jeudi 3 janvier 2013

La paix israélo-égyptienne sera-t-elle victime du double langage des Frères musulmans



Les Frères musulmans égyptiens inaugure l’année 2013 avec une nouvelle démonstration de leur sport favori : le double langage. Le vice-président du parti de la Justice et de la Liberté, vitrine politique de la Confrérie, Issam Al-Aryan, a prévu "la disparition d’Israël dans 10 ans", et invité les Juifs à "retourner d’où ils sont venus pour laisser la place aux Palestiniens".

Il ne fait pas de doute que ces propos visent à caresser les Egyptiens dans le sens du poil et à ratisser large à quelques mois des législatives, au moment où les islamistes sont donnés perdants. Avec la mobilisation contre leur constitution, imposée par la force, les Frères musulmans obtiendraient entre le quart et le tiers de la prochaine Assemblée nationale, selon les projections. Al-Aryan tente ainsi de mobiliser la population, dont une grande majorité n’a jamais adhéré aux accords de paix de Camp David. Oubliant la contrepartie financière, qui octroie à l’Egypte près de deux milliards de dollars par an, depuis plus de 30 ans, les Egyptiens qualifient la paix avec Israël de « paix froide qui a remplacé la guerre froide ». C’est cette catégorie d’Egyptiens que le numéro deux des Frères musulmans vise pour préparer les élections.

A cette démagogie a succédé une nouvelle démonstration du double langage. Le porte-parole du président Mohamed Morsi qui n’est que l’ancien numéro deux des Frères (poste auquel Al-Aryan lui a succédé) a affirmé que « les propos d’Al-Aryan n’engage pas la présidence de la République ». Craignant de perdre les avantages financiers et les aides militaires américaines, au moment où le Caire traverse une véritable crise économique, le porte-parole de la présidence Yasser Ali a insisté sur « l’avis strictement personnel d’Al-Aryan, qui n’engage que lui-même ». Allant encore plus loin dans le double langage, Yasser Ali a affirmé que « même les déclarations des conseillers du président de la République n’engagent pas la présidence, qui refuse de les commenter ».

Les Frères musulmans, qui ont fait semblant de défendre la démocratie pour parvenir au pouvoir, l’utilisent surtout pour s’y maintenir. Ils viennent de confirmer aux Egyptiens qui y doutaient encore que « l’islam politique est devenu maître dans le mensonge et excelle dans la démagogie et le double langage ». Pour s’en convaincre, il suffit de savoir que l’écrivain et intellectuel saoudien éclairé Turki Al-Hamad vient d’être arrêté et emprisonné dans son pays, pour avoir osé appeler, sur sa page Twitter, à réformer l’islam et son idéologie. Turki Al-Hamad a affirmé que l’islam, à l’instar de toutes les religions, appelle à la paix et à l’amour de l’autre. Ceux qui ne portent pas l’amour dans leur cœur ne sont pas musulmans, même s’ils jeûnent et remplissent les prières et les obligations religieuses (NDLR : un tel comportement relève de l’hypocrisie). Le Prophète Mohamed est venu réformer l’idéologie de son époque, et il est temps que celle que notre Prophète bien aimé nous a laissée soit à son tour réformée. Sans détour, Turki Al-Hamad a conclu que « c’est l’institution religieuse qui a biaisé le message de paix de l’islam ».

Si l’arrestation de Turki Al-Hamad a alimenté le débat en Arabie saoudite et dans le monde musulman, et suscité la colère des intellectuels saoudiens qui préparent une pétition réclamant sa libération sans conditions, elle confirme que l’islam politique refuse de voir la réalité en face et use de toutes sortes de ruses pour réprimer, empêcher la réforme, et se maintenir au pouvoir. Comme en Arabie saoudite, il est temps que les Egyptiens se réveillent et dénoncent leur islam politique avant qu’il ne soit trop tard.


Source mediarabe.info