lundi 8 avril 2013

Cérémonie des justes : la famille Laplace honorée




SOISSONS (Aisne). Lise Gal-El a fait le déplacement depuis Israël pour participer à la remise de la médaille des Justes, à la famille de Soissonnais qui a veillé sur elle pendant la guerre.
Le 16 juillet 1942, une commerçante de la rue des Cordeliers, de confession juive, confie sa fille Lise, 6 ans, à une famille soissonnaise. Le lendemain, elle sera arrêtée et ne reviendra jamais.

L'enfant est recueillie au domicile de sa nourrice Annunciata Laplace, et son mari Robert. Ils veilleront sur elle, au péril de leur vie et de celle de leurs proches, jusqu'au retour du papa, parti combattre au côté des Alliés. Le couple, aujourd'hui disparu, a reçu hier lors d'une cérémonie en mairie, la médaille des Justes parmi les Nations, à titre posthume. C'est leur fils aîné, Jean, qui a reçu la distinction au nom de ses parents et sa grand-mère.
Lise Gal-El, née Ehrenkrantz, aujourd'hui âgée de 77 ans et demeurant en Israël, avait fait le déplacement tout exprès pour ce moment. « C'est la réalisation du plus cher de mes vœux, a-t-elle confié, très émue. Je peux partir en paix maintenant… Mais bien sûr pas tout de suite ! » Elle a rendu hommage à Nono (Robert), Nana (Giovanna, la grand-mère) et à Néné, Annunciata, « que j'adorais par-dessus tout ». Elle avait un petit nom pour chacun ; elle, tout le monde l'appelait Lisette ou « la rouquine ». Elle l'est toujours…
Il arrivait qu'en pleine nuit, Lise se réveille enveloppée dans une couverture dans les bras d'Annunciata, partie la cacher en catastrophe. « C'est comme ça que je me suis retrouvée pendant quinze jours dans une ferme », sourit-elle. Annunciata Laplace, née Lavetti, était une résistante, connue pour sa générosité. « Aujourd'hui encore, j'inculque les valeurs qu'elle m'a transmises à mes enfants et mes petits-enfants. Chez moi, leur portrait est accroché à côté de celui de mes parents. » Chaque année, elle leur envoyait d'Israël une lettre. A la mort d'Annunciata, Lise a porté le deuil pendant un mois. « Je ne l'ai jamais oubliée, elle fait partie de moi. »
Pendant ces années sans école, Nana lui a appris à lire, Jean lui achetait des livres. Ce qui lui a permis de sauter une classe en 1945. Chacun rivalisait de petites attentions pour cette enfant privée de ses parents. « Mes frères [les quatre garçons de Robert et Annunciata] me confiaient leur ration de sucre, les filles tricotaient des vêtements pour ma poupée », se souvient-elle.
« Mes parents la considéraient comme leur fille, a témoigné Jean, hier. C'étaient des moments difficiles. Je suis content que tu sois là… » Le maire, Patrick Day, rappela que 13 000 personnes dont 4 000 enfants furent arrêtés ces 16 et 17 juillet, lors de la rafle du Vel-d'Hiv. Aucun enfant n'en reviendra.

Source L'Ardennais