mardi 1 octobre 2013

Tel-Aviv accuse Obama de complot avec Téhéran

 

Barack Obama est contraint de défendre sa politique au Moyen-Orient devant ses alliés dans la région et au congrès, écrit le mardi 1er octobre le quotidien Nezavissimaïa gazeta. Le président a rencontré lundi le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et lui a assuré qu'il jugerait Téhéran sur ses actes et non ses paroles. Obama ne renoncera pas non plus à la pression par les sanctions contre l’Iran.


La Maison blanche s'était, avant cela, entretenue avec ses partenaires-clés du monde arabe.
En parallèle le vice-président Joe Biden travaille avec le lobby pro-israélien au congrès.
Israël et les monarchies du Golfe (l'Arabie saoudite, les EAU et le Bahreïn) sont préoccupés par cet apparent rapprochement américano-iranien. Leur méfiance fait suite à la conversation téléphonique entre Obama et son homologue iranien Hassan Rohani, la première entre ces deux pays depuis 34 ans.
Le New York Times compare la situation d’Israël à celle d’une personne qui apprendrait que son meilleur ami flirte avec son ennemi juré. Un autre observateur du Moyen-Orient a comparé cet événement à la chute du mur de Berlin. Les partenaires américains craignent que Téhéran ruse et cherche à gagner du temps sous couvert de diplomatie pour développer son programme nucléaire. C'est également le sentiment du congrès américain, où le lobby pro-israélien a l'intention de s'opposer par tous les moyens à l'assouplissement des sanctions contre l’Iran.
La politique américaine vis-à-vis de la Syrie suscite la même réaction chez les acteurs qui y participent. L'Arabie saoudite soutient les rebelles sunnites en les finançant et par des livraisons d’armes : elle souhaiterait augmenter sa contribution, risquant d’entraîner inévitablement l'escalade du conflit tandis que Washington semble reconnaître le besoin d'une solution politique.
De son côté Israël tire la sonnette d'alarme : prenons l'exemple de l'arrestation d'un citoyen belge d'origine iranienne accusé d'espionnage au profit de l'Iran. Netanyahou a souligné qu'il profitait de sa rencontre avec Obama et de son discours à l'Assemblée générale des Nations unies pour démasquer cette tactique iranienne perfide. Un député israélien a ensuite comparé Obama à Neville Chamberlain, signataire des accords de Munich. Les observateurs soulignent qu'il ne s'agit pas uniquement de bombe nucléaire dans cette affaire : si les sanctions contre l'Iran étaient levées, s'il devenait plus fort économiquement et politiquement grâce à la normalisation de ses relations avec les Etats-Unis, alors de nombreux alliés des Américains se retrouveraient face à un acteur régional ayant une tout autre influence et qui pourrait prétendre à la domination dans les affaires du Moyen-Orient.
Gueorgui Mirski de l'Institut d'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO) explique pourquoi Obama est accusé d'une double trahison au Moyen-Orient. D'une part, le président américain a renoncé à attaquer la Syrie pour affaiblir le potentiel militaire d'Assad.
De plus, il refuse de fournir aux rebelles des armements lourds. Cela contribuerait à la victoire d'Assad dans la guerre civile et, par conséquent, à la victoire de l'Iran. D'autre part, Obama est accusé de tomber sciemment dans le piège iranien, de permettre à Rohani de se faire séduire par les sourires et les mots doux et d'avoir l'intention de faire pression sur le congrès pour lever les sanctions. Les alliés américains au Moyen-Orient y voient une capitulation, une trahison, et estiment qu'Obama lèvera progressivement les sanctions et permettra à l'Iran d'enrichir de l'uranium jusqu'à 90% : il sera trop tard.
D'après Michael Stephens de l'Institut RUSI (Royal United Services Institute) du Qatar, l'Arabie saoudite et d'autres monarchies du Golfe ont peu de leviers de pression sur les USA. Il s'agit du soutien des rebelles syriens, ainsi que les contrats d'armes et énergétiques.

Source Ria Novosti