mardi 13 mai 2014

Marc Schneier, le rabbin américain qui a convaincu Mahmoud Abbas de condamner la Shoah


Mobiliser des musulmans pour combattre l'antisémitisme teinté de négationnisme, et des juifs pour lutter contre l'islamophobie. Telle est la délicate mission que s'est assignée le rabbin américain Marc Schneier, président et initiateur de la Fondation pour la compréhension ethnique (FFEU). Une organisation basée à New York qui fête cette année son 25e anniversaire. Il y a quinze jours, lors d'un voyage dans les Territoire palestiniens, le rabbin Schneier s'est entretenu avec Mahmoud Abbas pour lui suggérer de condamner publiquement le génocide juif et a pu apprécier dans la foulée l'influence de son discours...



 Le rabbin Marc Schneier (à gauche) en compagnie de Mahmoud Abbas. (Photo : D.R.)
 Dimanche 27 avril, veille du jour où Israël commémore officiellement la Shoah, le président de l'Autorité palestinienne a en effet diffusé une déclaration en arabe et en anglais, qualifiant l'Holocauste de « crime le plus odieux qui soit survenu contre l'humanité pendant l'ère moderne ». Cette condamnation sans précédent du génocide juif a certes permis au secrétaire général de l'OLP, l'Organisation de libération de la Palestine, de contredire ses détracteurs. Suite à la publication en 1983 d'une thèse de doctorat dans laquelle il mettait en doute le nombre de victimes de la Shoah, Mahmoud Abbas s'était fait accuser de négationnisme. Il avait depuis nié remettre en cause l'ampleur des atrocités nazies.


L'un des 50 rabbins américains les plus influents

La déclaration officielle d'Abbas n'en demeure pas moins totalement inédite pour un leader palestinien. « Il a tenu des propos sincères et authentiques, a estimé le rabbin Marc Schneier. J'espère que cette déclaration encouragera d'autres musulmans et d'autres Arabes à reconnaître les horreurs de l'Holocauste ». Appartenant au courant orthodoxe moderne, le rabbin Schneier, 54 ans, a officié à la tête de la synagogue de Long Island. En 2007, il organise le premier sommet des rabbins et des imams à New York, avec l'aide de l'imam d'origine indonésienne Shamsi Ali - une figure de l'islam modéré, avec lequel il a co-signé un ouvrage financé par le roi du Maroc, Mohammed VI.

Figurant sur la liste des 50 rabbins américains les plus influents du magazine Newsweek, le rabbin Schneier estime que le dialogue inter-religieux commence à porter ses fruits. Notamment en Europe où il s'est engagé dans les combats des communautés juives et musulmanes pour défendre la circoncision et l'abattage rituel. « Lors d'une récente commémoration de l'Holocauste, des musulmans de France, mais également l'ambassadeur de Bahreïn, ont pris part à l'événement », a fait valoir le rabbin américain. La Fondation pour la compréhension ethnique a notamment lancé en 2009 une initiative originale afin de jumeler des synagogues et des mosquées. Un événement annuel qui s'est soldé en 2013 par cent jumelages répartis dans 30 pays et sur quatre continents.


Source Fait religieux