L’abbaye de Neumünster présente «State of Deception», jusqu’au 17 mars, une exposition qui décortique la propagande nazie et explique comment elle a réussi. Impressionnant !......Détails.......
Neimënster est une ancienne abbaye, mais également une ancienne prison. Un lieu utilisé, entre autres, pendant l’occupation du Grand-Duché par les nazis et la Gestapo pour emprisonner des prisonniers politiques.
Quelque 4 000 hommes et femmes sont passés par là durant la Seconde Guerre mondiale.
Quel meilleur endroit alors pour accueillir, au Luxembourg, «State of Deception – The Power of Nazi Propaganda», l’exposition mise sur pied par l’United States Holocaust Memorial Museum (USHMM) Washington et qui a été présentée dans beaucoup de villes en Allemagne, Autriche, Bulgarie, Pologne, Estonie, Russie, Grande-Bretagne ou encore en Israël ?
Une exposition, «imaginée il y a une quinzaine d’années, présentée pour la première fois en 2009, mais qui n’a pas pris une ride, elle est toujours d’actualité», note Peggy Frankston, correspondante pour la France de l’USHMM, présente dans le Grund pour le vernissage de l’exposition.
C’est Marc Schoentgen, le directeur de la jeune fondation luxembourgeoise Zentrum fir politesch Bildung (ZpB, Centre pour l’éducation à la citoyenneté), qui a tenu à faire venir cette exposition itinérante au Grand-Duché après l’avoir découverte à Bruxelles, au Parlamentarium.
«Cette exposition est formidable, assure-t-il. Il y a la thématique qui est d’une actualité brûlante, entre fake news, hate speechs, manipulations diverses, propagande, montée des extrémismes… et puis parce qu’elle fonctionne beaucoup au niveau visuel, à travers des images, ce qui est toujours plus facile pour les visiteurs, jeunes et adultes.»
Les visiteurs devront donc se rendre dans les caves voûtées de l’abbaye pour découvrir cette exposition historique et instructive.
Sur deux salles, un parcours historique en quatre parties : 1918-1933, 1933-1939, 1939-1945 et 1945-1948, est matérialisé au sol.
Un rapide tableau présente les résultats des élections parlementaires en Allemagne pendant les années 20-30.
Histoire de rappeler que le parti nazi, qui stagnait à 2,6% en 1928 passe à 18,3% en 1930, puis à 37,3% en 1932.
Le krach, Versailles…
Alors, oui, il y a eu le krach boursier de 1929, il y a toujours le traité de Versailles, qui a mis fin à la Première Guerre mondiale et qui est de plus en plus mal accepté par la jeunesse allemande, mais ces deux réalités ne suffisent pas à expliquer un tel succès.
«On s’est demandés comment c’était possible qu’un peuple démocratique, moderne, éduqué, cultivé a pu adhérer à l’idéologie nazie», reprend Peggy Frankston. Une des réponses à laquelle ils sont arrivés : «la propagande !», qui «a vendu l’idéologie nazie et a réussi à tromper tout un peuple, en avançant masquée».
Au départ, explique-t-elle, la propagande était inclusive, «c’est une idéologie d’adhésion, avec des discours qui étaient ciblés pour chaque groupe d’électeurs : les femmes, qui venaient d’avoir le droit de vote, les ouvriers des usines, les ouvriers agricoles, etc.».
Il y a aussi beaucoup de marketing : la svastika, un symbole fort et coloré, l’enregistrement des discours d’Hitler, distribués ensuite gratuitement, et puis ces arrivées en avion, du futur Führer, pour donner des meetings auprès de gens qui «n’avaient jamais vu un avion de leur vie», souligne la correspondante de l’USHMM.
Ce n’est qu’ensuite que le discours officiel commence à exclure, à cibler des ennemis, à montrer son visage négatif.
C’est ce que montre très pertinemment l’exposition. Les affiches sont tellement parlantes que les courts textes, en anglais, qui les accompagnent, ne sont finalement qu’un plus, intéressant, mais pas primordial.
Deux vidéos avec des témoignages, entre autres de juifs attirés par la propagande nazie, même s’ils en étaient exclus, viennent compléter cet ensemble extrêmement intéressant, mais effectivement, toujours d’actualité.
Pablo Chimienti
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