vendredi 11 février 2022

Acculé, Biden espère un accord avec l'Iran mais s'expose à de vives critiques


Dans le dossier du nucléaire iranien, Joe Biden est pris en étau: il mise tout sur un succès des négociations avec Téhéran, tant les autres options sont risquées pour lui, mais il sait aussi qu'il s'expose à une fronde renouvelée aux États-Unis......Détails.......

Longtemps, le sujet avait été comme mis en sourdine, à la faveur de l'impasse des tractations indirectes qui se déroulent depuis dix mois à Vienne -- l'espoir initial du président américain d'une entente rapide pour ressusciter l'accord de 2015 s'étant dissipé.
Soudain, toutefois, le « JCPOA », cet accord censé empêcher de l'Iran de se doter de la bombe atomique, fait de nouveau irruption dans le débat américain.
Car le dénouement des pourparlers est proche: soit le texte, moribond depuis que Washington l'a quitté en rétablissant ses sanctions sous la présidence de Donald Trump en 2018, est sauvé dans les toutes prochaines semaines, soit c'est l'échec de la diplomatie et le saut dans l'inconnu.
Les deux camps, celui qui défend cet accord comme le seul capable d'éviter un Iran nucléaire et celui qui le trouve insuffisant et donc dangereux, ont donc recommencé à donner de la voix.
L'audition mercredi, dans le huis clos du Sénat, du négociateur américain Rob Malley a cristallisé le débat.

« Troublant et choquant »

« Troublant et choquant », a lâché à des journalistes le sénateur démocrate Chris Murphy en sortant de cet échange qui a confirmé le constat des experts: l'Iran, à force de déroger à ses engagements en riposte aux sanctions, n'est plus qu'à une poignée de semaines d'avoir suffisamment de matière fissile pour une arme nucléaire.
Ce « breakout time » est une donnée-clé du débat -- même s'il y a ensuite plusieurs autres étapes pour fabriquer la bombe à proprement parler.
Chris Murphy, comme la plupart des démocrates, soutient la ligne de Joe Biden, qui veut raviver l'accord en estimant que la « pression maximale » de l'ère Trump pour en arracher un meilleur a été contreproductive.
Mais d'autres dans le camp présidentiel affichent leurs réserves.
« C'est un moment crucial », « je sors de la réunion avec le sentiment des difficultés auxquelles nous sommes confrontés », a dit à l'AFP le président démocrate de la commission des Affaires étrangères du Sénat, Bob Menendez, qui avait mis en garde début février la Maison Blanche contre la tentation d'accepter un accord quel qu'il soit, même « mauvais ».
À droite, où l'hostilité est encore plus forte, la plupart des sénateurs républicains ont écrit au président Biden pour l'exhorter à « soumettre au Congrès » tout nouvel « accord » sur le nucléaire iranien, comme l'exige une loi dont ils menacent de se servir pour « bloquer l'application » d'un éventuel futur compromis avec Téhéran.
Le gouvernement a pour l'instant botté en touche, semblant miser sur le fait qu'il s'agira d'un retour dans un accord existant et pas d'un nouveau texte.

Boîte sans « couvercle »

Les républicains sont prêts à s'insurger dès lors que les États-Unis, en cas d'entente dans la capitale autrichienne, lèveront les sanctions économiques rétablies depuis 2018 au risque d'être accusés d'apporter une manne financière à la République islamique pour ses « activités déstabilisatrices ».
Pour Mark Dubowitz, qui dirige la Foundation for Defense of Democracies, un cercle de réflexion opposé à l'accord de 2015, les Iraniens « savent que le président Biden veut désespérément un accord ». « Donc ils tentent d'en tirer le maximum de concessions », dit à l'AFP cet expert qui plaide au contraire pour un retour de la « pression maximale ».
L'équipe démocrate au pouvoir voudrait s'ôter cette épine du pied en « remettant le programme nucléaire iranien dans une boîte », pour se concentrer sur ses priorités diplomatiques, à commencer par la compétition avec la Chine.
Le problème, aux yeux de Mark Dubowitz, c'est que « la boîte n'a pas de couvercle » et que, même s'il est sauvé, le texte sera selon lui encore plus laxiste que celui signé il y a sept ans. 
« Les Israéliens estiment que le +breakout time+ sera de quatre à six mois » dans un accord ressuscité, relève-t-il, soit « un tiers ou la moitié » de l'année prévue par le JCPOA.
La Maison Blanche assure préparer un plan B en cas d'échec diplomatique.
« Il n'y a pas de bonne option alternative », prévient toutefois Daryl Kimball, directeur exécutif de l'Arms Control Association. 
« Sans retour rapide au respect mutuel du JCPOA, il est plus que plausible, possible, et peut-être même probable » que l'Iran se retrouve « au seuil » d'avoir la bombe nucléaire, martèle-t-il.
Les partisans d'une solution négociée redoutent que cette situation provoque une escalade voire une confrontation militaire, si Israël ou Washington menait des frappes pour stopper les avancées de Téhéran.


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