Après huit années passées dans un lit d’hôpital, plongé dans les ténèbres d’un coma profond, Ariel Sharon s’est éteint ce samedi à l’âge de 85 ans. Son histoire a un goût de tragédie. Le 4 janvier 2006, il est terrassé par une attaque cérébrale foudroyante dont il ne se remettra jamais. Ce coup du sort survient au moment où tout semblait lui réussir après cinq années au poste de premier ministre.
Quelques mois auparavant, il a mené avec succès et sans état d’âme le retrait de la bande de Gaza et contraint 8000 israeliens installés dans cette région conquise en juin 1967 à quitter les lieux. Une grande première dans l’histoire du pays.
Ariel (Arik) Sharon fut un célèbre général et Premier ministre de l’Etat d’Israël. C’était aussi un personnage controversé qui a profondément divisé l’opinion.
Il fut l’un des soldats mythiques d’Israël. Il a participé en tant que militaire à toutes les guerres jusqu’à celle de Kippour en octobre 1973 et était considéré comme un chef militaire hors normes par la majorité des Israéliens, qui l’ont surnommé « Le roi d’Israël” et “Le Lion de Dieu. »
Après son entrée dans le monde politique, Sharon fut rebaptisé «le bulldozer », en raison de son audace et de sa franchise.
A l’étranger, il est connu avant tout pour le rôle qu’il a joué en 1982, lors de l’opération ‘’Paix en Galilée’’, la première guerre du Liban dont le but était de mettre fin aux attaques terroristes contre Israël depuis le sud-Liban. Ariel Sharon était à l’époque ministre de la Défense dans le gouvernement de Menahem Begin.
Ses détracteurs attachent son nom au massacre de Sabra et Chatila, les camps de réfugiés où entre 800 et 2000 Arabes palestiniens au Liban furent tués par le Phalanges chrétiennes libanaises. Entre 1975 et 1990, la guerre civile libanaise entre Chrétiens et Musulmans fit des milliers de morts dans les deux communautés.
Ariel Sharon est finalement accusé en 1983 par la Commission israélienne Kahana de “responsabilité indirecte” pour n’avoir pas agi en conséquence dans le but d’empêcher l’effusion de sang alors que les troupes israéliennes controlaient Beyrouth et étaient déployées à proximité de Sabra et Chatila.
Sur pression de la Commission et de l’opinion publique israélienne, Sharon finit par démissionner de son poste mais conserve un titre de ministre sans portefeuille dans le gouvernement Begin. C’est l’époque de la première manifestation en Israël qui réunit 200 000 personnes, sur la place des Rois d’Israël (aujourd’hui place Rabin) à Tel Aviv. Un chiffre qui ne sera battu que lors des manifestations sociales de l’été 2011.
Co-fondateur du parti de droite Likoud en 1971, la carrière politique d’Ariel Sharon est relancée à partir de février 2001 lorsqu’il est élu Premier ministre d’Israël suite à l’échec des négociations de Camp David II et après le début de la seconde Intifada, déclenchée par Yasser Arafat.
Là encore, Sharon subit le courroux d’une partie de l’opinion pour s’être rendu sur le Mont du Temple à Jérusalem, le lieu le plus saint du judaïsme, mais où se trouve égalemant la mosquée Al Aqsa. Ce qui est perçu par ses détracteurs comme un acte de provocation.
Ardent défenseur des implantations israéliennes dans les Territoires, voire de ce qu’on appelle encore l’option jordanienne (pour lui, la Jordanie est de facto l’Etat palestinien) la fin de sa vie aura toutefois été marquée par l’une des actions politiques majeures de l’Etat d’Israël: le retrait unilatéral de la bande de Gaza en 2005.
Contesté sur sa droite, Ariel Sharon crée alors un nouveau parti : Kadima. Il est également à l’origine de la construction de la barrière de sécurité entre Israël et la Cisjordanie. Une muraille pour certains, qui pourrait être cependant le tracé d’une future frontière entre l’Etat d’Israël et un éventuel futur Etat de “Palestine”.
En décembre 2005, 4 mois à peine après le retrait de la bande de Gaza, Ariel Sharon est victime d’un accident vasculaire cérébral léger, suivi d’un deuxième AVC majeur en 2006. Il tombe alors dans le coma et reste dans un état végétatif pendant près de sept ans, jusqu’à sa mort ce samedi après-midi
Ariel Sharon, né en 1928 à Kfar Malal ( une localité agricole au nord-est de Tel Aviv), laisse derrière lui ses deux fils Omri et Gilad, ainsi que plusieurs petits-enfants.
Plusieurs personnalités politiques revendiquent sa succession, l’ancien Premier ministre Ehoud Olmert et ancien chef de Kadima après son accident, l’actuel président de Kadima Shaul Mofaz, ainsi que l’actuel ministre de la Justice et responsable de la délégation israélienne aux pourparlers avec l’Autorité palestinienne, Tzipi Livni.
Malgré le retrait de la bande de Gaza, Ariel Sharon reste également une figure majeure de la droite israélienne et de l’histoire de l’Etat d’Israël.
L’hôpital Tel Hashomer a annoncé samedi après-midi « avec tristesse » le décès de l’ancien Premier ministre Ariel Sharon . La nouvelle avait été annoncée plus tôt par les services du Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et le fils du défunt.
Le personnel hospitalier ainsi que la famille d’Ariel Sharon ont souligné le courage et la détermination dont le dirigeant israélien a fait preuve « jusqu’à la dernière heure ».
« Il n’est plus, il est parti quand il l’a décidé », a déclaré Gilad Sharon.
« Ariel Sharon s’est battu comme un lion jusqu’au bout », a confié son infirmière en direct de l’hôpital Tel Hashomer où l’ex-Premier ministre séjournait depuis huit ans.
Source JerusalemPlus