Un nouveau projet a été lancé pour sauver des milliers de peintures murales, essentiellement des années 1950 et 1960, dans les bâtiments publics et dans de nombreux kibboutzim. Une grande partie de ces œuvres risque d’être détruite. Certaines ont été couvertes par des couches de peinture ou enfouies dans les décombres lorsque des bâtiments ont été démolis. D’autres sont simplement en cours de désintégrations dans des structures abandonnées.
Il y a trois semaines, le Yad Yitzhak Ben Zvi Institute a lancé un effort important de documentation de ces œuvres, célébrant le travail physique des pionniers, avant que ces peintures murales ne disparaissent complètement. La documentation a été réalisée dans un premier temps afin de décider quelles œuvres devront être préservées.
Une peinture murale restée en bon état- œuvre d’Itamar Golani, membre du Kibbutz Afikim décédé alors qu’il était parachutiste dans l’armée israélienne- d’une hauteur de cinq mètres de haut, est devenue une icône du kibboutz. Elle représente un agriculteur musclé, debout dans un champ de blé et tenant une faux. Dans son livre « Habayta » (à la maison), Asaf Inbari, lui-même natif d’Afikim, a commenté cette peinture murale « une œuvre étonnante dans son monumentalisme et sa puissance ritualisée, mystérieuse et énigmatique ». Elle a déjà été incluse dans le programme de préservation du patrimoine initié par le Bureau du Premier ministre.
« Les peintures murales, des reliefs et des décorations ont été les maîtres mots de la communauté juive du pays » a déclaré Nirit Shalev Khalifa, directrice de la documentation de l’art visuel à Yad Ben Zvi. « Des milliers d’œuvres d’art, certaines créées par des artistes de renom, constituent un précieux patrimoine culturel exprimant l’histoire de cette terre ».
Le travail d’enquête a commencé avec les peintures murales d’un artiste pratiquement inconnu ici, Sheldon Schoneberg, un touriste juif américain qui a séjourné plusieurs fois en Israël dans les années 1950. Décédé il y a neuf mois, il avait noté dans son testament, l’existence de trois fresques se trouvant ; dans la salle de sport au Kibbutz Afikim, une autre dans le centre culturel de Ma’alot Tarshiha et une troisième à un endroit qui servait de bibliothèque à l’Université de Haïfa. Ces œuvres : Afikim, et Ma’alot
Tarshiha étaient déjà connues, mais celle de Haïfa, appelé « Aliyah », ne l’était pas, bien qu’elle fut commandée en 1955 par le maire de Haïfa, Abba Khoushy.
Recouverte de couches de peinture au fil des ans il n’est pas clair aujourd’hui sur quel mur elle a été peinte. À Yad Ben Zvi, les responsables espèrent que l’enquête va générer des informations sur l’emplacement exact de la peinture murale, ainsi que sur d’autres moins connues.
Schoneberg est venu plus tard au Kibbutz Aleh Hahamisha près de Jérusalem en tant que bénévole, mais déjà, il avait acquis une expérience en peinture des fresques en Californie et au Mexique. À l’époque, les membres du kibboutz avaient décidé de décorer les murs de leur centre culturel et avaient confié à Schoneberg la réalisation de la fresque. Les membres du kibboutz Nurit Ganani, qui ont étudié l’histoire de la peinture, n’ont pas réussi à connaitre les instructions de Schoneberg sur son emplacement. La peinture murale montre cinq fondateurs du kibboutz assassinés dans la révolte arabe de 1937, ainsi qu’un autre membre, Tzila Rotenberg, qui avait été tué dans un incident séparé. Le centre culturel porte son nom.
Le conservateur Yuval Danieli, qui est impliqué dans la documentation de l’art du mouvement kibboutznik, a dit que les fresques peintes dans le pays depuis les années 1940 aux années 1970 visaient à glorifier les valeurs du sionisme et les efforts des pionniers.
Pour sa part, Esther Shalev Khalifa a noté « que les peintures murales ont requis de grandes quantités d’espace et un certain investissement que l’on voyait couramment dans des bâtiments publics, y compris les centres communautaires, les kibboutz, les salles à manger ainsi que les bâtiments de bureaux et les bâtiments du gouvernement. Chaque communauté a voulu afficher ce qu’elle avait construit et ce qui était sa vision ».
Dans un exemple notable d’échec à sauver les œuvres d’art dans le temps ; une salle à manger construite dans le nord du kibboutz Ein Hamifratz en 1954, et deux jeunes artistes, qui, plus tard, ont gagné leur renommée, Shraga Weil et Shmuel Katz, qui avaient réalisé une fresque murale pour le bâtiment, la salle à manger a été démolie pour la moderniser, et tout ce qui reste, sont des croquis de leur travail.
Source Lemondejuif.info