jeudi 11 février 2021

Spoliation nazie : un dessin de Schiele exposé dans un musée à Cologne bientôt restitué aux ayants droit


La Commission consultative allemande pour la restitution des biens culturels saisis à la suite de la persécution nazie, en particulier sur les biens juifs, a voté à l'unanimité pour que l'œuvre d'Egon Schiele (1890-1918) soit rendue aux héritiers du dentiste autrichien Heinrich Rieger (1868-1942). Les nazis l'avaient probablement confisquée en 1939.........Détails........

Après de longues délibérations et discussions avec le Ludwig Museum de Cologne qui expose Nu de femme accroupie (1917) d’Egon Schiele (1890-1918), la Commission consultative allemande pour la restitution des biens culturels saisis à la suite de la persécution nazie, en particulier sur les biens juifs, a finalement recommandé que cette aquarelle soit restituée aux héritiers de Rieger, le 8 février dernier, malgré certaines incertitudes. 
Ce dessin aurait été offert par le peintre lui-même au dentiste viennois et collectionneur d’art Heinrich Rieger, dont il était le patient. Étant juif, le Dr Rieger est persécuté après l’annexion de l’Autriche par l’Allemagne nazie le 12 mars 1938. 
Il est donc contraint de vendre une grande partie de ses possessions et, potentiellement, cette aquarelle de Schiele. Il est déporté au camp de Theresienstadt et y meurt en 1942.
Cela fait un certain temps que la Commission consultative souhaitait aboutir à une décision. 
S’il ne fait aucun doute que l’œuvre est entrée en possession du Dr. Rieger par la main d’Egon Schiele lui-même, qui payait ses consultations avec ses dessins, le Ludwig Museum a cependant fait part de ses interrogations quant à la façon dont l’œuvre a quitté la collection personnelle du dentiste. 
Pour ses héritiers, les nazis ont forcé Rieger à vendre le dessin, comme la plupart de ses biens, en 1938. 
Des lettres de son épouse, Berta, à leur fils ayant fui à New York, Robert, attestent de la contrainte exercée par les forces allemandes : « Une seule chose est terrible, nous devons vendre presque tous nos biens à des prix sacrifiés », écrit-elle en 1939. 
De plus, une demande de restitution formulée en 1947 par Robert Rieger auprès des autorités allemandes requiert explicitement la rétrocession du Nu de femme accroupie.
Pour le Ludwig Museum, il est en revanche possible que Rieger ait vendu l’œuvre avant l’annexion de l’Autriche par les nazis. Le musée est entré en possession de l’aquarelle en 1966, mais il est vrai que des zones d’ombre existent sur la localisation de l’œuvre entre les années 1940 et l’acquisition par le musée de Cologne. 
Toutefois, l’hypothèse de l’institution est balayée par la Commission consultative, qui estime que trop peu de ses œuvres ont été vendues entre janvier et mars 1938 pour la juger crédible. 
La Commission préconise donc la restitution aux héritiers de Rieger, qui devrait être finalisée d’ici la fin du mois de février. Le Ludwig Museum s’est tout de même félicité de cette décision. 
« Nous avons été déçus qu’il n’ait pas été possible de retracer entièrement le sort du Nu de femme accroupie – comme c’est si souvent le cas des collections d’art des victimes du nazisme. Nous sommes soulagés qu’il y ait maintenant des perspectives de solution juste et équitable avec le retour de ce dessin à la famille », déclare son président Yilmaz Dziewior.
Le Dr. Rieger était en effet un grand amateur et collectionneur d’art, et fréquentait dans son cabinet la plupart des artistes de la Sécession viennoise. 
Il se constitue ainsi une collection de près de 800 œuvres composée de tableaux et dessins d’Oscar Kokoschka (1886-1980), Gustav Klimt (1862-1918) et évidemment Egon Schiele, auquel une pièce entière de sa maison est alors dédiée. 
Ces peintres payent tous leurs consultations dentaires avec leur art, ce qui a permis à Rieger d’accroître sa collection de façon exponentielle. La majorité de ces œuvres a malheureusement été vendue sous la contrainte de l’occupant nazi à partir de 1938, et leur trace a donc été perdue.
La restitution de cette œuvre de Schiele, dont les travaux autour du nu ont profondément marqué la peinture autrichienne, est une grande victoire pour la Commission. 
Reinhard Steiner, professeur d’histoire de l’art allemand, parle même de l’artiste comme « un génie du dessin », unanimement reconnu comme tel par ses contemporains. 
Son impudeur dans la représentation des corps, si elle a beaucoup choqué en son temps et lui a fait connaître la prison, n’en reste pas moins sa marque de fabrique principale, comme on peut l’observer dans Nu de femme accroupie.

 

Source Connaissance des Arts
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