Elle, prépare une confrontation encore plus prestigieuse. « J’ai dit à l’UFC que j’étais prête », glisse-t-elle en référence à l’Ultimate Fighting Championship, la plus puissante organisation de MMA de la planète.
Après avoir battu Rachael Ostovich en janvier, l’Américaine de 25 ans a dû déclarer forfait à cause d’une fracture au bras droit. Mais elle a l’habitude des blessures.
« Je pourrais en faire une longue liste », écrit-elle dans sa biographie, Rise: Surviving the Fight of My Life.
« Mon corps a subi des coupures, des entailles, des fissures, des piqûres, des entorses, des torsions ou des déchirures. Cela dit, je n’ai pas peur de me faire mal. Je vois les blessures comme des périls occasionnels, attendus et inévitables. »
Une adversaire devrait lui être proposée en début d’année prochaine.
Ses tractions terminées, VanZant retrouve son mari sur le sable. Sous le soleil déclinant qui vient cette fois caresser sa peau, elle l’embrasse et publie la vidéo sur Instagram. Plus de 2,3 millions de personnes la suivent.
Le 15 novembre, elle en fait de même pour le féliciter à sa sortie de l’octogone. Vanderford est venu à bout du russe Grachik Bozinyan.
Dans la presse, pas un article n’oublie de souligner que le « Gentleman », qui a échoué à obtenir un contrat UFC l’an passé, est aussi « le mari de Paige VanZant ». C’est elle la star.
« Je crois vraiment – et je ne sais pas si les sociétés promotionnelles nous donneront un jour une vraie réponse – que les femmes vendent mieux que les hommes », pointe-t-elle lors de notre entrevue à Lisbonne au début du mois. « Quelques-uns sortent du lot comme Conor McGregor, mais si vous regardez un panorama, les femmes rapportent plus d’argent, elles attirent l’attention, donc amènent plus de monde. »
Lors du combat UFC 242 d’Abou Dabi, en septembre 2019, Khabib Nurmagomedov a touché 6 millions de dollars, alors que la femme la mieux payée, Joanne Calderwood, n’a perçu que 45 000 dollars.
Pendant que Ronda Rousey remportait 140 000 dollars en 2016, Chris Weidman en récoltait 500 000.
« Nous devrions être considérés comme égaux », enchaîne VanZant. « Les femmes sont payées moins que les hommes et nous devrions tous obtenir ce que nous méritons.
Je veux juste connaître ma vraie valeur. » La combattante est d’ailleurs si populaire sur Internet qu’à tout prendre, elle encaisse plus de bénéfices en postant des photos sur Instagram qu’en entrant dans l’octogone.
En 2018, elle était d’ailleurs invitée par le Web Summit à présenter son usage des réseaux sociaux. Cette année, elle a de nouveau fait étape au Portugal, début novembre, juste avant de rallier Israël. Elle y a retrouvé Cris Cyborg, une des combattantes les plus craintes du circuit.
Sous contrat avec l’UFC de 2015 à juillet 2019, Cris Cyborg, ancienne joueuse de handball brésilienne, compte 21 victoires pour deux défaites.
En tant que femme la mieux classée du MMA l’an passé, elle a amassé 1,08 million de dollars, contre 3,03 millions pour son alter ego masculin, Conor McGregor.
En septembre, elle a signé « le plus gros contrat de l’histoire du MMA féminin » avec la ligue Bellator. Depuis, la Polonaise Joanna Jedrzejczyk a déclaré vouloir suivre l’exemple de Ronda Roussey pour devenir la meilleure combattante de MMA au monde, malgré sa récente défaite en UFC contre la Russe Valentina Shevchenko.
Cette dernière accompagnait d’ailleurs Cris Cyborg et Paige VanZant à Lisbonne. Les trois femmes s’estiment, souligne l’Américaine : « C’est un grand sacrifice de faire du MMA et je respecte l’effort que les autres ont produit pour en arriver là. À la fin de chaque confrontation ou presque, les combattantes s’enlacent ou se serrent la main. »
Mais cet effort que VanZant poursuit chaque jour en enchaînant les tractions avec son mari est couronné par une récompense inestimable. « Le MMA m’a endurcie mentalement, il m’a apporté de la confiance et une meilleure conscience de mon environnement », indique Paige VanZant. « Pour ma génération de femmes, c’est important. »
Sous le soleil de Tel Aviv, la peau de Paige VanZant est lisse, vierge de toute coupure, entaille, fissure, piqûre, entorse, torsion ou déchirure. Ses plaies se sont refermées et, elle le répète à l’envi, elle est prête à combattre. « Mais il y a une blessure que j’ai toujours gardée enfouie », admet-elle.
