Décédé en 1960, l’écrivain Albert Camus aurait eu 100 ans le 7 novembre 2013. Figure emblématique de la littérature française, il était avide de justice et de liberté. N’ayant reçu aucun hommage public en France métropolitaine, l’Institut Français de Tel-Aviv n’a pas voulu manquer l’évènement pour mettre à l’honneur ce grand homme.
L’Ambassade de France et l’Institut français d’Israël, en partenariat avec l’Université de Tel Aviv et Beit Hagefen, célèbrent le centenaire de la naissance d’Albert Camus, prix Nobel de littérature, avec un colloque exceptionnel, les 12 et 13 novembre, en présence de l’historien Benjamin Stora, et du philosophe et écrivain Abdelwahab Meddeb.
Fils d’un caviste disparu en 1914 lors de la Grande Guerre et d’une mère analphabète, Albert Camus s’est toujours décrit comme un enfant des quartiers populaires d’Alger. C’est son oncle Gustave Acault, anarchiste et franc-maçon, qui lui donnera accès à sa librairie et donc à la culture. A dix ans, il présente déjà une lucidité intellectuelle qui trouble son instituteur Louis Germain, qui le prendra sous son aile. Albert Camus restera fortement attaché à sa terre natale d’Algérie, qu’il ne quittera qu’en 1940. Quand il sera question de l’indépendance dans les années 50, il se prononcera contre, parlant de «formule purement passionnelle», même s’il dénonce la répression violente de l’Armée française.
Ces deux figures éminentes de la littérature et de la philosophie française ont entretenu une relation amicale tumultueuse, tantôt rivaux, tantôt complices. Réunis par la passion commune de la poésie et du théâtre, ils sont amenés à se retrouver autour d’une scène comme en 1944 dans Le Désir attrapé par la queue de Picasso (la troupe pléthorique est réunie sur la photographie ci-contre). Chacun traite de l’absurdité de l’existence, mais quand Jean-Paul Sartre dépeint un existentialisme pessimiste, Camus adopte une approche plus optimiste. L’histoire littéraire retient surtout les réserves adressées à propos de leurs productions respectives. Une relation proche du «Je t’aime, moi non plus», qui n’est certainement pas étrangère à l’émulation intellectuelle engendrée par leurs débats.
Organe de presse de la France résistante, de gauche et non communiste, Combat est né en 1941 dans la clandestinité. Déjà considéré comme une figure de l’intellectuel engagé, Albert Camus va rejoindre l’aventure de ce quotidien dès 1943. Faisant valoir de nombreuses expériences dans le journalisme depuis 1938, notamment aux côtés de son ami Pascal Pia, Camus va devenir le rédacteur en chef de Combat. Il signe de sa plume de nombreux éditoriaux où il préconise des orientations pour la France libre. Cependant, il développe une certaine forme de lassitude, alors que les ventes ne cessent de chuter. Il quitte son poste en juin 1947.
Reconnaissance suprême pour un écrivain, le prix Nobel de la littérature distingue à 44 ans Albert Camus, «pour l’ensemble d’une œuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant, les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes». Il rejoint au prestigieux palmarès les Rudyard Kipling, Anatole France, William Faulkner et Ernest Hemingway. Lors de son discours à l’ambassade de France de Stockholm, il tente de définir le rôle et les devoirs de l’écrivain dans la société de l’après-Guerre, «au service de la vérité et de la liberté».
Albert Camus c’est un homme de combat, journaliste, assoiffé de justice contre toute forme de totalitarisme et qui refuse les choix faciles en politique.
Albert Camus, c’est une figure mythique dans le monde entier, traduit en plus de 40 langues. Sa pensée, résister et lutter contre la mort et la misère, a fait école sur toute la planète, de l’Inde à la Chine en passant par les États-Unis. Albert Camus c’est un éternel amoureux qui a brisé le cœur de plusieurs femmes. Il était le premier homme qui a formulé avec talent l’absurdité de la vie. Albert Camus reste aujourd’hui indispensable et incontournable.
Albert Camus est né le 7 novembre 1913 à Mondovi, Algérie. Il est mort le 4 janvier 1960 sur une route d’Yonne en rentrant de Lourmarin. On trouvait dans son bagage ce roman, auquel il travaillait encore.
A propos du colloque Albert Camus en Israël:
A l’occasion du centenaire de sa naissance, et pour permettre au grand public de re-découvrir l’œuvre d’Albert Camus, deux rencontres passionnantes sont proposées. A l’université de Tel Aviv, le 12 novembre de 14h à 19h, un colloque en trois séances : 1/ Sur la pensée et l’action d’Albert Camus, 2/ Sur Camus et la guerre d’Algérie, 3/ Sur l’œuvre de Camus, toujours d’actualité, une rencontre entre Benjamin Stora, historien, spécialiste de la Guerre d’Algérie, et Abdelwahab Meddeb, écrivain et poète, fondateur et directeur de la revue « Dédale ». Participeront également au colloque Shlomo Giora Shoham, Université de Tel-Aviv, David Ohana, Université Ben Gourion, Anabel Herzog, Université de Haïfa, Denis Charbit, Open University of Israel, Ilana Hammerman, Editrice et traductrice et Cédric Cohen-Skalli, Université de Haïfa.
Olivier Rubinstein, Conseiller culturel et Directeur de l’Institut français d’Israël ouvrira ce grand colloque.
A Beit Hagefen, Haïfa, le 13 novembre à 19h, une rencontre entre Benjamin Stora et Abdelwahab Meddeb au cours de laquelle ils reprendront le thème de l’encyclopédie qu’ils ont ensemble dirigé « Histoire des relations entre juifs et musulmans des origines à nos jours » (Albin Michel).Source JerusalemPlus