C’est tout le propos de cette bande dessinée historique ou plutôt de ce récit de fiction né de la volonté d’un amoureux des oeuvres de Haïm Soutine, Joel Legars, illustrateur et spécialiste en arts graphiques et histoire de l’art et de l’envie de Fabien Grolleau auteur et éditeur de bande dessinée, de travailler sur un projet commun.........Détails..........
Khaïm Solomonovitch Sutin est un peintre juif émigré en France, né dans un shtetl, à cette époque dans l’empire russe.
Des nombreuses légendes et témoignages qui entourent sa personnalité tourmentée d’artiste maudit, son caractère ombrageux, son art en général, ses années de misère que la maladie va exacerber, avant la reconnaissance survenue grâce à Albert Barnes collectionneur américain, les auteurs se sont attachés à raconter la dernière partie de sa vie, du printemps 42 à l’automne 43.
C’est dans une semi-clandestinité en 1941 que Soutine et sa compagne Marie-Berthe Aurenche fuient Paris pour se réfugier à Champigny-sur-Veude.
Nous sommes au printemps 42, et le couple trouve enfin un abri dans la maison du garde-champêtre, la maison familiale des Vervou.
C’est dans ce paisible bourg de Touraine, que Soutine va peindre une trentaine de toiles, en bordure de rivière, dans cette nature qui l’a un temps apaisé.
Les textes très épurés de Fabien Grolleau nous parlent de l’essentiel et posent l’histoire dans l’Histoire, les mots sobres claquent comme des talons de bottes …
Le Commissariat général aux questions juives, place des petits pères dans le 2ème arrondissement de Paris …
Le Préfet de Police Jean Legay collaborateur durant l’occupation de la France par l’Allemagne nazie et impliqué dans la déportation des Juifs en France …
Le Commissaire Antoine Burle chargé de l’enquête pour retrouver Soutine et saisir toutes ses oeuvres et qui pour des raisons que nous ignorons, ne remit pas le dossier à ses supérieurs.
… Les mots ont un sens et les dessins aussi, surtout ceux de Joel Legars, une sorte de flou incroyablement étudié guide l’humeur générale, les personnages se perdent dans une nature frileuse et envahissante quelque soit la saison … on ne voit presque jamais leurs yeux ou alors ils sont lourds et presque fermés ou baissés … parfois un beau regard de femme … un oeil bleu … nous prend au coeur.
Et il y a la couleur, les couleurs d’ Anna Conzatti, un parti pris de touches teintées posées sur la toile comme à travers un brouillard, ou du coton, des verts d’eau, du bistre, du bleu indigo, des gris nocturnes … des tâches de printemps et puis après le rouge de la colère, de la folie.
L’été 42 nous cueille des champs de fleurs, le linge sèche au vent … et pourtant la guerre persiste avec ses dénonciations et sa solidarité.
L’artiste peint, entre autres, « L’Ecolier bleu » et « La jeune fille à la barrière » et se lie d’amitié avec son modèle le jeune Marcel Vervou.
Pendant l’hiver 42-43 le soir de Noël, le peintre nous raconte Slimovitchi. Le shtetl est perdu dans un bois de bouleaux, la neige recouvre les toits du village, Soutine nous raconte son départ vers Minsk puis vers Vilnuis pour apprendre la peinture.
Les crises, la maladie, la douleur, les angoisses existentielles de l’artiste auront raison de lui. Il meurt à Paris le 9 août 1943. A lire et a offrir.
Source France Net Info
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