Un rabbin responsable d'une synagogue de Montréal réclame en son nom personnel et au nom de deux organisations une somme d'environ 300 000 $, dont 100 000 $ en dommages exemplaires.
La poursuite fait suite à une saisie « abusive et illégale » d'une somme de 87 000 $, il y a trois ans, par des enquêteurs de l'AMF.
Ces derniers soupçonnaient que cet argent découvert en coupures de 20 $ à l'intérieur d'un porte-document servait à « masquer la route de l'argent ».
La perquisition survenue en juin 2016 au Centre Chabad, de l'arrondissement d'Outremont, avait duré près d'une journée.
En plus des enquêteurs de l'AMF, des agents de la Sûreté du Québec étaient sur place pour appuyer l'opération.
La saisie a été hautement préjudiciable pour les plaignants (le rabbin Shalom Chriqui, le Centre Chabad et l'Organisation de la jeunesse Chabad Loubavitch), est-il indiqué dans la requête datée du 18 juin.
« Le Centre Chabad a eu beaucoup de difficulté à trouver du financement après la saisie, que ce soit auprès de prêteurs privés ou auprès d'institutions financières. »
- Extrait de la requête
Le gendarme boursier québécois enquêtait sur l'homme d'affaires montréalais Craig Levett, ex-consultant d'Amaya visé par une ordonnance de blocage qui lui interdisait de se défaire de ses fonds et de ses biens pendant l'enquête.
L'AMF croyait que Levett, de confession juive, tentait de cacher la provenance de profits issus de délits d'initié en ayant recours au Centre Chabad.
« Craig Levett, personnellement ou par l'entremise d'une compagnie, a fréquemment prêté des sommes d'argent au Centre Chabad et à l'Organisation de la jeunesse Chabad Loubavitch lorsque le besoin s'en faisait sentir.
Ces prêts étaient remboursés rapidement », peut-on lire dans la poursuite.
Au moment de la perquisition, le rabbin Chriqui était en possession d'un porte-document rempli de billets de banque.
Ceux-ci étaient destinés à financer les activités d'un camp d'été pour jeunes juifs hassidiques qui devait commencer la semaine suivante, est-il précisé.
Selon le rabbin, la somme de 87 000 $ provenait d'activités de financement tels un gala, une vente aux enchères de bougies ainsi que des contributions volontaires de visiteurs d'un site de retraite à Sainte-Agathe-des-Monts pour plusieurs fins de semaine de sabbat.
Quatrième poursuite
Cette poursuite, que l'AMF entend contester, s'ajoute à celle qui a été déposée en mars par le fondateur et ex-PDG d'Amaya, David Baazov, qui reproche à l'AMF d'avoir porté des accusations « volontairement abusives et malicieuses » à son endroit. Il réclame 2 millions.
Amaya (devenue Groupe Stars) avait frappé un grand coup en 2014 en achetant le site PokerStars au prix de 5 milliards US.
Le titre de l'entreprise avait grimpé considérablement.
Des soupçons de délits d'initiés avaient amené l'AMF à piloter trois enquêtes parallèles dans ce qui était devenu l'un des plus gros dossiers du genre dans l'histoire du pays.
Ce printemps, un homme d'affaires de L'Île-Bizard visé par l'une des enquêtes de l'AMF a lui aussi intenté une poursuite contre l'organisme.
L'an dernier, les membres d'une famille de l'arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce ont également déposé contre l'AMF une poursuite liée à une perquisition effectuée dans le cadre de l'affaire Amaya.
Cette opération les aurait traumatisés.
Source La Presse
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