Le 20 mai 1915, il y a tout juste cent ans, naissait Moshé Dayan. Chef de guerre, homme politique avisé, ce père–fondateur de l’Etat hébreu laisse derrière lui une légende, et quelques zones d’ombres. Moshé Dayan voit le jour à Degania. Considéré comme le premier kibboutz d’Israël, ce campement a été fondé six ans auparavant. Le 20 mai 1915, Shmuel et Dvorah Dayan sont les heureux parents de leur premier enfant. C’est aussi le premier enfant du kibboutz...
Avant de servir sous le drapeau israélien, Moshé Dayan s’est battu sous la bannière britannique et australienne. Nous sommes en pleine Seconde Guerre mondiale, la division dans laquelle s’est enrôlé l’engagé volontaire se bat en Syrie contre les forces de Vichy.
De nombreuses versions circulent quand à l’épisode qui se solda par la perte de son œil gauche. La plus vraisemblable situe cette blessure au 7 juin 1941 pendant la campagne de Syrie. Moshé Dayan a recu une balle alors qu’il regardait à la jumelle les positions ennemies. Les éclats de verre de la lunette blessèrent son œil gauche dont il perdit définitivement l’usage. Infirme, et désormais équipé d’un bandeau noir, le soldat Dayan s’éloignera du terrain pendant six ans avant de revenir au premier plan.
Moshé Dayan achève ses quatre années de mandat en tant que chef d’État-major avant d’être élu député à la 4èmeKnesset en 1959. Celui qui rejoint les rangs du Mapaï, occupera trois portefeuilles ministériels. Le premier est l’Agriculture. Une nomination qui fit sans doute sourire ses anciens camarades de Nahalal qui ont gardé le souvenir d’un enfant peu intéressé par les travaux de la terre. Au kibboutz, la seule activité qui le passionne sont les animaux. Dans « Moshe Dayan, the soldier, the man, the legend » de Shabtai Teveth (1972), il confie : « Ma mère m’envoyait vêler les vaches. J’étais fasciné par ces choses – comment la vache entre en travail, met bas, lèche le veau qui vient de naître. J’aimais observer les animaux et voir éclore la vie ».
Solitaire, Moshé Dayan avait peu d’amis dans le cercle politique. Si Ben Gourion l’avait pris
en sympathie, il estimait qu’il « était taillé dans un matériau biblique ». Son successeur, Levi Eschkol, lui voue une inimitié flagrante. Il le surnomme « Abu Jilda » du nom d’un chef d’une bande arabe impitoyable.
Marié à deux reprises, Moshé Dayan était connu pour son humour, ses traits d’esprit et un charme certain. Des rumeurs aussi insistantes qu’anonymes lui prêtèrent un nombre incalculable de conquêtes féminines.
La dynastie des Dayan, puisque c’en est une, ne débute pas avec Moshé. Son père Shmuel fut député Mapaï de la première Knesset. Il quitta la scène politique en 1959, l’année où son fils fit son entrée au Parlement. Les enfants de Moshé ne sont eux aussi pas des inconnus. En effet, sa fille Yaël fut députée sous l’étiquette travailliste.
Son fils, Assi, réalisateur et acteur a longtemps défrayé les chronique. Quant à Ariel, il est sculpteur. L’artiste Yehonatan Geffen, père du chanteur Aviv Geffen, est son neveu. Shiffra Geffen, fille de Yehonatan, est l’épouse de l’écrivain Etgar Keret. Tous deux ont, par ailleurs, reçu en 2007 la Caméra d’Or au Festival de Cannes. La célèbre journaliste Ilana Dayan et le militant de droite Dany Dayan sont aussi ses cousins . La soeur de sa pemière femme Ruth était mariée à l’ancien président de l’Etat Ezer Weizman.
Sa première épouse Ruth, créa la première marque de vêtement pour femme d’Israël, Maskit.
Féru d’archéologie, Moshé Dayan était un adepte de fouilles sauvages. Soupçonné de piller tous les territoires libérés par ses troupes, il aurait amassé au cours de sa carrière une quantité impressionnante de vestiges inestimables. A sa mort, sa veuve en céda une partie au Musée d’Israël contre la coquette somme d’un million de dollars.
L‘artisan de la paix avec l’Egypte en 1977 eut, cinq ans plus tôt, cette formule qui fera mouche: « Il vaut mieux Charm el-Cheikh sans la paix que la paix sans Charm el-Cheikh ».
Source IsraPresse