Sur recommandation de la Commission consultative allemande pour la restitution des biens culturels saisis à la suite de la persécution nazie, en particulier sur les biens juifs, le tableau Frère et sœur d'Erich Heckel devrait revenir aux héritiers de Max Fischer, journaliste allemand juif ayant fui à New York en 1935.........Détails........
La Commission consultative allemande pour la restitution des biens culturels saisis à la suite de la persécution nazie, en particulier sur les biens juifs, l’a avouée elle-même, il n’est pas possible d’établir précisément si Frère et sœur (1913) d’Erich Heckel (1833-1970), peintre expressionniste allemand et membre du groupe Die Brücke, a bel et bien été confisqué par les nazis.
Elle préconise néanmoins son retour aux mains des héritiers de son ancien propriétaire, Max Fischer, un journaliste et collectionneur d’art juif dont une partie des biens a été saisie en 1941 par les nazis.
La commission a en effet estimé que la présomption de spoliation devait prévaloir, pour ne pas porter préjudice aux héritiers de Fischer.
Présomption de spoliation
L’œuvre en question appartenait à Ludwig et Rosy Fischer, les parents de Max Fischer, depuis au moins 1919, voire 1917.
Ils avaient en effet entamé une collection d’œuvres expressionnistes en 1903 et appréciaient tout particulièrement les œuvres de Die Brücke, dont faisait partie Erich Heckel.
Les enfants héritent de leurs tableaux en 1926 à la mort de Rosy, quatre ans après celle de son mari, et Frère et sœur revient à Max, l’aîné des fils Fischer. Il le conserve jusqu’en 1935 au moins, année durant laquelle il doit fuir l’Allemagne avec très peu de bagages, après avoir perdu son emploi et la majorité de ses revenus à cause des lois du Troisième Reich visant les citoyens juifs.
Ses biens sont saisis en 1941 lorsque le régime nazi lui retire sa citoyenneté.
Toutefois, nul ne sait si le tableau d’Heckel a été saisi à ce moment-là.
Fischer avait en effet fait part à la galerie Möller, qui représentait Heckel, de sa volonté de vendre le tableau en 1931, mais il lui revient en 1934, faute d’acheteur.
Du fait de la proximité entre les deux hommes et de l’intérêt manifesté par Heckel de le racheter, la Commission estime qu’il est probable qu’Heckel ait racheté son œuvre à Fischer.
Cependant, il n’est pas possible d’établir clairement l’existence de cette transaction selon la Commission.
Cette thèse n’est, pour eux, pas plus probable qu’une autre et ne devrait pas empêcher la restitution de la peinture aux héritiers de Fischer. Quoi qu’il en soit, l’œuvre semble avoir été récupérée par Heckel peu avant la fuite aux États-Unis de Fischer.
Le tableau est par la suite réapparu dans diverses expositions, parfois sous la mention « Propriété de l’auteur », parfois sous celle de « Propriété privée ». L’absence de certitude a donc conditionné le recours à la présomption de spoliation par la commission.
Une œuvre qui rappelle les portraits d’Egon Schiele
Frère et sœur représente la femme d’Erich Heckel, Milda Frieda, dite Siddi, et son petit frère.
L’œuvre, imprégnée d’expressionnisme, n’est pas sans rappeler les traits des portraits d’Egon Schiele (1890-1918), un contemporain de l’artiste. On a d’abord cru que cette peinture avait été réalisée en 1911, des analyses approfondies ont montré qu’elle date en réalité de 1913.
Après avoir perdu sa trace durant plusieurs années, elle ressurgit en 1948 lors d’une exposition à la Kunsthalle de Berne.
Elle est finalement acquise par la Staatliche Kunsthalle Karlsruhe, un musée de la Bade-Wurtenberg en Allemagne, apparemment suite à un don d’Heckel lui-même en 1967.
La recommandation de la commission devrait donc aboutir à la restitution de l’œuvre aux héritiers d’Ernst Fischer, son petit frère, devenu seul héritier de Max à sa mort en 1954.
Les Fischer ont d’ores et déjà exprimé leur souhait que la toile aille compléter les collections de leurs grands-parents détenues par le Virginia Museum of Fine Arts à Richmond.
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