C’est « une douleur que j’ai au plus profond de mon être et qui a été consciencieusement tue pendant des années, même pour ma famille ; une douleur qui a affecté mon corps mais qui a surtout abîmé mon âme. »
Née le 26 mars 1994 dans l’Oregon, sur la côte est, Paige Sletten est la fille d’un lutteur et d’une professeure de danse.
Avec son frère Stevie, elle a le droit de « tout essayer », alors, tantôt elle danse auprès de sa mère, tantôt elle enfourche son BMX pour rouler avec les garçons du quartier, déroutés par son tutu rose. « Mon père ne me traitait pas comme une petite princesse précieuse, il encourageait ma fougue », se souvient-elle. Quand sa fille se bagarre, M. Sletten lui donne des conseils plutôt que de s’inquiéter.
Pour l’heure, la jeune Paige se fait surtout remarquer pour sa grâce. Au lycée, où elle est devenue cheerleader après avoir participé à une pub, cette petite réputation lui vaut l’intérêt d’un certain Ivan. À l’occasion d’Halloween, ce garçon plus âgé l’invite à une soirée. Ses parents ont beau refuser de la laisser sortir, l’adolescente fait le mur et se retrouve devant un verre de vodka pastèque.
A-t-elle déjà bu de l’alcool ? Oui, ment-elle. Alors les gorgée s’enchaînent et lorsque, ivre, elle émet l’idée de rentrer, on insiste pour qu’elle reste. Soudain, la pièce set met à tourner. Devant elle, il n’y a plus qu’un kaléidoscope flou, puis le plafond. Paige se retrouve plaquée au sol, sans son téléphone, et quelqu’un lui tient les poignets.
« C’est mon tour maintenant », entend-elle avec horreur.
Sur les conseils de son père, Paige se met au MMA à l’âge de 15 ans. Aidée par son agilité de danseuse, elle apprend cette discipline encore très masculine en échangeant les coups avec des hommes, qu’importe ce qu’on peut raconter. « Je suis tombée amoureuse du MMA », sourit-elle.
« J’ai arrêté la danse et mis de côté les études pour me donner à fond. Ma famille me soutenait et j’ai appris à ne pas m’entourer de gens qui me disent ce que je dois faire. »
Après avoir remporté un combat amateur à 18 ans, Paige VanZant fait ses débuts en pro par une victoire le 30 juin 2012. Un an et demi plus tard, son nom figure au bas d’un contrat de l’UFC.
« Je suis ravie d’avoir été une des premières combattantes en UFC car ça a marqué le début d’une nouvelle ère », rembobine-t-elle. « Le simple fait de regarder des femmes se battre donne du pouvoir aux autres. Et je leur conseille vraiment de s’y mettre.
Pourquoi nos corps ne seraient-ils pas faits pour ça ? » Entre autre vertus, le MMA « apprend l’esprit de compétition, l’auto-défense et permet de connaître sa force », vante-t-elle. Malheureusement, les arts martiaux mixtes traînent encore une réputation de sport dangereux, comme Paige ne pouvait échapper aux regards circonspects quand son tutu rose dépassait de chaque côté du BMX. Les clichés ont la vie dure.
Alors que les compétitions officielles seront enfin officiellement autorisées en France au mois de janvier, Anita Karim porte haut les couleurs du Pakistan dans l’octogone et Zahra Al-Qurashi celles de l’Arabie saoudite. La diffusion de la discipline n’a pas de frontière.
« Beaucoup d’étrangers aiment le MMA et voudraient avoir des combats de l’UFC », se réjouit Paige VanZant. « Il faut que des gens comme moi qui ne ressemblent pas à des combattants s’y mettent pour montrer que ce n’est pas seulement pour les personnes violentes, c’est un art avec des traditions et du respect. »
Source Ulyces
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