Le 13 juillet 1976, neuf jours après l'opération légendaire de libération des otages israéliens de l'avion d'Air France à l'aéroport d'Entebbe en Ouganda, le chef d'état-major de l'armée iranienne envoie une lettre au chef de l'antenne du Mossad en Iran Reuven Merhav. " Transmettez, je vous prie, toutes mes félicitations et ma plus grande estime", écrit l'Iranien. A l'époque, les deux pays entretiennent des relations très étroites dans les domaines militaire, sécuritaire et du Renseignement...
Les Iraniens qualifient les troupes israéliennes de "commandos courageux" et les terroristes de "cruels 'et inhumains". Ils transmettent leurs condoléances pour "la mort en martyr" du commandant de l'unité, un certain Yonathan "Yoni" Netanyahou, le frère de l'actuel Premier ministre.
Cette lettre, dans les archives du Mossad depuis 39 ans, a été retrouvée par un ancien agent de la mythique agence israélienne, Avner Avraham, au cours de ses recherches en vue de l'exposition sur le raid d'Entebbe qui s'ouvrira le 10 juillet prochain au Centre Yitzhak Rabin près de de l'Université de Tel Aviv, rappelle le journal Haaretz.
Ces derniers mois, Avraham a effectué des recherches en Israël et à l'étranger ainsi qu'au sein du Mossad pour retrouver des objets liés à l'opération. Il a voulu trouver un autre angle pour raconter l'histoire, pourtant archi-connue, de la libération des otages par l'unité d'élite de Tsahal Sayeret Matkal.
"Je me suis tourné vers tous les retraités du Mossad qui ont été impliqués dans l'opération, j'ai contacté tous les agents. Au début il m'ont dit qu'il ne restait rien, mais au fur et à mesure, des objets, des photos et des enregistrements ont commencé à apparaître", a-t-il confié au Haaretz.
Parmi eux un sachet en plastique avec l'inscription "Uganda Duty Free Shops". Janet et Ezra Almog, du kibboutz Ein Dor, l'ont précieusement conservé depuis 39 ans.
Lorsque l'avion a été détourné, les terroristes, allemands et palestiniens, ont séparé les passagers, rappelant la sélection des nazis à l'arrivée des déportés juif dans les camps d'extermination.
Les étrangers ont été mis dans une pièce séparée et étaient libérés un peu plus tard. Les Israéliens et les Juifs ont été emmenés dans une autre pièce, leur sort restant incertain. Janet aurait dû aller avec les étrangers, mais elle a demandé à rester avec son mari.
Janet n'a pas fait d'achats duty-free, mais à un certain moment, les otages israéliens ont demandé des articles de première nécessité tels que du savon et de la pâte dentifrice, qui furent distribués dans les sachets duty-free de l'aéroport ougandais.
Le sac est visible sur la célèbre photo lors du retour de la famille Almog en Israël.
Un autre objet de choix est arrivé dans les mains d'Avraham, à savoir les "Tefilin" (phylactères pour la prière juive du matin des jours de semaine) d'Akiva Laxer. Ce dernier était sur le vol AF139 au départ de l'aéroport Ben Gourion pour Paris. Il se rendait aux Jeux olympiques de Montréal. En 1972, il était déjà à Munich et fut témoin du massacre des athlètes olympiques israéliens par un commando terroriste palestinien.
Lorsque les terroristes fouillent ses affaires, ils trouvent ses "tefilin". Un des hommes armés lui demande si les bandelettes font partie d'un système de communication...Et Laxer répond: "oui, c'est un objet pour communiquer avec... Dieu, lorsque je prie".
Laxer possède également un autre objet de l'opération. Il réussit à donner à un otage américain, Peter Rabinowitz, une de ses cartes de visite sur laquelle il griffonne quelques mots et lui demande de remettre, dès qu'il sera libéré, la carte à ses parents comme signe de vie.
"Chers Maman et Papa, Bonjour et bises d'Ouganda. A très bientôt. Avec amour, Akiva", écrit-il sur la carte sur laquelle figurent, outre son nom, sa profession, "avocat", et son adresse "129, Boulevard Rothschild Tel Aviv".
Rabinowitz a tenu sa promesse et envoyé la carte aux parents de Laxer accompagnée d'une bref message en anglais: "Chers amis. J'étais dans l'avion avec Akiva et puis j'ai été relâché. Il m'a donné cette carte afin que je vous la fasse parvenir. Il était en bonne santé et avait bon moral et nous avons tous été bien traités. J'espère qu'il est maintenant de retour parmi vous".
Avraham a également contacté 4 membres de l'unité de Renseignement 8200 qui faisaient partie des 14 militaires qui écoutaient les communications et les conversations, en arabe, en français, en swahili et en allemand.
