Le fameux réchauffement climatique de ces dernières décades est principalement attribué aux quantités de gaz carbonique (CO2) émises par les activités humaines. À eux seuls, l’industrie et les transports représentent 60% des ces émissions. Des millions de dollars sont dépensés chaque année par les géants industriels de ce monde pour découvrir le Graal : répondre à la consommation planétaire sans émettre ce fameux gaz. NewCO2Fuel (NCF), une start-up Israélienne, a fait une gigantesque avancée dans cette quête. Enquête sur une révolution déjà en marche.
Le CO2 continue de grimper
Pour faire simple, chaque fois que l’on brûle quelque chose, nous émettons du CO2. Cependant, le CO2 est nécessaire aux plantes et aux arbres, ces derniers transforment le CO2 en oxygène grâce à la lumière, d’où leurs surnoms de poumons de la planète. Aujourd’hui les quantités actuelles de CO2 sont trop importantes pour être absorbées en totalité par nos arbres. Les émissions de CO2 sont à un niveau jamais atteint dans l’histoire de l’humanité. Et ce n’est pas près de s’arrêter. En effet les émissions de CO2 accompagnent les sociétés dans leur expansion économique et industrielle, or certain pays comme la chine, connaissent une forte croissance et les données concernant leurs émissions ne sont pas connues.
Une situation économique compliquée
Les ressources fossiles naturelles s’amenuisent peu à peu. Il est vrai que l’on découvre régulièrement de nouveau gisement ici et là, ou de nouveau moyen d’extraire le précieux or noir, mais cela va toujours dans la direction de l’augmentation des coûts, et l’énergie devient de plus en plus chère. Les pays sans ressources sur leurs propres sols sont dépendants du prix du pétrole ainsi que du bon vouloir des politiques des pays producteurs. Des efforts et des moyens colossaux sont employés pour produire toujours plus de « bio-pétrole », c’est à dire du pétrole produit à partir de biomasse (plantes et autres). Mais à l’heure d’aujourd’hui, les procédés sont loin d’être rentables à échelle industrielle et sont demandeurs en huiles nécessaires à la consommation alimentaire de la planète, comme l’huile de soja par exemple. Aujourd’hui, seul 7% des combustibles pour le transport provient de procédés dits « Bio ».
2 voies s’offrent au genre humain pour conserver l’écosystème dans lequel il vit : diminuer sa demande global en énergie ou trouver un moyen technologique d’émettre moins de CO2. Vu la démographie mondiale actuelle, et les attentes des populations des pays dits « émergeants », une réduction de la demande en énergie semble utopique. La science reste le recours à privilégier dans un premier temps : il faut trouver le moyen de réduire les émissions de CO2 dans l’atmosphère.
Comment réduire la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère ?
La question n’est pas nouvelle. En simplifiant un peu, il y a 2 principales options :
- le CO2 est stocké dans les sous-sols, mais à l’heure actuelle, on connaît mal les impacts environnementaux à long terme de telles pratiques
- le CO2 est transformé en produit ou énergie réutilisable
Cette dernière solution est évidemment la plus prometteuse si elle ne nécessite pas encore plus d’énergie fossile pour effectuer la transformation. De nombreuses recherches sur le sujet sont actuellement en cours, utilisant des catalyseurs dans des processus chimiques compliqués.
Une idée un peu folle
Les industries demandeuses en énergies fossiles, comme la production d’électricité, de métaux, de ciment, ou la production de fuels à partir de charbon gazéifiés, produisent des quantités gigantesques de CO2 et perdent beaucoup de chaleur (ou d’énergie) en chemin.
En 2005, Prof. Jacob Karni de l’Institut Weizmann à Rehovot a eu l’idée un peu folle de transformer le CO2 produit par ces industries en combustibles, seulement en utilisant l’énergie perdue par l’usine, de l’eau et l’énergie solaire !!
Les Erdy, un brillant entrepreneur et visionnaire Australien, a tout de suite vu le potentiel de cette technologie dans le fait que cela pourrait amener la paix dans le monde en faisant en sorte que chaque pays produise son propre pétrole. Dr Erdy, avec la participation de Greenearth Energy , spécialisé dans les énergies renouvelables, a pourvu aux besoins financiers pour démarrer la Start-Up.
Comment ça marche ?
La technologie avant-gardiste de NewCO2Fuel consiste à faire passer de l’eau et du CO2 à travers une membrane sous très hautes températures. Cette membrane, alimentée par un courant électrique, transforme le CO2 en syngas (gaz synthétique constitué de CO et de H2) à partir duquel il est facile de produire du diesel ou de l’électricité. En effet, à de telles températures, les molécules de CO2 et d’eau (H2O) sont dissociées en H2, CO et O2 au contact de la membrane. Cette transformation s’effectue autour de 900 degrés Celsius. Le rendement serait meilleur à plus haute température mais les matériaux pour fabriquer le réacteur (dans lequel se trouve la membrane) couteraient bien trop cher. Mais d’un autre coté, si la température du réacteur baisse, il faudra augmenter la quantité d’électricité dans la membrane pour que la magie opère. L’électricité nécessaire est elle-même produite par la chaleur régnant dans le réacteur.
Le système est complètement autonome en énergie, transformant le CO2 et l’eau en combustible, et en n’utilisant que l’énergie perdue par l’usine et/ou l’énergie solaire. Evidemment, les ingénieurs de NewCO2Fuel travaillent sur différents schémas afin d’adapter le système à différents types d’usines.
NewCO2Fuel développe cette technologie révolutionnaire en étroite collaboration avec l’institut des Sciences de Weizmann. En laboratoire, la technologie NewCO2Fuel fonctionne à merveille. Afin de passer à la vitesse supérieure, l’équipe de NewCO2Fuel, composée de 5 docteurs et 10 ingénieurs, termine actuellement un réacteur à taille réduite, construit au 12eme étage dans les labos dans l’Institut Weizmannn. Afin de générer l’énergie nécessaire au réacteur, des miroirs ont été installés en face et au pied de la tour Weizmann pour renvoyer la lumière du soleil depuis le sol directement vers la fenêtre du laboratoire. Ce faisceau est ensuite condensé et utilisé pour atteindre les 1000 degrés requis dans le réacteur. Les tests démarreront le mois prochain.
Cette technologie est protégée par 6 brevets partiellement détenus par l’Institut Weizmann et pour lesquels NewCO2Fuel détient l’exclusivité mondiale concernant son utilisation. Le premier brevet a déjà été approuvé aux States et en Chine. Les demandes de brevets dans 6 autres pays sont en cours de validation. Le ministère de l’énergie Israélien a accordé une bourse de $600,000 USD dans ce projet, auxquels s’ajoutent les 9 millions de dollars provenant des différents investisseurs.
La production à grande échelle de combustibles à partir de CO2, d’eau et d’énergie solaire est attendue pour 2018.
Source SiliconWadi