Il était un peu plus de minuit, ce 5 juin 1968 à l'hôtel Ambassador de Los Angeles, lorsque s'est effondré le frère du président assassiné à Dallas, qui avait été son ministre de la Justice, qui portait à son tour les espoirs du clan Kennedy, qui venait de célébrer devant ses partisans une victoire clé : la primaire démocrate de Californie, l'État le plus peuplé........Détails........
Cela veut dire qu'avant cet assassinat, il avait de bonnes chances d'être désigné candidat de son parti à la présidentielle.
Et qui sait ce qui se serait passé, dans cette Amérique secouée par la guerre du Vietnam, par le combat pour les droits civiques et l'assassinat de Martin Luther King deux mois plus tôt, par les contestations étudiantes, et plus généralement par les espoirs de cette nouvelle génération née après la guerre ?
S'il avait battu Nixon en novembre 1968, est-ce que la guerre du Vietnam aurait pris fin plus tôt ? Est-ce que les États-Unis auraient échappé à l'ombre qu'a fait porter le Watergate sur la démocratie américaine ?
Tout cela ce sont des spéculations. C'est ce qu'on appelle l'uchronie, l'histoire fiction : qu'est-ce qui se serait passé si ? Mais je relisais tout à l'heure une déclaration de Bobby Kennedy, quelques heures avant son assassinat : il promettait de "rassembler le pays (...) car si cette division continue, nous n'aurons rien que du chaos et des ravages".
Et cette fracture qu’il décrivait n'a fait que s’accroître depuis cinquante ans. On la constate chaque jour, cette division parfois tribale de la société et de Washington, camp contre camp, qui paralyse le système politique.
Évidemment lui était issu de la haute bourgeoisie catholique de Nouvelle-Angleterre.
Mais il avait su évoluer sur certains points. Par exemple, pour que les noirs et les latinos aient les mêmes droits que les autres. Il était aussi particulièrement proche du peuple, de cette Amérique populaire (ouvriers, employés, serveurs, policiers, pompiers, routiers).
Cette Amérique qui travaille, et que le parti démocrate a depuis parfois délaissé. On l'a vu notamment lors de la dernière élection : c'est parce que Trump a réussi à parler à cette Amérique-là, et pas Clinton, qu'il l'a emporté.
Tout cela, ce ne sont que "et si" évidemment. Et Bobby Kennedy, comme son frère, n'était pas un saint. Mais il portait un message de rassemblement, d'optimisme, d'espoir, comme ensuite le républicain Reagan ou le démocrate Obama.
Alors que celui qui allait être son adversaire, Nixon, celui qu'avait battu son frère en 1960, et qui l'a finalement emporté en novembre 1968, a gagné en portant un message sombre, angoissant, en clivant, il a gouverné en divisant l'Amérique, pas en la rassemblant.
L'assassin de Bobby Kennedy s'appelle Sirhan Sirhan (photo ci-dessus).
Ce jeune Palestinien reprochait au sénateur Kennedy d'avoir soutenu Israël pendant la guerre des Six Jours.
Il avait été condamné à mort. Mais trois ans plus tard, la peine de mort a été abolie en Californie. L'homme est toujours emprisonné près de San Diego. Il a 74 ans.
Source RTL
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