Avraham a également recueilli de nombreuses photos aériennes du terminal d'Entebbe, qui avait d'ailleurs été construit par la société israélienne Solel Boneh.
L'armée et le Mossad avaient aussi parlé avec tous les Israéliens qui s'étaient rendus ou avaient travaillé à Entebbe.
Des anciens de Sayeret Matkal ont également raconté qu'un agent du Mossad avait également loué un avion au Kenya pour voler jusqu'à Entebbe et en avait profité pour prendre des photos du terminal et les envoyer en Israël.
Le directeur du Mossad les présente à Yitzhak Rabin, le Premier ministre de l'époque, qui constate qu'il n'y a aucune défense anti-aérienne, ce qui le convainquit d'approuver l'opération de Sayeret Matkal.
Le Mossad recueille également des informations de la part des otages étrangers qui sont rapidement libérés. Ces derniers donnent des informations précieuses sur l'apparence des terroristes, leurs armements et les endroits clés de l'aéroport d'Entebbe.
Les informations furent envoyées en Israël depuis Paris par la valise diplomatique transportée par les avions d'El Al.
Le seul objet qu'Avraham n'a pas pu avoir entre les mains est la fameuse Mercedes dans la quelle se trouvaient les militaires israéliens qui ont pénétré dans le terminal d'Entebbe et que les terroristes ainsi que le personnel de l'aéroport ont pris pour le véhicule du président ougandais Idi Amin Dada.
Le raid d'Entebbe, aussi connu sous le nom "Opération Entebbe" ou "Opération Thunderbolt", s'est déroulé dans la nuit du 3 au 4 juillet 1976, à l'aéroport international d'Entebbe en Ouganda.
Il a été appelé opération "Tonnerre" par les forces militaires israéliennes l'ayant planifié et exécuté, et a été nommé rétroactivement "opération Yonathan" après la mort du colonel Yonathan "Yoni" Netanyahou, le seul soldat israélien tué au cours du raid, frère aîné du Premier ministre israélien actuel, Benyamin Netanyahou.
Le 27 juin 1976, le vol Air France 139,en provenance de Tel Aviv en Israël et transportant 244 passagers et douze membres d'équipage, décolle d'Athènes en Grèce, pour rejoindre Paris. Peu après le décollage, le vol fut détourné par quatre terroristes.
Les preneurs d'otages, deux membres du "Front populaire de Libération de la Palestine" et deux Allemands (Wilfried Böse et Brigitte Kuhlmann) membres des "Revolutionäre Zellen" (Cellules révolutionnaires) prirent le commandement de l'avion et le détournèrent vers Benghazi en Libye. Là, il resta au sol pendant sept heures pour se réapprovisionner en carburant et pour relâcher une femme otage (Patricia Heiman, ressortissante britannique), puis redécolla pour se poser à l'aéroport international d'Entebbe en Ouganda.
À Entebbe, les quatre preneurs d'otages furent rejoints par trois autres pirates, et obtinrent le soutien des forces pro-palestiniennes du président ougandais, Idi Amin Dada. Les terroristes étaient commandés par Wilfried Böse. Ils exigeaient la libération de 40 Palestiniens emprisonnés en Israël et de treize autres détenus au Kenya, en France, en Suisse et en Allemagne.
Les passagers étaient retenus en otages dans le hall de transit du vieux terminal de l'aéroport international d'Entebbe.
Les preneurs d'otages en relâchèrent dans un premier temps un grand nombre, ne gardant que les Juifs, qui étaient menacés de mort au cas où Israël n'accéderait pas à leur demande
Le gouvernement israélien laissa croire aux preneurs d'otages que pour la première fois de son histoire, Israël acceptait de négocier...
Les membres du commando d'élite Sayeret Matkal, appuyés par la brigade Golani et le Mossad furent envoyés à Entebbe,
Le raid dura environ une trentaine de minutes et les six preneurs d'otages furent tués. Un otage fut tué par les forces israéliennes. Sur 103 otages juifs, trois ont trouvé la mort. Yoni Netanyahou a été tué au cours de l'opération.
Dora Bloch, une otage de 73 ans, se trouvait à l'hôpital de Kampala lors du raid israélien, admise à la suite d'un grave malaise. Elle a été assassinée par deux militaires ougandais sur ordre du dictateur Idi Amin Dada. ses restes furent récupérés en 1979.
L'exposition sera inaugurée le 10 juillet au Centre Yitzhak Rabin à Ramat Aviv, au nord de Tel Aviv entre le musée Eretz Israel et le musée du Palmah, 8 rue Haïm Levanon.
Source I24News