mardi 23 avril 2013

L'attaque du convoi 20



Alors que le ghetto se soulevait à Varsovie, le 19 Avril 1943, trois jeunes garçons, résistants belges, attaquaient un train. Le convoi transportait 1631 déportés juifs du camp de transit de Malines vers Auschwitz, au nombre desquels 262 enfants. Ce soir du 19 Avril, le convoi qui quitte la caserne, le convoi n°20, est le premier qui embarque ses prisonniers dans des wagons à bestiaux hermétiquement clos, dont même les petites fenêtres ont été bloquées par des barbelés.

Auparavant, les trajets s'étaient toujours fait dans des voitures à voyageurs de troisième classe – l'évasion était alors théoriquement possible par les fenêtres.
La composition en elle-même de ce convoi en fait un convoi particulier. Y figure en effet le plus jeune bébé qui sera déporté de Belgique à Auschwitz, Suzanne Kaminski, née le11 mars 1943 (alors âgée de 39 jours) mais aussi le doyen des déportés de Malines, Jacob Blom, né le 7 août 1842.
Un wagon supplémentaire a été ajouté avec dix-huit hommes et une femme : le Sonderwagen, dans lequel sont regroupés des résistants et les "évadés" de précédents convois.
Leur rassemblement ne doit rien au hasard. Eva Fastag, au camp de regroupement de Malines, a "trafiqué" les listes pour qu'il en soit ainsi.
Dans un virage, entre Malines et Louvain, trois partisans, armés d'un seul pistolet, de sept cartouches et d'une pince solitaire, parviennent à faire immobiliser le train en déposant sur la voie une lampe-tempête recouverte d'un papier rouge.

Une fois le train arrêté, la Schutzpolizei, postée en tête du train et à l'arrière, ouvre le feu.
Malgré la fusillade, les trois hommes parviennent à ouvrir un à un plusieurs wagons dont s'échappent les déportés.

Les résistants prisonniers du wagon de queue, eux, n'ont pas attendu.
Dès le départ du train, ils avaient commencé à utiliser des outils qu'ils avaient cachés dans la paille, et six à sept d'entre eux réussirent à sauter du train encore en marche.

Cette action héroïque a été secondée par la conduite courageuse et risquée du machiniste Albert Dumon. Le cheminot qui a immédiatement compris ce qui se tramait, a tout fait pour ralentir le convoi, appliquant à la lettre la réglementation ferroviaire malgré l'ordre des Allemands qui lui demandaient de "foncer"…
Cette attitude, refuser de conduire un train de déportés, qui aurait pu lui valoir une exécution immédiate, a permis à de très nombreux passagers de sauter du train sans se rompre le cou.

Malheureusement, la nuit était claire, facilitant les tirs des Allemands.
Le convoi n°20 est tout de même arrivé à Auschwitz le 22 Avril avec 1.031 déportés à son bord. Seuls 521 d'entre eux ont reçu des numéros d'identification, ce qui signifie que le reste a probablement été envoyé à une mort immédiate.
De ce nombre, 150 sont connus pour avoir survécu à la guerre.

Du convoi lui-même, 231 personnes purent prendre la fuite, 23 furent tuées et 95 furent reprises par la suite et déportées à Auschwitz.
Ce sont tout de même 113 personnes qui échappèrent à la mort.
Le plus jeune est un enfant de onze ans, Simon Gronowski.

Quand le train a ralenti, sa mère l'a aidé à sauter du marchepied.
Il voulait attendre qu'elle saute à son tour mais les gardes allemands tiraient alors il s'est mis à courir. Il est entré dans une forêt et a marché toute la nuit.

Arrivé dans le village de Berlingen, la première porte à laquelle il a frappé était celle d'une famille qui s'est empressée de le remettre à un agent de police belge… qui lui a trouvé un refuge sûr à Bruxelles.
Il n'a jamais revu sa mère ni sa sœur et son père est décédé en Juillet 1945.
Devenu un brillant avocat, il a publié ses souvenirs sous le titre "L'enfant du 20e convoi", avec une adaptation pour les enfants de primaire, "Simon, le petit évadé.

Des trois membres du commando, Youra Livchitz, "Georges" dans la Résistance, un jeune médecin qui a mis au point l'attaque, a été arrêté sur dénonciation et fusillé en février 1944.
Jean Franklemon et Robert Maistriau, eux, survécurent à la guerre.
L'attaque du convoi n°20 est l'une des actions de sauvetage les plus importantes tentées au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Un épisode similaire s'est déroulé en Pologne un mois plus tard, jour pour jour, dans la nuit du 19 au 20 mai 1943 ; il conduira à la libération de 49 déportés


Source Israel Infos