dimanche 19 juillet 2015

Mavi Marmara : La CPI va réexaminer la décision de ne pas poursuivre Israël

Le bateau turc Mavi Marmara avait été attaqué par l'armée israélienne en tentant de forcer le blocus maritime de Gaza, en 2010 ( Mustafa Ozer (AFP/Archives) )

La Cour pénale internationale (CPI) a ordonné jeudi à sa procureure de revoir sa décision de ne pas poursuivre Israël pour les incidents occasionnés au cours de la tentative israélienne d'arrêter une flottille humanitaire à destination de Gaza qui avait pour but de briser le blocus maritime imposé par Israël en mai 2010...


"La chambre préliminaire a donné une suite favorable à la requête (...) et demandé à la procureure de revoir une telle décision", a déclaré la CPI dans un communiqué.
La procureure Fatou Bensouda avait décidé début novembre de ne pas poursuivre Israël tout en estimant "raisonnable de penser" que des crimes de guerre avaient été commis.
Mme Bensouda avait été saisie de l'affaire par le gouvernement des Comores, Etat partie au Statut de Rome, le traité fondateur de la CPI, mais aussi celui auprès duquel était enregistré le Mavi Marmara, navire amiral de la flottille internationale humanitaire.
Les avocats des Comores avaient dénoncé une décision "politique" et ils avaient fait appel en janvier.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réagi jeudi soir à cette décision affirmant que "les soldats israéliens avaient agi en légitime défense".
"Les soldats israéliens ont agi en légitime défense en empêchant cette tentative de briser le blocus maritime autorisé par la justice internationale comme l'a décidé la commission nommée par le secrétaire général de l'ONU", affirme M. Netanyahu selon un communiqué de son bureau.
"Au moment où Assad (le président Bachar al-Assad ndlr) en Syrie massacre ses citoyens, qu'en Iran on condamne à mort des centaines de personnes et que dans la bande de Gaza, le Hamas utilise des enfants comme boucliers humains, la CPI choisit de s'occuper d'Israël pour des raisons politiques et cyniques", poursuit le communiqué.
Le ministère israélien des Affaires étrangères "condamne fermement la recommandation des juges de réexaminer l'affaire du Mavi Marmara", selon un communiqué.
"Il s'agit d'un incident au cours duquel Israël a agi de manière légitime et en accord avec le droit international. Cet incident a été l'objet d'une enquête de la Cour suprême israélienne en présence d'observateurs internationaux et d'une commission de l'ONU", ajoute le communiqué
A l'aube du 31 mai 2010, la flottille affrétée par l'ONG turque IHH, réputée proche de l'actuel gouvernement islamo-conservateur au pouvoir à Ankara, avait été arraisonnée dans les eaux internationales par un commando israélien alors qu'elle tentait de rallier Gaza, sous blocus israélien.
Neuf Turcs à bord du Mavi Marmara avaient été tués dans l'assaut, ce qui avait provoqué une dégradation des relations diplomatiques entre la Turquie et Israël.
Un dixième était décédé plus tard de ses blessures. Cette flottille était composée de huit navires, avec à leur bord 70 passagers originaires d'une quarantaine de pays.
En septembre 2011, un rapport de l'ONU avait jugé excessive et déraisonnable cette intervention militaire, mais avait considéré comme étant légal le blocus imposé par Israël à la bande de Gaza.
Décrété en juin 2006 à la suite de la capture d'un soldat israélien --libéré en octobre 2011 en échange d'un millier de prisonniers palestiniens-- le blocus maritime et aérien de la bande de Gaza a été renforcé en juin 2007 à la suite de la prise de contrôle de ce territoire par l'organisation terroriste du Hamas.
Déjà tendues depuis l'opération israélienne Plomb durci dans la bande de Gaza (décembre 2008/janvier 2009), les relations entre la Turquie et Israël, alliés stratégiques dans les années 1990, s'étaient brutalement dégradées.
A la demande pressante du président américain Barack Obama, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou avait présenté ses excuses à la Turquie.
Depuis, des responsables turcs et israéliens se sont rencontrés pour discuter de l'indemnisation des familles des victimes, première étape du réchauffement des relations entre les deux pays.
Un tribunal truc avait ordonné en mai l'arrestation de quatre anciens chefs militaires israéliens au cours d'un procès en l'absence des accusés, après que l'ONG IHH et les familles des victimes aient déposés plainte en 2012.


Source I24News