Ici un blogueur qui s'invente un double pour cracher, entre autre, sa haine du Juif. Dans l'Amérique de Trump, on menace de s'en prendre à des centres communautaires. En Angleterre, au sein d'universités prestigieuses, on assiste à un retour du révisionnisme. La coupe est pleine. Et si on foutait la paix aux Juifs, une bonne fois pour toutes ?.....
Est-ce qu'on pourrait pas décider une bonne fois pour toutes de foutre la paix aux Juifs, à tous les Juifs, peu importe l'endroit où ils vivent sur cette fichue planète, peu importe qu'ils fussent croyants, athées ou agnostiques, peu importe qu'ils soient gros, cons, géniaux ou doux comme des agneaux?
Est-ce qu'il ne pourrait pas se passer un jour, un seul jour, sans qu'ici ou là, on en appelle au meurtre de Juifs, on ne menace leurs centres communautaires, on ne vandalise leurs tombes quand on ne leur promet pas de les renvoyer dans des fours?
Vous n'en avez donc jamais assez, vous n'êtes pas las de vous en prendre, siècle après siècle, dans un délire continu, à ces même gens qui, faut-il le rappeler, ne vous ont jamais rien fait, strictement rien, et dont la plupart aspire à une seule chose: vivre enfin en paix, vivre sans être constamment sur leurs gardes, vivre sans craindre la promesse d'une prochaine dénonciation –cette déréliction de l'esprit ne connaîtra-t-elle jamais de fin?
Vous ne pensez pas que cette paix ils l'ont amplement méritée, vous ne trouvez pas qu'ils ont déjà payé assez cher le prix de leur singularité, vous voulez quoi au juste?
Qu'ils disparaissent tous jusqu'au dernier des derniers? Et après? Vous ferez quoi quand il n'en restera plus un, plus un seul? Rendez-vous compte que vous continuerez à les haïr précisément parce qu'il n'y en aura plus un, bientôt vous les maudirez d'être tous morts avant de prier pour leurs prochaines résurrections tant ils vous manqueront.
Je sais bien que l’antisémitisme est une drogue dure, la plus puissante jamais inventée par l'humanité, que son sevrage est long et douloureux, qu'il est difficile, tellement difficile de vivre sans mais bon sang mettez-en aussi un peu du vôtre:
si vraiment vous avez besoin de vous en prendre à une communauté pour avoir le sentiment d'exister, changez de répertoire, adoptez de nouveaux souffre-douleurs: attaquez-vous aux lapins de garenne, aux vaches limousines, aux escargots bourguignons, que sais-je encore, soyez inventifs pour une fois au lieu de ressasser les mêmes haines cuites, recuites et archi-recuites.
Les premiers temps du sevrage seront durs, je ne vous le cache pas: vous verrez des petits Juifs partout –encore plus que d'ordinaire, c'est dire– vous aurez l'impression de ne pas pouvoir respirer sans eux, vous vous précipiterez dans des synagogues, en plein milieu de l'après-midi, juste pour vous assurer de leur présence ; vos nuits seront troublées, vos matins vagues, vos journées confuses, vous souffrirez d'attaques de panique et de rechutes soudaines en passant devant une banque, à l'heure de lire votre journal, quand viendra le moment de consulter un médecin ou un avocat ou un expert-comptable.
Tout ceci est normal, parfaitement normal: on ne se débarrasse pas de cette aversion-là sur un simple signe de croix. Vous serez en manque, vous rêverez de petits fours et d'exterminations féroces: il vous faudra de la patience et de la ténacité afin de vous désenjuiver. Tenez bon.
Un jour vous serez guéri et vous ne perdrez plus votre temps à pourchasser des papillotes innocentes.
L'antisémitisme est une aberration absolue, un mirage qui ensorcelle les esprits depuis des millénaires, une sorte de plaisanterie métaphysique qui a beaucoup trop servi.
Il est temps que cela cesse, c'est bien connu, les pogroms les meilleurs sont les plus courts.
Sinon, ils bouffent quoi ce soir au dîner du Crif: des entrailles d'enfants de chœur à la sauce cachère?
Source Slate
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