lundi 19 novembre 2018

Le 5 de Chanel, histoire d’un parfum créé par une antisémite et collabo....


Au début des années 1920, l’envie prend à Gabrielle Chanel de lancer un parfum. Le cahier des charges est aussi précis qu’ambitieux. Elle veut un parfum « abstrait », qui ait « mille senteurs et qu’on n’en reconnaisse aucune », et soit « le plus cher du monde ». La voilà donc à Cannes dans le laboratoire du chimiste Ernest Beaux, qui lui présente des fragrances numérotées de 1 à 5......Détails.........



Ainsi naît Chanel n°5, « le luxe dans le jus, la sobriété dans le flacon ». Stéphanie Duncan consacre un Autant en emporte l’histoire à ce parfum révolutionnaire, mettant aussi en lumière les terribles zones d’ombre de l’une des créatrices les plus influentes du XXe siècle. 
Chanel n°5 connaît un succès fulgurant et offre à la marque sa renommée mondiale. 
Pourtant, c’est une ­Coco aigrie que l’on retrouve au début de la fiction de Sarah Thibau et Pascal Deux.
A l’aube des années 1950, la sexagénaire peste contre le New Look de Dior, qu’elle observe d’un œil attentif malgré son exil helvète. 
Soupçonnée d’avoir collaboré, arrêtée, puis relâchée, elle est partie se faire oublier à Lausanne à la fin de la guerre, avec un officier allemand rencontré à Paris sous l’Occupation. 
« Ce serait le moment pour moi de revenir, mais cela voudrait dire me rabibocher avec les Wertheimer, voilà presque trente ans qu’ils me volent… », maugrée la créatrice finement interprétée par Odja Llorca (qui vieillit et rajeunit sa voix de façon bluffante). 

À ne pas rater !

Le 5 mai 1941, Coco Chanel a tenté de récupérer les parts de ses associés en raison de leur origine juive. En vain. Pierre Wertheimer refait même affaire avec elle lors de son grand retour à Paris en 1954. 
« Il fallait vraiment éviter que les comédiens jouent avec un petit côté “tout est oublié, tout est pardonné” », précise Stéphanie Duncan, soucieuse de ne pas banaliser cet acte détestable. Mission réussie. 
A cette fiction très convaincante — mention spéciale aux bruitages de Sophie Bissantz — s’ajoute un entretien éclairant avec le documentariste Stéphane Benhamou, qui explique cette triste histoire sans complaisance. 
« On ne voudrait pas penser que cette femme si géniale se comportait comme le petit épicier du coin qui voulait prendre la boutique de son voisin juif. Mais c’était bien ça. On pouvait être quelqu’un d’extrêmement moderne et se comporter comme le dernier des salauds. »


Source Telerama
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