jeudi 8 avril 2021

"Herr Doktor T. 1 : la peste et le choléra", par Jean-François Vivier & Denoël


Pour un destin, c’en est un ! La couverture de l’album le résume bien : à gauche, un drapeau nazi ; à droite, le drapeau soviétique. Le parcours du héros, « Herr Doktor », débute en juillet 1940 à Strasbourg qui vient de tomber aux mains allemandes pour se terminer en 1945 dans le bunker d’Hitler dans une histoire alternative qui se veut certes pédagogique mais qui joue néanmoins avec l’Histoire.........Détails........

Nous suivons le docteur Martin Wisenfall dans une France écrasée par la défaite et désormais sous la botte nazie. Martin quitte Strasbourg pour rejoindre son épouse et sa fille à Paris.
Les gens ne réalisent pas encore la gravité de la situation, en premier lieu la famille de la femme de Martin, qui est juive. On suit pas à pas l’application en France des lois antisémites de Nuremberg. 
Des circonstances particulières font que ce « Malgré nous » alsacien qu’est le docteur Martin est engagé de force dans l’armée allemande, avec de bonnes raisons pour garder une circonspection -forcément suspecte- sur les actes barbares du régime.
Le décor est planté, jusqu’ici très fidèle à la réalité. Vient ensuite une partie de fiction, qui court jusqu’à la fin de l’album, où le héros s’approche de Hitler pour tenter de le tuer… Pourquoi pas ? 
Mais c’est le moment où les invraisemblances commencent à se multiplier. La fiction a ce privilège pour autant que l’histoire soit passionnante. 
Il y a quelques maladresses (comme cette séquence où Martin mentionne que sa femme a mis quelques temps à « avouer » qu’elle est juive…) mais l’ensemble se lit harmonieusement surtout grâce au dessin très classique de Denoël, mis en couleurs par Anna, qui s’acquitte de sa tâche avec une belle efficacité.
Reste que nous sommes toujours un peu dubitatifs sur les fictions qui proposent des options alternatives à la réalité historique. 
Alors que les témoins de la Deuxième Guerre mondiale disparaissent jour après jour, l’évocation de son histoire est désormais prise en charge par les historiens mais aussi les artistes.
C’est l’ordre des choses, mais ceux-ci ont une responsabilité : interroger les faits sans les pervertir. On sait que, désormais, Inglourious Basterds de Quentin Tarantino côtoie La Liste de Schindler de Spielberg dans nos imaginaires. Mais il ne faudrait pas que cet esthétisme oublie que, comme le dit si bien Romain Gary dans Europa, le fascisme est un romantisme porté à son kitsch.
Même si nous n’en sommes pas là ici, il faut y prendre garde. La bande dessinée doit s’affranchir des clichés. 
Et lorsque que l’on voit à la fin de l’histoire le héros prendre, pour le tome 2, le chemin du goulag, en espère que la subtilité sera au rendez-vous.

Source Actua BD
Vous nous aimez, prouvez-le....


Suivez-nous sur FaceBook ici:
Suivez nous sur Facebook... 
Sommaire
 Vous avez un business ?