mardi 9 avril 2013

Mahmoud Abbas: des initiatives pour mettre Israël en difficulté à l'international



La diagonale du fou est un film franco-suisse du réalisateur Richard Dembo, sortie dans les salles au cours de l’été 2003. Il narre un face-à-face politique entre deux idées, libérale et totalitaire, qui s’affrontent sur un jeu d’échecs. Le réalisateur n’a jamais fait état de ses sources, mais tout se passe comme s’il s’était inspiré de la théorie développé par Henry Kissinger, à propos de la guerre du Vietnam.

La diagonale du fou, selon l’ancien secrétaire d’Etat américain, est le comportement imprévisible d’un adversaire, qui parait dénué de toute logique, de tout bon sens, qui fait fi des règles du jeu pour menacer, pour déstabiliser un équilibre délicat mais qui, de par sa démarche, contraint son partenaire à lui prêter une attention sérieuse pour éviter le pire. Le président nord-coréen en est, pour certains commentateurs, une parfaite illustration.
Mahmoud Abbas aussi. Sa dernière trouvaille, alors que John Kerry, le secrétaire d’Etat américain s’apprête à reprendre la politique des petits pas inaugurée par Kissinger après la guerre de Kippour : que Benyamin Netanyahou présente une carte de l’Etat palestinien, comme préalable à une reprise des négociations entre Jérusalem et Ramallah.
L’exigence est quelque peu incongrue, dans la mesure où un premier ministre israélien, Ehud Olmert, s’était déjà livré à cet exercice et que le président palestinien s’était, disons, défilé…C’était à la mi-septembre 2009. Qui plus est, au cours des conversations informelles menées par l’avocat Yitzhak Molcho, mandaté par Benyamin Netanyahou, la position israélienne, quant au tracé des frontières, avait été précisée, une position qui n’était guère éloignée de celle défendue par Tzipi Livni, alors ministre des Affaires étrangères du gouvernement Olmert. Cette position israélienne était alors dominée par un seul souci, à savoir assurer la sécurité des citoyens israéliens. Un autre souci s’y est ajouté depuis le retour de Benyamin Netanyahou à la direction des affaires de l’Etat, il y a quatre ans : comment préserver au maximum les implantations juives israéliennes dans les territoires administrés depuis juin 1967.
Au cours des trois dernières années, Mahmoud Abbas a multiplié les initiatives destinées à mettre Israël en difficultés sur la scène internationale : de la demande de reconnaissance d’un Etat palestinien par la communauté internationale à l’annulation du championnat d’Europe de football qui se déroulera en Israël dans trois mois, en passant par la condamnation de l’exposition consacrée à Hérode au musée d’Israël à Jérusalem, au motif que des pièces archéologiques présentées ont été dérobées au sol palestinien, à Hérodion plus particulièrement. (Ce qui ne manque pas de piquant, dans la mesure où l’Autorité palestinienne reconnaît donc que son sol est truffé de vestiges de l’histoire d’Israël…)
Alors, que cache cette diagonale du fou à la palestinienne ? Selon l’éditorialiste Dan Margalit du quotidien gratuit « Israël Hayom (Israël Aujourd’hui) », vieux routier de la politique régionale : » La manœuvre est claire. Pressé par les américains d’abandonner son exigence d’un gel total des implantations israéliennes et de reconnaître le caractère juif de l’Etat d’Israël, Mahmoud Abbas tente une nouvelle manœuvre dilatoire : il pourra à l’envi refuser toute proposition israélienne, en rejetant la responsabilité de tout blocage sur Israël, sans que les palestiniens n’aient définir leur position propre sur la délicate question des frontières. »
Reste à savoir si le nouveau secrétaire d’Etat va se coltiner sérieusement avec la problématique israélo-palestinienne, en mettant ses pas dans ceux d’un Henry Kissinger ou d’un Cyrus Vance. La réponse est pour bientôt.

En attendant, l’Iran poursuit ses efforts de déstabilisation régionale en, d’une part, en lâchant ses gardiens de la révolution en Syrie et, d’autre part, en renforçant la capacité de nuisance des groupes islamistes installés dans le Sinaï. En témoigne l’arraisonnement, en fin de semaine dernière, d’un bateau de pêche iranien, dans les eaux territoriales égyptiennes, alors qu’il se dirigeait vers la pointe du Sinaï. Selon les autorités égyptiennes, le bateau transportait quelques 60000 fusils d’assaut, lance-roquettes, grenades, missiles antitanks, explosifs…
Tout se passe comme si, bloqué par la surveillance intensive exercée sur les filières d’évasion d’armes mis en place ces 10 dernières années, en particulier les axes Soudan-Sinaï et Libye-Sinaï, Téhéran testait une nouvelle filière. Et s’il faut se féliciter de la vigilance des autorités égyptiennes, il est évident que seule une coopération internationale à grande échelle, en particulier des services de renseignements, sera à même de contrecarrer les desseins du régime iranien.