jeudi 15 mai 2014

Phase décisive pour les négociations sur le nucléaire iranien


Après trois mois de réunions préparatoires, les négociations sur le nucléaire iranien sont entrées dans le vif du sujet mercredi à Vienne, les négociateurs de Téhéran et des grandes puissances ayant trois jours pour démontrer qu'ils peuvent parvenir à un accord définitif avant la date limite du 20 juillet...
 

Un porte-parole de la représentante de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui coordonne l'action des six puissances auprès de l'Iran, a indiqué que les négociateurs avaient eu une première séance de discussions "utile" mercredi matin et devaient poursuivre leurs réunions de coordination dans la journée.
"Nous espérons désormais avancer vers une nouvelle phase(...), au cours de laquelle nous commencerons à tracer les grandes lignes de ce qui sera un accord. Toutes les parties sont fortement impliquées" dans le processus, a dit le porte-parole, Michael Mann.
Pour écarter le spectre d'une nouvelle guerre au Proche-Orient brandi par Israël, le groupe P5+1 (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne et Allemagne) a deux mois pour convaincre l'Iran d'accepter de limiter son programme nucléaire et de démontrer ainsi qu'il ne cherche pas à se doter de l'arme atomique.
Téhéran veut de son côté des garanties pour en finir avec les sanctions internationales qui ont entraîné une réduction drastique de ses exportations de pétrole et durement pénalisé son économie.
Les diplomates se sont dits ces dernières semaines déterminés à parvenir à un accord tout en insistant sur les "profondes divergences" qui persistent sur les sujets clés de la capacité d'enrichissement de l'uranium ou de l'avenir des installations nucléaires iraniennes.
Mardi, un haut responsable américain a mis en garde contre tout optimisme excessif.
"Très franchement, les négociations sont très difficiles. Le fait que l'on commence à rédiger un projet d'accord ne signifie pas qu'un accord est imminent ni même que nous sommes assurés de parvenir à une solution", a-t-il déclaré.
Les grandes puissances veulent avoir l'absolue certitude que la République islamique n'aura plus les moyens de se doter rapidement de l'arme atomique s'il lui prenait l'envie de le faire - ce que dément régulièrement Téhéran.
Elles demandent pour cela à l'Iran de réduire sensiblement le nombre de centrifugeuses qui permettent d'enrichir l'uranium à une concentration suffisante pour un usage militaire.
 
"GRAND MARCHANDAGE"

Téhéran a installé environ 10.000 de ces appareils, un nombre que les Occidentaux voudraient voir réduit à quelques milliers. Mais les négociateurs iraniens n'ont jusqu'à présent pas voulu en entendre parler.
Les capacités de recherche de la République islamique et la quantité d'uranium enrichi qu'elle sera autorisée à stocker font aussi l'objet de négociations acharnées.
Des diplomates ont déclaré que des progrès avaient été réalisés au cours des trois sessions de pourparlers organisées depuis le mois de février, particulièrement sur un des sujets les plus sensibles, celui du réacteur en cours de construction à Arak.
Les Occidentaux craignent qu'une fois opérationnel, le réacteur à eau lourde ne produise une quantité de plutonium suffisante pour déclencher l'explosion d'une charge nucléaire.
Téhéran assure de son côté que ce réacteur, d'une puissance projetée de 40 mégawatts, est conçu pour produire des isotopes destinés à la lutte contre le cancer et à d'autres traitements médicaux.
Le gouvernement iranien, qui a accepté de suspendre les travaux conformément à l'accord intérimaire conclu le 24 novembre dernier à Genève, s'est toutefois dit disposé à en modifier la structure.
Les négociateurs des grandes puissances disent ne se faire aucune illusion sur le fait qu'il faudra négocier jusqu'à la dernière minute et que si un terrain d'entente est trouvé, ce sera au forceps.
"Les chiffres ne viendront sur la table qu'à la toute fin. Cela fera partie du grand marchandage", insiste un diplomate du P5+1 en soulignant que "tous les éléments sont interdépendants" et qu'il n'est donc pas possible de sceller un accord sur un point sans avoir réglé les autres.

Source Le Nouvel Observateur