dimanche 28 février 2016

On lui demande de changer de siège dans un avion, elle porte plainte...




Le New York Times rapporte ce samedi l'histoire de Renée Rabinowitz. Nous sommes en décembre 2015, dans un aéroport de New York. Cette avocate retraitée de 81 ans est tranquillement assise en business class, dans un avion de la compagnie israélienne El Al– elle part pour Tel Aviv– quand un homme d'une cinquantaine d'années arrive, en tenue hassidique...



Il est censé s'asseoir à côté d'elle «mais, explique le quotidien américain, comme nombre de passagers ultra-orthodoxes, il ne voulait pas s'asseoir près d'une femme, percevant un contact, même fortuit, avec le sexe opposé, comme interdit, selon l'interprétation la plus stricte de la loi juive».
Une personne de la compagnie propose alors à Mme Rabinowitz de se déplacer, et d'obtenir un meilleur siège.
Ce qu'elle accepte avec réticence. Et heurtée:
«En dépit de tous mes accomplissements –et mon âge en est un– je me suis sentie diminuée» confie-t-elle au NYT. «Pour moi ce n'est pas une question personnelle, c'est une question intellectuelle, idéologique, et juridique. Je me dis: je suis là, une femme âgée, éduquée, j'ai voyagé, et un type peut décider, comme ça, qu'il ne veut pas que je m'asseye près de lui. Au nom de quoi?»

Renée Rabinowitz, née en Belgique, a fui les nazis en 1941 avec sa famille, partie s'installer aux Etats-Unis.
Elevée dans la religion juive, elle a été mariée deux fois: à deux rabins. Elle explique au NYT se pas du tout se considérer comme anti-orthodoxe: «l'idée qu'une population hassidique [en Israël, où elle vit depuis dix ans], est formidable. Du moment qu'ils ne me disent pas ce que j'ai ou non le droit de faire.»
Elle porte plainte contre la compagnie pour discrimination, épaulée par un lobby qui veut démontrer qu'El Al a intégré ce sexisme.


Le poids des ultra-orthodoxes en Israël
 
Les juifs ultra-orthodoxes représentent aujourd'hui 10% de la population en Israël. Leurs exigences posent de plus en plus de problèmes et des incidents tels que celui vécu par Renée Rabinowitz se produisent régulièrement. En 2012, le quotidien israélien Haaretz notait une augmentation du phénomène dans un article titré: «Les juifs ultra-orthodoxes refusent de plus en plus de s'asseoir près des femmes sur les vols El Al».
L'article précisait que cette augmentation «coïncid[ait] avec de récents incidents impliquant des Juifs religieux orthodoxes ayant insisté pour que la séparation des sexes soit respectée dans certains quartiers israéliens, dans les bus publics, sur les bancs publics, et même aux caisses dans les supermarchés et les magasins».
En septembre 2014, comme le rapportait l'Obs, un groupe d'ultra-orthodoxes avait ainsi refusé de s'asseoir, avant le décollage, parce que des femmes refusaient de changer de place pour qu'ils ne se trouvent pas à leur côté, causant «un important retard».
«Finalement, les passagers ultra-orthodoxes ont accepté de s'asseoir à côté de femmes le temps du décollage, bondissant ensuite de leurs sièges pour prendre place dans l'allée centrale toute la durée du vol, prier à voix haute et empêchant de facto quiconque de passer.


Source Slate