lundi 13 avril 2015

L’économie au cœur des tractations gouvernementales en Israël


Fin de la trêve pascale en Israël : les tractations pour la formation d’un gouvernement reprennent, les dossiers économiques restent brûlants. L’économie sera un des principaux enjeux des transactions pour former un gouvernement de coalition israélien. Le Premier ministre nommé, Benyamin Netanyahou, devra « jongler » entre les exigences des différents partenaires potentiels, tout en leur faisant accepter ses propres exigences...Details et analyses...


À l’heure actuelle, quatre partis (en dehors du Likoud) sont candidats à des portefeuilles ministériels : les deux formations ultraorthodoxes Shass et Judaïsme de la Torah, le parti sioniste religieux Habayit Hayehoudi (« Foyer juif ») de l’ex-ministre de l’Économie Naftali Bennett, le parti nationaliste Israël Beitenou (« Israël, notre maison ») de l’ex-ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, et le parti du centre Koulanou fondé par l’ex-ministre des Télécoms du Likoud, Moshé Kahlon.

LIKOUD : MOINS D’IMPÔTS, PLUS POUR LA DÉFENSE

Le Likoud n’avait pas publié de programme économique durant la dernière campagne électorale. Benyamin Netanyahou est bien résolu à poursuivre les grandes lignes de sa politique libérale qui se résume en trois principes essentiels : la baisse des dépenses publiques, un impôt sur le revenu qui n’augmentera pas et la réduction du déficit public. En revanche, Netanyahou demandera à ses partenaires de la coalition gouvernementale de ne pas s’opposer à une augmentation des dépenses militaires, ou tout au moins, de s’engager d’avance à approuver une enveloppe minimale pour la défense.

KOULANOU : FINANCES ET ADMINISTRATION DES TERRES

Benyamin Netanyahou aura du mal à satisfaire à toutes les exigences présentées par Moshé Kahlon. Celui-ci s’est déjà vu accorder le poste de ministre des Finances, mais il ne veut pas s’en contenter ; il réclame aussi le ministère du Logement et celui de l’Environnement. Ayant axé sa campagne sur des réformes dans le secteur du logement, il réclame aussi le contrôle de l’Administration des Terres de l’État qui dépend du ministère de l’Intérieur. Et pour s’assurer que les budgets qu’il exigera lui seront accordés, il exige aussi la présidence de la puissante commission des Finances de la Knesset.

SHASS : INTÉRIEUR

Benyamin Netanyahou aurait pu à attribuer à Koulanou les postes ministériels qu’il demande si celui-ci n’avait pas tendance à allonger ses prétentions. Le problème est que le parti du centre-droite exige un élargissement des prérogatives ministérielles, ce qui est inacceptable pour Netanyahou. C’est ainsi que le contrôle de l’Administration des Terres appartient aujourd’hui au ministère de l’Intérieur qui a déjà été attribué à Ariéh Déry du mouvement Shass ; impossible donc d’amputer l’Intérieur au profit des Finances, sans se voir apposer un refus de non-recevoir du chef de file de Shass, Ariéh Déry.

JUDAÏSME DE LA TORAH : SANTÉ ET COMMISSION DES FINANCES

L’autre liste ultraorthodoxe, le Judaïsme de la Torah, exige de reprendre la présidence de la commission des Finances de la Knesset ; c’est la seule façon pour les ultraorthodoxes de contrôler la distribution des finances publiques. Moshé Gafni qui espère retrouver le poste qu’il a déjà occupé de 2009 à 2013, pourra s’assurer de l’augmentation des subventions aux institutions religieuses ainsi que du relèvement des allocations familiales taillées par Yaïr Lapid, l’ex-ministre des Finances du parti laïc Yesh Atid. De même, le député orthodoxe Yaacov Litsman voudrait bien retrouver son poste de vice-ministre de la Santé qu’il avait occupé durant quatre ans, avant de le céder au parti de Yaïr Lapid en 2013.

HABAIT HAYEHOUDI ET ISRAEL BEITENOU : DÉFENSE OU AFFAIRES ÉTRANGÈRES

Du côté de la droite nationaliste, les exigences ministérielles sont davantage politiques qu’économiques, même si les retombées budgétaires ne seront pas négligeables. Pour l’heure, Avigdor Lieberman (Israël Beitenou) et Naftali Bennett (Habayit Hayehoudi) se battent tous deux pour les postes de ministre de la Défense et de ministre des Affaires étrangères.

Jacques Bendelac (Jérusalem)

Source Israel Valley