mardi 1 janvier 2013

L'expulsion des juifs de Barcelone, prélude à la grande expulsion des juifs d'Espagne



Lorsqu'il signe le décret d'expulsion des Juifs d'Aragon le 26 décembre 1424, le roi Alphonse V, ne fait qu'entériner un fait : il n'y a plus aucun juif à Barcelone depuis trente ans.

C'est la première des mesures d'expulsion qui chasseront les juifs d'Espagne pour plus de 400 ans.

Les pogroms contre les Juifs à travers toute l'Espagne n'avaient pas manqué en cette année 1391, mais celui qui a éclaté à Barcelone fut peut-être le plus violent, et celui qui enclencha l'inexorable mouvement qui vida l'Espagne de ses Juifs.

L'accusation initiale selon laquelle les Juifs avaient apporté la Peste noire à la ville déclencha une fureur populaire dont plus de 300 Juifs furent les victimes.

La violence anti-juive ne fit que s'intensifier lorsque le conseil féodal essaya de traduire les instigateurs des émeutes en justice.
Un grand nombre de Juifs, non seulement à Barcelone mais en Espagne de façon générale, commença à accepter la conversion au christianisme.

L'année suivante, en septembre 1392, Juan Ier, alors roi d'Aragon, abolit officiellement la Aljama (communauté) juive de Barcelone pour se raviser deux semaines plus tard.

Il annonça son désir de la rétablir et reconnaît le rôle important joué par les Juifs dans l'économie locale, leur offrant la réintégration dans leurs privilèges et promettant une synagogue et un cimetière.
Il renonce même à les assujettir à l'impôt pendant plusieurs années.
Mais aucun Juif n'accepta son offre.
Finalement, il permit la construction d'une église à l'endroit désigné pour la synagogue.

Une situation "formalisée" par Alphonse le Magnanime, Alphonse V d'Aragon, le 26 décembre 1424, qui durcit encore plus les conditions de déplacement et de résidence des Juifs dans la ville.
Tout Juif présent à Barcelone plus de deux mois doit désormais ou partir ou se convertir.
Des visites de la ville, pour un maximum de 14 jours, sont autorisées à des non-résidents juifs à condition qu'ils portent un insigne les désignant en tant que "juifs", et séjournent à l'hôtel.


Le décret de l'Alhambra décrétant l'expulsion des juifs


En 1492, l'interdiction de résidence des Juifs non convertis, déjà effective en Castille et en Aragon, se propage au reste de l'Espagne.
À compter de ce moment, pendant plus de quatre siècles, il n'y a plus aucun habitant ouvertement identifié comme juif dans toute la péninsule ibérique.

Il faut attendre les années 1930 et la brève période de la Seconde République (de 1931 jusqu'à son renversement par les forces de Francisco Franco en 1939) pour qu'un grand nombre de Juifs retournent à Barcelone.
Dans ces années-là, quelque 7.000 réfugiés juifs fuient l'Allemagne hitlérienne et sont été autorisés à s'installer dans la capitale aragonaise.
Une nouvelle synagogue est construite pour eux dans la Carrer de l'Avenir (qui est toujours son adresse actuelle).

Il faut attendre 2012 pour que le gouvernement espagnol reconnaisse aux juifs d'Espagne qui ont fui les persécutions le droit de recouvrer la nationalité espagnole.
À cet effet, une liste de plusieurs milliers de noms d'origine juive sépharade a été publiée par les autorités espagnoles.


Source Israel Infos