangères du Parlement, M. Rohani «  a l’autorisation (du Guide suprême) pour dialoguer avec Obama  ». Enfin, dans un geste symbolique, M. Rohani a rapporté un objet d’art perse vieux de 2.700 ans saisi par les douanes américaines en 2003 et rendu jeudi comme un »cadeau spécial« aux Iraniens, selon les médias locaux.
Source Le soir