dimanche 19 janvier 2014

L'UNRWA en grève : les camps de réfugiés palestiniens au bord de l'explosion


Les ordures sont entassees dans les rues, les ecoles sont fermees et il n'y a pas de soins medicaux, les employes de l'UNRWA protestent contre la clause qui exige que l'organisation n'accepte pas en son sein des gens ayant un passe criminel. Cela fait deja plus de 40 jours que la greve dure dans les camps de refugies palestiniens : les ecoles, les dispensaires, les institutions locales sont fermes, et meme les poubelles ne sont pas evacuees. L'office de secours et de travaux des Nations Unies pour les refugies palestiniens au Proche-Orient (l'UNRWA), qui est responsable des activites de toutes ces institutions a annonce une reduction de ses activites suite a des problemes economiques, et les employes de l'UNRWA, dont la majorite sont des palestiniens vivants dans des camps, ont annonce une greve generale.



L'ecole du camp de refugies de Jilazun, qui accueille 2000 enfants, a l'air sombre. Il n'y a que des restes de pneus brules et des pierres resultants des emeutes journalieres avec les habitants de Beth El et les forces de Tsahal qui protegent les habitations qui se trouvent a quelques centaines de metres de l'ecole. Les enfants a qui on a arrange des grandes vacances au milieu de l'annee scolaire sont heureux, les parents un peu moins.
Une des exigences des employes de l'UNRWA est la suppression de la clause selon laquelle les palestiniens ayant un passe criminel ne peuvent pas etre employes par l'organisation. Ils pretendent que la realite face a Israel necessite des actions qui se terminent avec des arrestations et l'ouverture de dossiers criminels. "Il n'y a pas une famille qui n'a pas un prisonnier politique qui n'ait ete dans une prison israelienne", a declare Ibrahim, habitant un camp de refugies. "L'UNRWA prefere ignorer la realite et ne regarder que la loi".
Lundi dernier, il y a eu une manifestation organisee par les habitants d'un camp de refugies palestiniens situe a cote de l'entree de Ramallah, et elle a degenere en de violents affrontements avec les policiers palestiniens. Sur place il y a eu des dizaines de blesses, dont le commandant de la police de Ramallah qui a ete blesse aux yeux.
"C'est une honte ce qu'il s'est passe la. Nos jeunes sont sortis pour faire une manifestation populaire dans le calme afin que l'Autorite Palestinienne mette la pression sur l'UNRWA et qu'elle donne raison aux grevistes. Au lieu de faire cela l'AP a envoye 50 policiers qui ont commence a frapper, ils ont tire des gaz lacrymogenes sur les enfants, et ont ouvert le feu a balles reelles", a declare Ibrahim. "Ils n'ont pas tire en l'air, les tirs etaient diriges vers les enfants afin de les faire fuir. On a eu sur place plus de dix blesses".
En reaction aux incidents du camp de refugies de Jilazun, le bureau executif des comites populaires a decide d'unir les forces des differents camps de refugies. Les responsables des comites ont fait une declaration sur la gravite de la situation dans les camps de refugies, et ont vivement critique l'AP qui ne met pas la pression sur l'UNRWA afin qu'elle accepte les exigences des grevistes et ramene les 52000 enfants a l'ecole.
"Nous exigeons d'Abu Mazen et de l'AP de mettre la pression sur l'UNRWA afin qu'elle fasse tout son possible pour mettre fin a cette greve", ont ecrit les comites, qui ont aussi appele a une manifestation generale des habitants des camps de refugies pour lundi prochain.
Les emeutes du camp de Jilazun s'ajoutent aux tensions grandissantes entre les camps de refugies et l'AP. L'operation de collecte des armes dans le camp de refugies de Jenin, puis dans celui de Schem, a recu une reaction tres violente de la part des habitants des camps. Les affrontements ont genere des tirs a balles reelles en direction des policiers palestiniens, et ces derniers ont du battre en retraite en attendant des renforts.
En reponse a cette declaration des comites et a la pression interne, hier le premier ministre palestinien Rami Hamdallah a rencontre a Ramallah les representants des comites. Jamel Lafa, le representant des comites populaires du camp de refugies de Kalendia a participe a cette rencontre, qu'il a qualifiee de positive. "Le premier ministre, le ministre de l'interieur et les commandants des forces de securite et de la police ont participe a la rencontre. Il y a eu des discussions principalement sur la facon de faire baisser la pression et pour reussir a ecouter tous les intervenants, mais aucune decision n'a ete prise", a-t-il declare. "Il a tout de meme ete decide de mettre en place une commission d'enquete sur les emeutes de Jilazun. Il y a eu la-bas une erreur faite par un des officiers qui n'a pas compris qu'elles seraient les consequences d'affrontements entre les policiers et les manifestants".
Lafa s'est exprime sur la lettre envoyee dans les camps de refugies, et a prevenu d'une eventuelle explosion : "la declaration publiee sur l'unite des camps de refugies est destinee a creer un poids consequent face aux differents responsables. La situation grave ou sont arrives les habitants des camps de refugies peut facilement passer d'un point critique a une explosion generale".
Les jeunes qui se sont entasses autour de nous participent pour la majorite d'entre-eux a "la lutte contre l'armee colonisatrice", et ont parle avec mepris de l'AP. Un de ces jeunes, qui se pretend faire partie du Front Populaire de Liberation de la Palestine a declare : "nous devons nous defendre. Qui a donne des armes a l'AP ? L'Amerique et Israel. Les affrontements qui ont eu lieu ici sont la preuve que l'AP fait ce qu'Israel veut qu'elle fasse".

Source Hhaabir-haisraeli.over-blog