C'est un voyage mémorable pour Marine Le Pen: dimanche 19 dans l'après midi, la candidate à l'élection présidentielle s'est envolée pour Beyrouth pour deux jours durant lesquels il est prévu qu'elle rencontre des dirigeants politiques et religieux. Ce lundi, Marine Le Pen a rencontré le président libanais Michel Aoun. Pour le première fois, elle rencontrait un chef d'Etat en fonction: "passage obligé" pour un candidat sérieux à l'élection présidentielle.....
S'en est suivi une rencontre avec le Premier ministre Saad Hariri, une autre avec Gebran Brassil, ministre des Affaires étrangères, et enfin avec Ziad Shbib, conseiller d'Etat et gouverneur de Beyrouth.
Marine Le Pen a pu se servir du positionnement politique de Michel Aoun pour mettre en lumière son programme de politique étrangère: il est chrétien hostile à l'islamisme sunnite radical et au groupe Etat Islamique et favorable au régime de Damas, a expliqué à L'Express Jean-Yves Camus, un politologue.
Saad Hariri, Premier ministre et leader sunnite qui est contre le régime de Damas, a cependant mis en garde la candidate sur "l'amalgame entre musulmans modérés et terrorisme extrémiste".
Le Front National a des liens de longue date avec certaines formation politiques libanaises: certains responsables du FN (anciens ou actuels) ont participé à la guerre des "deux ans", de 1975 à 1976, puis à la "bataille du Chouf", de 1983 à 1984. Michel Aoun a déjà rencontré Jean-Marie Le Pen alors qu'il était en exil en France dans les années 80 et le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, a été l'avocat de Samir Geagea, chef milicien catholique qui avait organisé un attentat contre une église.
Si ce voyage est une réussite pour la leader frontiste, il n'en a pas toujours été ainsi.
Au Canada en mars 2016, elle avait été boudée par les élus canadiens. Son père lui n'a jamais réussi à rencontrer de dirigeants.
Le FN n'a pas encore les portes grandes ouvertes dans tous les pays et beaucoup de dirigeants refusent de recevoir quelqu'un du parti: c'est le cas d'Israël où s'est rendu Nicolas Bay, eurodéputé FN, fin janvier.
A cause des propos antisémites tenus à plusieurs reprises par Jean-Marie Le Pen, les dirigeants du pays n'ont pas voulu recevoir le député européen."Le gouvernement israélien n'a pas de contact avec le Front National, étant donné l'idéologie et l'histoire de ce parti" indiquait le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
Nicolas Bay espérait pourtant "nouer ou (...) renforcer des contacts dans un pays ami et, peut-être aussi, de lever des incompréhensions ou des malentendus".
Il avait pourtant rencontré plusieurs proches du pouvoir israélien comme par exemple un haut gradé, le commandant Eyal Furman, qui quittera le diner dès qu'il apprendra l'identité du frontiste.
Le directeur général adjoint du ministère de la Santé était aussi présent à ce diner et à indiqué: "quand M. Bay m'a donné sa carte, j'ai dit clairement que je ne faisais pas de rencontres politiques".
La visite s'était soldée par un échec, aucun dirigeants israéliens n'ont voulu le rencontrer ou ont quitté la discussion après avoir appris qui il était.
Bien que la visite de Marine Le Pen soit une réussite et qu'elle lui donne une légitimité, le FN est encore persona non grata dans beaucoup de pays.
D'après Europe 1, l'an dernier, 70% des Français considéraient que la candidate ne serait pas une bonne représentante de la France à l'étranger en cas de victoire.
Par Elsa Taillandier
Source France Soir
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