jeudi 13 septembre 2018

Israël prend un ticket pour la Lune (Interview)

 
Ingénieur aéronautique, formé à l'université Ben-Gourion de Beer-Sheva, Ido Anteby préside aujourd'hui l'entreprise SpaceIL. Passé par les laboratoires américains de l'université de Rochester et de Harvard, il a effectué l'essentiel de sa carrière à la Commission israélienne pour l'énergie atomique (IAEC), l'autorité gouvernementale responsable des activités de l'État hébreu dans le domaine du nucléaire. Le 10 juillet dernier, il annonçait vouloir envoyer une capsule (non habitée) sur la Lune......Interview........


Le Point :  Lorsque vous avez annoncé votre projet d'envoyer une capsule spatiale sur la Lune, vous avez dit vouloir faire d'Israël le quatrième pays à réaliser cet exploit après les États-Unis, la Russie et la Chine. Comment et quand ce projet est-il né  ? 
Ido Anteby : SpaceIL a été créée en 2011 sous la forme d'une association à but non lucratif. Son but est de faire décoller puis se poser un engin spatial de conception israélienne sur la Lune.
Notre organisation a été fondée par trois jeunes ingénieurs, Yariv Bash, Kfir Damari et Yonatan Winetraub, qui voulaient ainsi répondre à un défi lancé par la Fondation Google Lunar X Prize. Ce défi consistait à construire, lancer et faire alunir une capsule sur notre satellite.
SpaceIL était le seul participant israélien à ce concours (une autre équipe, indienne, la talonne, NDLR). En octobre 2015, SpaceIL a annoncé être en mesure de remplir cette mission. Ce « ticket pour la Lune » s'est davantage concrétisé lorsque notre équipe s'est retrouvée, début 2017, parmi les cinq finalistes de la compétition.
Lorsque Google a indiqué, en mars dernier, se désengager de ce programme, sans qu'aucun des finalistes n'ait été départagé, nous avons décidé de poursuivre l'aventure.
C'est pour nous une manière d'illustrer l'excellence de notre pays dans les domaines de la science, de la technologie et de l'éducation. Notre ambition est de recréer à l'échelle israélienne un « effet Apollo » : de nature à inspirer la génération et à l'inciter à se consacrer à des projets scientifiques...

Comment financez-vous cette mission spatiale ?
Notre projet étant privé, nous faisons appel à des philanthropes. Le coût total de notre programme, en incluant le volet « éducation », avoisine les 90 millions de dollars.
Nous avons d'ores et déjà réuni 80 millions grâce à la générosité de plusieurs donateurs, le premier d'entre eux étant Morris Kahn, sans qui SpaceIL n'existerait pas. Nous sommes également très redevables à la famille Adelson, à Lynn Schusterman, à Sami Sagol, à Stephen et Nancy Grand.
C'est grâce à eux mais aussi à d'autres mécènes que nous pouvons développer notre projet.
Nous pouvons aussi compter sur de très nombreux bénévoles, notamment pour le développement de nos activités éducatives. Notre capsule décollera à bord d'une fusée Falcon 9 de la compagnie SpaceX, mais nous n'avons pas encore eu de contact direct avec Elon Musk.

Votre projet a-t-il reçu le soutien des autorités israéliennes ?
Le gouvernement israélien soutient SpaceIL de plusieurs manières, notamment en finançant environ 10 % de son budget.
Le retrait de la Fondation X Prize qui devait sponsoriser le projet n'a donc pas eu d'impact. C'est le ministère des Sciences qui soutient spécifiquement notre projet et le programme de recherche qui le sous-tend.

L'agence spatiale israélienne célèbre, cette année, ses 35 ans. Quelles relations entretenez-vous avec cet institut ?
Nous travaillons main dans la main, à la fois sur le chantier de construction de l'engin spatial et sur le programme éducatif qui l'accompagne.

En dehors du challenge scientifique et du pari technologique que vous portez, quel est l'intérêt scientifique de SpaceIL ? 
Nous conduisons un programme de recherche commun avec l'Institut Weizmann.
Son but ? Mesurer le champ magnétique du site d'alunissage de notre capsule. À cette fin, nous embarquerons un magnétomètre.
Nous pensons aussi que SpaceIL va contribuer significativement au développement du savoir-faire de nos chercheurs et donc de technologies aérospatiales « made in Israël ».

Combien de personnes travaillent sur votre projet ?
Environ 50 employés et consultants : la plupart d'entre eux sont des ingénieurs. La capsule est construite en coopération avec le groupe des Industries aérospatiales israéliennes (IAI), dont plusieurs dizaines de chercheurs travaillent exclusivement pour nous.
Cette aventure a commencé en 2011. Cela aura donc pris sept ans à seulement une cinquantaine de personnes d'envoyer une capsule sur la Lune, là où la Nasa et ses 17 000 employés ont investi plus de

20 milliards de dollars sur le projet Apollo. Comment avez-vous pu réussir ce tour de force ?
Nous construisons notre capsule en nous appuyant sur des principes simples. Nous privilégions la légèreté (au moment du décollage, l'engin pèsera autour de 550 kilos, dont 400 kilos pour le seul fuel, NDLR).
Nous le faisons en évitant les systèmes de redondances et en cherchant les composants les plus robustes et les moins lourds. À cet égard, l'expertise d'IAI nous est très précieuse.
Nous tirons le meilleur des expériences des autres. C'est en mettant en commun la créativité de nos équipes et les capacités d'innovation des meilleurs scientifiques israéliens que nous avons pu bâtir ce projet dans des délais si courts et avec un budget relativement « low cost ».

Quel est votre prochain objectif ?
Après notre expédition vers la Lune, SpaceIL continuera ses activités, tant sur le plan technologique que dans le domaine de l'éducation.
Mais, en ce moment, nous ne nous concentrons que sur un unique objectif : faire atterrir notre capsule spatiale sur la Lune.

Source Le Point
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