vendredi 22 janvier 2016

Paracha Bechalah : glaner des Mitsvot, sans cesse



La Torah nous raconte que lors de la nuit de la sortie d’Egypte, les enfants d’Israël prirent le butin de leurs oppresseurs. Ils « vidèrent » l’Egypte de tout son or et argent ! Un seul ne participa pas à cet empressement collectif : Moché Rabbénou. Il préféra s’affairer à trouver le cercueil de Yossef Hatsadik pour le monter en érets Israël...



Les sages disent que le verset dans Michlé « ‘Hakham Lev Ika’h Mitsvot » - « Celui qui a un cœur sage prendra des mitsvot. » fait référance à Moché Rabbénou qui a su délaisser la richesse pour gagner, ne serait-ce qu’une seule mitsva.
Rav Aharon Kotler analyse ce texte :
Moché Rabbénou était le guide et à ce moment si intense de la sortie d’Egypte, il accomplissait déjà de nombreuses mitsvot en aidant et conseillant les nombreuses personnes qui le sollicitaient (on s’imagine combien de problèmes il avait à résoudre, en tant que guide, lors de ce moment si critique dans l’humanité).
Pourtant, il n’accepta pas de se suffire de ses multiples mitsvot qu’il était en train d’accomplir. Il trouva encore une mitsva et chercha à l’accomplir. Plus que cela, c’était aussi une mitsva de demander l’or et l’argent aux égyptiens, mais Moché Rabbénou préféra choisir une mitsva encore plus forte, plus Lichma !
Pour comprendre comment se comporter ainsi, dit Rav Kotler, il suffit de voir le verset énoncé plus haut : « Celui qui a un cœur sage prendra des mitsvot. »
Il n’est pas écrit « accomplira des mitsvot » mais « prendra des mitsvot ». C’est dans ce mot que ce cache le secret de la réussite dans les mitsvot : il faut être conscient que l’on ne donne pas, mais que l’on prend !
Qu’est ce que cela signifie ? Il existe trois situations : 1. Prendre, 2. Donner, 3. Echanger (donner et prendre).
A priori, on peut assimiler l’accomplissement des mitsvot à un échange : on fait une mitsva et l’on reçoit en échange une récompense ! Cependant, celui qui est sage sait que ce n’est pas le cas.
La récompense de la moindre mitsva est si intense, que tous les efforts que l’on peut faire pour une mitsva sont considérés comme rien ! Nous avons l’habitude d’associer les mérites du monde futur à des plaisirs terrestres et nous pensons donc qu’ils sont limités à notre sensation humaine.
Mais ce n’est pas vrai ! Les plaisirs et les profits du monde futur sont accordés à l’âme et sont illimités ! Les sages ont résumé ceci en une phrase : « Un plaisir du monde futur est plus fort que tous les plaisirs sur terre ! »
Un jour, un homme demanda au ‘Hafets ‘Haïm : « Rabbi, la récompense des mitsvot est immense. Si c’est ainsi, je suis prêt à donner une de mes mitsvot à notre peuple et en échange, qu’Hachem donne de l’argent à tous les pauvres, guérisse tous les malades et délivre tous les oppressés ! »
Le ‘Hafets ‘Haïm répondit : « Imagine-toi qu’un homme désire acheter un grain de sucre et donne pour payement un milliard de diamants ! Cela ne peut pas s’appeler ou être considéré comme un échange ! De la même manière, la récompense d’une "simple" mitsva est si grande qu’il n’est pas possible de l’échanger contre tous les bonheurs et les plaisirs du monde ! »
Bien entendu, il existe d’autres raisons pour lesquelles une telle "transaction" n’est pas possible.
Mais le ‘Hafets ‘Haïm répondit à cet homme que son regard sur les mitsvot et leurs récompenses n’était pas juste. Il fallait ressentir ce que le roi David disait dans les psaumes : « Ta Torah m’est plus chère que des milliers de pièces d’or et d’argent ! »
C’est ce que Moché Rabbénou avait compris : il ne voyait pas les mitsvot comme quelque chose qu’il faut accomplir, mais comme ce qu’il faut prendre ! [Evidement, à son niveau, Moché Rabbénou ne cherchait pas simplement la récompense de la mitsva.
Il était heureux de l’accomplissement même de la volonté d’Hachem et du mérite qu’il avait en servant Le roi !]
C’est ce qui lui a permis de ne pas penser « Je suis en train de faire des mitsvot immenses, je n’ai pas besoin d’en faire plus ! » Non, c’est comme si quelqu’un trouve un trésor par terre et le ramasse, puis trouve un second trésor et se dit : Pourquoi le ramasser ? J’ai déjà tant pris auparavant ! Personne ne pensera ainsi, car lorsque l’on prend, on n’a généralement pas de limites !
Comprendre ce message nous permettra d’accomplir de nombreuses mitsvot. Le mauvais penchant ne réussira pas à nous faire rater des cours de Torah, à délaisser des mitsvot et à nous faire penser que nous n’avons pas besoin de prendre d’autres mitsvot !
Soyons nous aussi l’exemple du verset : « Celui qui a un cœur sage prendra des mitsvot » et attrapons tous les mérites que nous pouvons prendre !


Rav Emmanuel MIMRAN


Source Torah Box