C'est un héros de cinéma. Thomas Kaplan (photo ci-dessus), 54 ans, milliardaire américain, a mené une vie d'aventurier. C'est le seul homme au monde à posséder un Vermeer, en dehors des musées, une version de « la Jeune Femme jouant du virginal », présente à l'exposition du Louvre.....
Il a racheté le tableau à un patron de casino de Las Vegas, qui a accepté de le lui vendre parce que l'acheteur lui prenait aussi un Rembrandt. Cash. Le musée français, à qui le nabab vient de faire don d'une oeuvre de Ferdinand Bol, un élève de Rembrandt, consacre simultanément une exposition à ses trésors, « Chefs-d'oeuvre de la collection Leiden ».
Un intellectuel, mais qui fait fortune dans les métaux précieux. « Ma vie a basculé quand je suis parti en vacances en Israël, encore étudiant. D'abord j'y ai rencontré ma femme.
Et, en m'intéressant à la géopolitique de la région, j'ai prédit l'invasion du Koweït par Saddam Hussein plus d'un an avant. J'ai approché des responsables politiques de plusieurs pays, ils m'ont dit que j'étais fou.
Quand la guerre a éclaté, ils m'ont tous rappelé. Je suis devenu un analyste stratégique très recherché. »Parmi ses meilleurs coups, Kaplan a acquis 11 Rembrandt — qu'il place plus haut encore que Vermeer — parmi les 35 encore en mains privées.
Le Louvre est ravi d'en montrer la plupart. « A 6 ans, ma mère m'a emmené au musée pour la première fois à New York. Je suis tombé en extase devant Rembrandt. Oui, à 6 ans. Ça n'a jamais cessé », raconte l'Américain, d'une élégance à l'ancienne.
Il achète son premier tableau à 41 ans. Avant ? Il soutient à Oxford une thèse d'histoire sur les révolutions et contre-révolutions, ce qui lui fait découvrir la France.
Du pétrole et des idées
Au Koweït, il a observé les gisements de pétrole. Les affaires l'attirent. Le voilà en Bolivie, au Pérou, où il exploite des mines d'argent. Il passe au platine, en Afrique du Sud, puis aux hydrocarbures au Texas.
Chez Kaplan, on a du pétrole et des idées. Un an avant la crise économique de 2008, il revend tout.
« Je l'ai sentie venir. » Cet alchimiste du business mise alors sur l'or. Son cours s'envole. Il aime le rare et défend les panthères en voie d'extinction, au sein d'une ONG. Panthères et peintures ?
« Le point commun, c'est leur beauté foudroyante, qui peut avoir un énorme impact sur nos vies, et qu'il faut protéger. »
Il ne garde pas ses tableaux chez lui
Collectionner, il s'y est longtemps refusé. « Posséder pour posséder ne sert à rien. Ma belle-mère, peintre, m'a poussé. Avec ma femme, on s'est mis à acheter un tableau par semaine. Maintenant, c'est plutôt un par an. » Ce père de trois enfants se sent investi d'une « mission ».
Il ne garde jamais ses tableaux chez lui et les prête à des musées du monde entier. « Notre souhait avec ma femme n'a jamais été de les garder, mais de les montrer, jusqu'en Chine.
La peinture apprend l'humanisme, la tolérance. Au Louvre, c'est la première fois que je vois ma collection en partie réunie. Mon job, c'est d'aller trouver ces chefs-d'oeuvre sur le marché privé et de les partager avec tout le monde. »
On demande à cet amoureux de la capitale française s'il ne craint pas, comme tant d'Américains, les problèmes de sécurité :
« Fin 2015, nous avions un projet de vacances très loin avec ma femme. Après le Bataclan, on a tout annulé pour venir à Paris. Ça vous va comme réponse ? »
Source Le Parisien
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