Comme tous les citoyens et citoyennes d'Israël de 18 ans, Aya doit intégrer l'armée pour faire son service militaire pendant deux ans. Dans cet album autobiographique, l'autrice raconte par de courtes saynètes cet épisode de sa vie, entre douceur et amertume, offrant ainsi le témoignage rare d'un univers méconnu........Détails.......
On n’est pas sérieux quand on a 18 ans... En tout cas, Aya Talshir est bien loin de se sentir concernée par Tsahal, l’armée d’Israël. Elle tient à son confort et, à l’armée, c’est un concept qu’il faut un peu oublier...
D’abord, à l’instruction, au camp d’entraînement. Aya nous fait découvrir les problématiques triviales du quotidien : manger, se laver, aller aux toilettes... Chacun de ces actes peut devenir une épreuve où la ruse permet d’améliorer le quotidien.
Aya fait des rencontres, elle expérimente la sororité et la cruauté dont les jeunes adultes peuvent parfois faire preuve.
Des jeunes de 18 ans sont sous les ordres des jeunes de 19 ans qui, eux même, sont sous les ordres des jeunes de 20 ans.
Après six mois de formation, Aya rejoint l’armée, la vraie. Mais elle ne se bat pas sur le front : elle est envoyée dans une base lointaine, à des kilomètres de chez elle, à son grand désespoir.
Nous avons ici un témoignage exceptionnel sur une armée à l’image flatteuse : les récits de l’intérieur y sont rares, d’autant plus lorsqu’il s’agit du point de vue des femmes.
Aya Talshir nous immerge dans cette institution très respectée par les citoyens israéliens, en nous offrant la vision d’une jeune femme critique face à l’utilité du service militaire du pays. Dès la deuxième page, elle annonce qu’elle n’a jamais fantasmé sur la fonction de militaire pour l’effort de sécurité et qu’elle considérait qu’il y avait trop de soldats pour peu de tâches, même dans les services les plus réputés qu’elle a pu intégrer.
À la fin de l’ouvrage, l’autrice souligne la facilité d’enrôler des jeunes de 18 ans, ignorants, influençables, craignant l’autorité, se positionnant clairement sur la vacuité de certaines missions et l’instrumentalisation dont les jeunes appelés sont l’objet.
Les planches en noir et blanc d’Aya Talshir sont à son image : elles ne manquent pas de caractère.
Les traits sont assurés et précis. Chaque personnage est croqué avec justesse, les détails les moins ragoûtants nous sautent au visage. L’autrice dessine sans agressivité, mais non sans une tendresse paradoxalement un peu violente, toujours entre humour et abattement. Un univers original, plein de sensibilité, qu’on prend plaisir à découvrir.
Aya Talshir est une jeune illustratrice et peintre israélienne. Après ses deux ans de service militaire (de 2012 à 2014), elle intègre l’Académie Bezalel, l’école nationale des beaux-arts d’Israël, dont elle sort diplômée en 2018. Deux ans dans les rangs est sa première BD traduite en français.
Décidément, Cambourakis publie souvent des ouvrages singuliers et essentiels. "Deux ans dans les rangs" est un ouvrage à garder, un document qui met en lumière une réalité peu abordée dans les médias.
À ce titre, Aya Talshir, pleine de courage et de conviction, mérite d’être connue et suivie. Chose qu’on ne manquera pas de faire sur ActuaBD.com.
Source BD Actu
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