lundi 25 novembre 2013

« Sceptique », Ottawa maintient ses sanctions contre l'Iran


Alors que les six grandes puissances négociatrices se réjouissent de l'accord conclu avec l'Iran sur son programme Iranien, le Canada réagit avec prudence, refusant de lever ses sanctions économiques pour l'instant. « Nous allons évaluer l'entente non seulement en fonction de sa valeur propre, mais aussi, et surtout, en fonction de la possibilité d'en vérifier la mise en œuvre et la condition de se voir accorder un accès sans entrave à toutes les installations nucléaires de l'Iran. D'ici là, le Canada continuera d'imposer des sanctions sévères », a déclaré le ministre fédéral des Affaires étrangères, John Baird ( voir photo ) en conférence de presse dimanche. 



« Nous sommes profondément sceptiques à l'égard de cet accord, de l'Iran, et de sa capacité à honorer ses engagements. » — John Baird
« Nous croyons que les actions passées sont de bons indicateurs des actions futures. L'Iran a défié le Conseil de sécurité des Nations unies, a défié l'Agence internationale de l'énergie atomique. L'Iran n'a pas acquis le droit au bénéfice du doute », affirme M. Baird. 
Selon lui, c'est l'efficacité des sanctions économique qui a forcé l'Iran à s'ouvrir à la négociation : « C'est pourquoi le Canada maintiendra ses sanctions. »
Après plus de quatre jours de négociations, l'Allemagne, la Chine, les États-Unis, la France, le Royaume-Uni et la Russie sont parvenus dimanche matin à obtenir de la République islamique d'Iran qu'elle réduise l'ampleur de son programme nucléaire. En échange, les sanctions économiques qui lui sont imposées depuis plusieurs années seront allégées.
Le ministre canadien des Affaires étrangères John Baird en conférence de presse à Ottawa


Une « erreur historique », selon Israël

 Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, n'a pas perdu de temps à dénoncer l'entente, qu'il a qualifiée d'« erreur historique ». Selon lui, Israël n'est pas tenu par cet accord.
« Le régime iranien est voué à la destruction d'Israël et Israël a le droit et le devoir de se défendre face aux menaces. » — Benyamin Nétanyahou, premier ministre israélien
 Sceptique, le président israélien, Shimon Peres, a quant à lui affirmé que l'accord devra être jugé « sur les résultats et non sur les mots », ajoutant que « si la voie diplomatique échoue, l'option nucléaire sera bloquée par d'autres moyens ».
Le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a cependant qualifié l'accord de « victoire diplomatique la plus importante » de l'Iran depuis la révolution islamique de 1979, tout en rappelant que l'entente devra être examinée attentivement.
Washington a déjà prévenu que l'allègement des sanctions prendrait fin dans six mois et que les États-Unis « augmenteraient la pression » si l'Iran ne respecte pas ses engagements.
Le président américain, Barack Obama, a tenté de rassurer M. Nétanyahou dimanche, en lui expliquant qu'il souhaitait tenir des consultations avec Israël au sujet du dossier nucléaire iranien. 
M. Obama a parlé par téléphone à M. Nétanyahou avant de s'envoler vers la côte ouest pour participer à un évènement organisé par son parti, a expliqué Josh Earnest, un porte-parole de la Maison-Blanche. « Le président a dit au premier ministre qu'il voulait que les États-Unis et Israël commencent des consultations immédiatement au sujet de nos efforts pour négocier une solution complète », a dit M. Earnest. « Le président a souligné que les États-Unis s'engageraient fermement auprès d'Israël, qui a de bonnes raisons d'être sceptique quant aux intentions de l'Iran », a-t-il rajouté.


Tensions confessionnelles

 De tous les pays du Golfe persique, seuls les Émirats arabes unis ont réagi à l'annonce dimanche, espérant que l'entente favorise la « stabilité de la région ».
L'Arabie saoudite et les autres monarchies pétrolières n'ont toutefois pas émis d'opinion officielle, un silence que les analystes de la région considèrent comme lourd de sens.
« [Le président Obama] n'est plus intéressée par les problèmes de la région [...] », croit Jamal Khaskoggi, chef de l'Institut du Moyen-Orient pour les études stratégiques. Ce désintérêt pourrait être lié au fait qu'en 2015, les États-Unis deviendront le premier producteur de pétrole au monde.
Bien que le secrétaire d'État américain John Kerry estime que l'entente rendra plus sûre la situation des alliés des Américains au Proche-Orient, le président Barack Obama a néanmoins tenu à les rassurer, dimanche. Israël et les partenaires des Américains dans le Golfe « ont de bonnes raisons d'être sceptiques vis-à-vis des intentions de l'Iran », a-t-il rappelé.
Or, Israël et les pays arabes du Golfe ne s'inquiètent pas forcément pour les mêmes raisons, explique Jamal Khashoggi. Pour l'État hébreu, la principale menace vient du danger nucléaire, alors que pour les pays du Golfe, elle vient des tensions confessionnelles entre sunnites et chiites.
Tous les pays arabes de la région, sauf la Syrie et l'Irak, sont dirigés par des musulmans sunnites et n'ont jamais caché leur méfiance à l'égard de l'Iran, dirigée par un État chiite. L'Iraq et la Syrie, deux alliés de l'Iran, ont d'ailleurs accueilli l'accord.

Source Radio Canada