La créatrice américaine, avec ses longues robes et son esthétique XIXe siècle à la limite du fétichisme, explore un érotisme oublié, celui d'un corps qui se devine plus qu'il ne se montre. L'ex-avocate de Manhat-tan Batsheva Hay, aujourd'hui mariée à un photographe de confession juive orthodoxe, a monté sa marque en 2016......Détails........
Si Laura Ingalls avait vécu à notre époque, elle s'habillerait certainement en Batsheva. Tissus robustes, motifs fleuris, manches bouffantes, cols Claudine, bonnets couvrants… tout est là pour séduire une jeune paysanne dans sa prairie, au XIXe siècle.
C'est pourtant bien loin de La petite maison dans la prairie que les femmes connectées et citadines d'aujourd'hui jettent leur dévolu sur les robes de Bathseva Hay.
A une époque où le streetwear est roi, où le « gender fluid » se démocratise et où les minijupes sont de tous les défilés automne-hiver, qui est cette créatrice qui réhabilite la longue robe-tablier ? L'ex-avocate de Manhat-tan Batsheva Hay, aujourd'hui mariée à un photographe de confession juive orthodoxe, a monté sa marque en 2016.
Dès sa première collection, elle ose un mélange complexe de références mormones, juives, amish, vintage, sectaires et hippies, tout en convoquant l'esthétique de l'artiste et photographe Cindy Sherman et en faisant des clins d'œil aux sorcières de Salem.
Certains peuvent y voir le signe d'un retour à une mode où la femme doit couvrir son corps, le symptôme d'un pays présidé par un homme qui se vante « d'attraper les femmes par l'entre-jambe ».
Elodie Nowinski, historienne, sociologue de la mode et professeure à l'EM Lyon, tempère : « Ces robes parlent d'une Amérique qui met en procès la femme. Elles redonnent un sens politique et non plastique au corps féminin.
Ici, cacher le corps n'est pas conservateur, c'est plutôt un positionnement très intello. »
Pour preuve : Lena Dunham, Erykah Badu, Natalie Portman et Jessica Chastain, figures de l'intelligentsia féministe américaine, arborent fièrement les créations fleuries de Batsheva.
Elodie Nowinski poursuit : « En fait, c'est la mode la plus américaine qui soit car c'est un syncrétisme de toutes ces choses qui font l'histoire du pays.
A travers ces robes, la créatrice nous dit : “Je connais mon affaire culturellement et je vais te dire ce qu'est la vraie Amérique.” »
Au-delà d'un discours culturel, leur dimension sensuelle, voire hypersexuelle, est bien présente.
Si la créatrice parle de sa mode comme « un antidote au style Kardashian », Elodie Nowinski offre une nouvelle perspective : « Avec ces vêtements, il faut deviner le corps de la femme, c'est un érotisme qu'on avait oublié. Sur la dernière campagne de la marque, les mannequins ont des tresses, leurs joues sont maquillées au blush, certaines sont à genoux, accrochées à un arbre ou avec les bras grands ouverts.
En réalité, c'est un érotisme intellectualisé et fétichiste. » N'en déplaise à Charles Ingalls.
Source Marie Claire
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