lundi 17 septembre 2018

L'Express du 16 septembre 1968 : en Israël, les naïfs font des dégâts


Le 16 septembre 1968, un commando terroriste palestinien commet un attentat en plein centre de Tel-Aviv, faisant un mort et 72 blessés......L'Express raconte........
 
Dans les capitales arabes du Moyen-Orient, on répète une phrase que chacun colore à sa guise de pessimisme ou d'espoir. "Pour nous, dit-on, le choix n'est plus qu'entre la capitulation et la guérilla".
La question est de savoir si, à brève échéance, la guérilla ne va pas relancer la guerre tout court.
Le 4 septembre, les explosions qui ébranlaient la gare routière de Tel-Aviv, causant un mort et 72 blessés, faisaient battre plus fort le coeur des Arabes. Pour la première fois, un commando palestinien avait réussi à s'infiltrer dans cette ville et à y commettre un attentat en plein jour.
Dans le building ultra-moderne qui abrite les services de la Sûreté, l'envoyé spécial de L'Express, Michel Salomon, a rencontré M. Yaacov Krammer, chef de la police de Tel-Aviv.
Le visage plissé d'un fauve, portant gaillardement la cinquantaine, il a réagi à l'attentat avec une rapidité qui lui a permis d'en dépister et d'en arrêter les auteurs dans un minimum de temps.
Moins de dix minutes après l'explosion de la troisième bombe, toutes les sorties de la ville étaient bouclées, et deux heures plus tard, commençait le tri de 490 Arabes "cueillis" pour vérification d'identité.
"Quelles que soient les précautions que l'on prend, nous dit M. Krammer, il est impossible de se prémunir complètement contre les risques du terrorisme urbain.
Qui pourrait m'empêcher de faire sauter l'un ou l'autre des grands bâtiments du Caire ? Aujourd'hui, une petite bombe de trois quarts de kilo est facile à dissimuler et peut provoquer beaucoup de dégâts".

Coup de filet

A proximité de la gare routière, le cinéma Hamer Kaz, atteint par la déflagration, a repris la projection du film qui tenait l'affiche à ce moment. Il a pour titre "Coup de filet".
Le coup de filet de la police israélienne a été rendu possible par une série de facteurs qui constituent autant d'obstacles opposés aux entreprises des groupes terroristes arabes : 
1. Selon le mot du général Moshé Dayan, le front est partout et tous les Israéliens se tiennent en état d'alerte, s'empressant de signaler aux autorités le moindre détail qui leur paraît suspect.
 2. Les services de police ont mis en place un système de contrôle "discret mais efficace" de la population arabe. 
En dépit de la politique de la porte ouverte, c'est-à-dire de la faculté laissée aux Arabes de franchir le Jourdain dans les deux sens, de se rendre en Jordanie ou ailleurs, puis de revenir en Judée Samarie, les mouvements de résistance n'ont pas obtenu jusqu'ici le concours actif des habitant, même de ceux dont le sentiment est acquis à la cause palestinienne.
M. Yaacov Nash, 55 ans, porte-parole de la police, explique la différence qu'il voit entre l'activité clandestine des Juifs militants avant la création de l'Etat d'Israël et celle que tentent de poursuivre les commandos du Fatah.
"Au temps du mandat britannique, dit-il, 600 000 Juifs de Palestine firent de la vie des occupants anglais un enfer quotidien.
Ils étaient tous, sans exception, soit des résistants, soit des complices de la Résistance.
Ce n'est pas le cas des terroristes arabes d'aujourd'hui, qui, non seulement sont perdus dans le milieu juif, mais ne peuvent compter sur le soutien réel des Arabes d'Israël ou des territoires.
Dès lors, ils sont réduits à frapper au hasard, à pratiquer la tactique des coups isolés suivis d'un repli rapide vers leurs bases extérieures".

Risques sérieux

L'inexpérience des jeunes recrues du terrorisme arabe facilite, dans bien des cas, la tâche des autorités israéliennes.
Ainsi l'explosion prématurée des bombes placées auprès de la gare routière a-t-elle provoqué l'affolement de ceux qui venaient de les poser, et croyaient disposer d'une plus grande marge de temps pour battre en retraite.
L'un d'eux a été intercepté parce qu'il courait dans la direction opposée de celle de la foule.
Le second a été maîtrisé par le chauffeur de taxi qu'il avait hélé, et qui ne pouvait pas ne pas juger son comportement inquiétant. 
Le chef du commando, Ghassan Kamal, a employé la nuit à rédiger trois versions successives de ses aveux.
Le second membre de l'équipe, Nusseibeh, parent d'un ancien ministre jordanien qui réside à Jérusalem et vient de désavouer le terrorisme, a guidé la police de maison en maison pendant de longues heures, à la recherche de tous ses amis du réseau.
On a retrouvé dans la chambre du jeune homme, à Jérusalem, une étonnante collection de photographies qui le montrent dans un camp de Jordanie manoeuvrant et s'entraînant avec d'autres guérilleros.
En dépit de ces marques de naïveté, les responsables de la police israélienne ne sous-estiment ni le cran ni l'audace de ces militants. 
Toutes les mesures de protection resteraient insuffisantes si les Arabes, plus ou moins unis dans leurs déclarations de principe, n'étaient pas divisés dans l'action.
Entre les organisations palestiniennes de résistance, comme le Fath et le Front populaire, et, d'autre part, les gouvernements de la région, le dialogue est pour le moins ambigu.
De Beyrouth, notre correspondant Edouard Saab observe que ces organisations ont cessé d'être les "instruments de travail" des différents régimes arabes et que l'on se demande aujourd'hui si le contraire n'est pas en train de se vérifier. 
Sur la ligne du Jourdain ou sur celle du canal de Suez où le feu se ranime, l'initiative spontanée d'un commando palestinien peut à tout moment forcer la main au roi Hussein ou à Nasser, et les engager à faire tonner le canon.

Non sans des risques sérieux pour eux-mêmes.
Source L'Express
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