Ronny Rosenthal, vous êtes plutôt discret depuis la fin de votre carrière, mais vous êtes resté actif dans le monde du football ...
Tout à fait, je suis resté actif, notamment en tant que conseiller auprès de divers clubs en Angleterre.
Ce n'est pas un rôle d'agent mais bien de consultant, car les agents manquent parfois de cette connaissance qui permet de savoir ce dont les clubs ont besoin et à quel poste.
Votre quotidien actuellement est donc en Angleterre.
Oui, nous vivons en Angleterre et revenons en Belgique quelques mois en été, du côté de Knokke. Mais je suis encore avec grand intérêt le football belge, bien sûr.
Vous observez donc l'un de vos anciens clubs, le FC Bruges, filer vers un nouveau titre de champion. Vous aviez été champion avec Bruges ; récemment, le Club semble revenu au top ...
Ce qui est capital de nos jours est d'avoir un modèle de business permettant à long terme d'acheter les meilleurs joueurs, comme Bruges le fait récemment. Le modèle est stable, évite au propriétaire de devoir mettre trop d'argent de sa poche – ça passe aussi par des ventes.
Il faut aussi trouver l'équilibre, car on a pu voir que Genk a vendu énormément de joueurs ... Mais là aussi, c'est une recherche à long terme vers un modèle financier sain et viable. Genk a fait du bon travail et est dans une bonne situation toutes choses considérées ...
L'un des joueurs les plus marquants à Bruges récemment était Lior Refaelov. Vous-même, Eli Ohana (Malines), Elyaniv Barda (Genk) et quelques autres avez connu le succès, mais il y a eu plus d'échecs que de réussites récemment venant d'Israël ...
La nationalité du joueur est une chose, ses qualités en sont une autre (rire). Je ne pense pas que parce qu'un joueur vient d'Israël, on peut déterminer ses chances de succès.
C'est au club d'analyser ça : si le club fait bien son travail d'analyse en amont, ce sera un succès, et les meilleurs clubs sont aussi ceux qui sont les meilleurs dans cet exercice de scouting. Israélien ou pas, ça ne fait pas tout ...
Mais on ne peut pas nier que le football israélien régresse, ou au moins stagne, récemment.
Ca, c'est une certitude. Et ça tient en un fait : le talent est là en Israël, mais il n'y a eu aucune amélioration sur le plan athlétique.
Fut un temps où le talent était suffisant pour percer dans le football professionnel, mais ce n'est plus le cas et nos footballeurs n'ont pas le physique, les qualités athlétiques, pour s'imposer au plus haut niveau ...
Les choses ont donc changé par rapport à votre époque à Liverpool (où Rosenthal a joué de 1990 à 1994, avant de rejoindre Tottenham jusque 97, puis Watford jusque 99, nda).
C'est incomparable ! Je ne vois pas un joueur israélien actuellement qui s'imposerait en Angleterre.
Les médias anglais me demandaient récemment si je pensais que l'équipe de 1990, la dernière à avoir été championne et dont j'ai fait partie, battrait l'équipe actuelle, qui va être championne.
Il n'y a aucune comparaison possible, c'est un tout autre football et beaucoup de pays l'ont compris, ont pris le train en marche. Pas Israël.
Vincent Kompany au duel avec Tal Ben Haïm, lors de Belgique - Israël en 2015
Comment explique-t-on ça ?
Pas par un manque d'intérêt du public, c'est le sport numéro 1. Mais par des investissements mal placés : les clubs ont construit des stades flambants neufs, notamment à Haïfa, ma ville, qui dispose d'une superbe enceinte.
Mais la formation et les infrastructures pour les jeunes n'ont pas suivi ... Il y a aussi le fait que les jeunes joueurs israéliens quittent peu le pays avant leurs 18 ans.
En tant que connaisseur du football belge, vous citez certainement notre exemple en Israël : l'évolution de notre pays ces dernières années est impressionnante ...
Bien sûr, votre exemple, celui de la Croatie qui est encore plus petite et a atteint une finale de Mondial ... La Belgique compte 11 ou 12 millions d'habitants, Israël 9 millions.
On ne peut pas dire que les résultats soient proportionnels (rires). Lors du dernier Mondial, la Belgique méritait mieux et a encore montré à quel point elle avait progressé. Israël doit s'inspirer, notamment, de votre travail de formation.
C'est ce qui a permis une telle évolution, selon vous ?
Bien sûr. Des bases ont été installées il y a une quinzaine ou vingtaine d'années dans la formation des jeunes, le suivi ; il faut toujours une dizaine d'années pour que les effets en soient visibles.
Ca correspond au moment où les grands talents belges ont commencé à émerger - après, bien sûr, il a fallu construire une équipe, ce qui est arrivé ces dernières années.
Et voilà où vous en êtes. Beaucoup de pays peuvent s'en inspirer ...
Source Walfoot
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