mardi 18 juin 2019

Sharon Eyal....OCD Love et Chapter 2, le cycle paradoxal de l’amour


Sharon Eyal est repartie en tournée avec sa compagnie L.E.V pour la reprise d’OCD Love et Chapter 2, un diptyque créé en 2016 et 2017 et que la chorégraphe israélienne considère comme son acte de naissance artistique. Une variations hypnotiques sur l’amour dans le champ des émotions contradictoires loin de toute tentation romantique. Ces deux pièces pour six interprètes ont déjà fait  le tour du monde et ont donné un nouvel écho aux créations de Sharon Eyal......Détails........



OCD Love, que Sharon Eyal considère comme sa première vraie création, marque l’ancrage d’une collaboration avec son compagnon, l’artiste multimédia Gai Behar, et le DJ et musicien percussionniste Ori Lichtik. Ce trio signe désormais toutes les créations de la compagnie L.E.V basée à Tel-Aviv, mais aussi pour les autres troupes. 
Sharon Eyal a ainsi noué une relation privilégiée avec notamment le Ballet de Suède, plus récemment avec le Staatsballett de Berlin qui a mis à son répertoire Half Life et qui proposera la saison prochaine une création qu’elle signera avec ses comparses. 
Et l'on comprend à revoir OCD Love et Chapter 2 que des compagnies classiques aient envie d’explorer le style et l’univers de Sharon Eyal. 
S’y développe en effet une écriture singulière fondée sur une technique exigeante qui trouve son origine à la Batsheva où la chorégraphe dansa de 1990 à 2008.
OCD Love doit son titre au poète Neil Hilborn, OCD désignant en anglais des troubles obsessionnels compulsifs, les tocs. Son texte, qui évoque les difficultés qu’entraine cette névrose dans une relation amoureuse, a nourri le travail de Sharon Eyal. 
La chorégraphe ne nous entraine ainsi pas vers une vision idyllique de l’amour, mais plutôt vers ses complexités relationnelles. 
Cette vision apparaît dès la première image où une danseuse seule sur scène semble enfermée sur le plateau, plongé dans l’obscurité. On ne la perçoit que par un faible faisceau lumineux. 
Puis ce corps se détend, s’étire, occupe l’espace. Bientôt rejointe par un danseur sans pour autant qu’il y ait interaction. 
C’est cette image puissante qui émerge d’OCD Love, celle d’une immense solitude où chacun joue sa partition intérieure. Les trois danseuses et les trois danseurs sont ensuite constamment en mouvement mais en équilibre instable, un pied sur demi-pointe. 
Ce sont les bras qui le plus souvent assurent cet équilibre. Les interprètes de L.E.V. sont remarquables de précision pour déployer cette transe durant près d’une heure.
On retrouve une structure voisine dans Love Chapter 2 dans une version paroxystique : il n’y a plus là qu’une seule phrase chorégraphique ininterrompue et l'on plonge davantage encore dans cette carte troublée des TOC. 
L’amour revendiqué dans le titre de la pièce semble ici un exercice bien solitaire, presque onaniste. 
L’angoisse traverse du début à la fin Love Chapter 2 avec ces mêmes déséquilibres, ces marches et ces rondes sur demi-pointe. Il y a chez Sharon Eyal un langage stylistique qui s’écrit en écho de la technique Gaga apprise chez Ohad Naharin, mais s’enrichit aussi d’autres influences d’où émerge la grammaire de la danse classique. 
La musique composée par Ori Lichtik et interprétée en direct développe des rythmes sophistiqués et des sons qui ne se contentent pas de la planète techno mais empruntent à la musique concrète avec la présence très forte des cordes.
Quelle sera l’étape suivante ? 
La beauté hypnotique de ces deux pièces les inscrit dans la durée et en font déjà des œuvres de répertoire. 
Le cycle va-t-il se poursuivre pour offrir un troisième chapitre ? Peut-être, peut-être pas ! 
Mais l'on attend quoi qu’il en soit une suite, une autre création et de voir aussi Sharon Eyal partager son art avec d’autres compagnies, pourquoi pas françaises!    

Source Danses avec la plume
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