lundi 20 juillet 2015

Eymoutiers honore ses Justes


Micheline Wolanowski rencontre Bernard Pénicaud, petit-neveu de l’homme qui lui a sauvé la vie au printemps 1944 - Georges Vergnol


Elad Ratson, directeur de la communication à l’ambassade d’Israël en France a remis ce dimanche, à titre posthume, la médaille des Justes parmi les Nations à Berthe et Henri Pénicaud pour leur geste de bravoure en avril 1944. Qui pourrait croire en la regardant que cette vieille dame a échappé à l’horreur grâce à un couple d’Eymoutiers, dont le petit-neveu a reçu dimanche, en leur nom, la médaille des Justes ? Et pourtant...

La jeunesse de Micheline Wolanowski, nonagénaire depuis quelques jours, est des plus dramatiques.
Sous l’Occupation, alors qu’elle n’a que 16 ans, elle voit son père partir pour le camp de Beaune-la-Rolande : « Nous n’étions pas inquiets, explique-t-elle. On ne se rendait pas compte de ce qui se passait, il disait qu’il partait pour le travail. »
La tragique réalité rattrapa la jeune femme quand son père, déporté par la suite à Auschwitz, ne donna plus de nouvelles. A 17 ans, en 1942, elle échappe à la rafle avec sa mère et sa sœur, et entre en zone libre.
En avril 1944, alors que la directrice de son école recommande aux jeunes filles juives de rester au pensionnat, la menace allemande étant plus forte, Micheline rentre à Eymoutiers avec sa petite sœur Régine, de 9 ans sa cadette. Très vite, la division Brehmer encercle la ville.  
Henri et Berthe Pénicaud, gérants de l’hôtel dans lequel loge la famille Wolanowski, leur proposent la clef de leur cabanon pour se cacher. Madame Wolanowski refuse.
Le lendemain, elle envoie Micheline prendre des nouvelles chez une amie. Une visite qui lui épargna une mort certaine. La jeune femme assiste de loin à l’arrestation de sa mère et de sa sœur.
« Monsieur Pénicaud m’a attrapé le poignet pour m’empêcher de les rejoindre et m’a ainsi sauvé la vie. » Après avoir caché Micheline dans un débarras, il a ensuite tenté de convaincre les nazis d’épargner Régine. En vain...
En France, on recense 3.869 Justes. C’est la plus haute distinction remise par l’État d’Israël à des civils.


Thomas Ribierre


Source Le Populaire