mercredi 21 novembre 2018

Jean-François Derec : “Ma religion, c’est l’humour juif”


L’humoriste, pilier du “Théâtre de Bouvard”, a compris sur le tard que son identité juive, cachée par ses parents, avait déterminé toute sa vie.......Interview et Vidéo........


Comment est né ce spectacle ? 
Il y a quelques années, j’avais donné une interview à Paris-Match, où il fallait raconter un moment important de sa vie. J’ai choisi de parler du jour où j’ai appris que j’étais juif. 
A ensuite germé l’idée d’en faire un livre (paru en 2007 aux éditions Denoël — NDR), puis un spectacle, dont la première version était plus proche du one-man-show.

La différence est-elle due à la mise en scène de Georges Lavaudant ? 
Il m’a obligé à sortir de ma zone de confort en m’incitant à être plus rigoureux. A faire en sorte que chaque mot soit justifié et assumé.

C’était important d’affirmer votre judéité ?
Dans les années 1930, mes parents se sont installés à Grenoble après avoir fui la Pologne, où toute leur famille fut exterminée. Beaucoup de gens pensaient que Derec était un nom breton. 
Je n’ai rien contre les Bretons, mais, vu cette histoire familiale, cela m’énervait.

Qu’avez-vous éprouvé en apprenant que vous étiez juif ?
Cela m’a permis de me raccrocher à quelque chose. Je me souviens d’une émission où une psy expliquait que les enfants de ceux qui ont échappé à la Shoah étaient souvent partagés entre l’ivresse d’être uniques et le vertige de ne ressembler à personne sur terre.

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Vous avez aussi découvert que votre vrai nom était Dereczynski…
Je réalise après coup que tout ce que j’ai fait jusqu’à présent tourne autour de l’identité. Et qu’est-ce qui la constitue ? Votre nom. 
Dans mes livres et sur scène je me suis toujours caché derrière un personnage parce que j’avais le cul entre deux chaises. 
C’est sans doute pour ça que, dans mes sketchs, j’avais pris le nom de Gérard Bouchard. Un double au patronyme éminemment grenoblois.

Vos parents ont tout fait pour occulter leurs racines…
Quand j’étais petit, je les trouvais trop « différents », j’aurais voulu qu’ils soient comme ceux de mes copains. 
Mais ils avaient un accent impossible et j’étais gêné qu’ils ne « fassent » pas assez français. Par la suite, j’ai regretté qu’ils n’aient pas revendiqué davantage leur judéité.

Que vous ont-ils transmis ? 
L’amour de la culture. A la maison, on baignait dans la musique classique et le jeudi j’allais au cinéma avec ma mère, qui m’a fait découvrir Charlie Chaplin et Laurel et Hardy. 
Ils m’ont aussi transmis deux éléments indispensables à un comique : l’humour et l’angoisse. Ma religion, c’est l’humour juif, mais cela n’a rien à voir avec les blagues, c’est une façon d’être, une philosophie.

C’est-à-dire ? 
J’ai un caractère extrêmement talmudique, qui m’incite à remettre tout en question en permanence.
C’est assez fatigant pour moi et mon entourage.

En 2017, sur le site du Huffington Post, vous aviez publié “Lettre à mon neveu, qui veut voter Front national à la présidentielle”. Selon vous, un artiste doit s’engager ?
Il doit donner son avis quand cela s’impose à lui. Sinon il doit être totalement dégagé et libre.

Le Jour où j’ai appris que j’étais juif
Mise en scène de Georges Lavaudant 
Jusqu’au 6 jan. Du mar. au sam. 21h, dim. 15h. 
Petit Montparnasse, 31, rue de la Gaîté, 14e. 
Tarifs : 10-34 €.




Source Telerama
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