dimanche 25 novembre 2012

Pourquoi Bibi a accepté le cessez-le-feu ?




Le rapport cite des soldats de la Brigade Nahal qui ont dit que lundi soir on leur a dit d’aller dans l’enclave contrôlée par le Hamas, et qu’ils avaient même été jusqu’à ouvrir les postes frontières, quand un contre-ordre a été émis, interrompant l’incursion de 24 heures supplémentaires.
Les 60.000 soldats réservistes massés autour de Gaza devraient être renvoyés chez eux au cours des prochains jours si le cessez-le feu annoncé mercredi soir tient la route.

Passées la honte et la rage qui m’habitent après un cessez-le-feu si injuste pour la grande majorité des résidents du sud, je me projette au-delà du ressenti pour faire appel à la raison.
Faisons un peu de géopolitique minimaliste et considérons les choses autrement.
Prenons déjà en compte que notre gouvernement et que nos stratèges militaires sont très loin d’être des amateurs et que chaque action est réfléchie.

Nous sommes donc le 8 novembre 2012 et voici la situation qui prévaut ici en Israël et ailleurs dans le monde :
Netanyahu a convoqué des élections anticipées pour fin janvier. D’après les derniers sondages, il sort vainqueur lui et son parti fusionnel avec Avigdor Lieberman, Likud Beitenu. Une droite forte pour les échéances qui nous attendent, dixit Bibi… l’échéance principale étant bien évidemment l’Iran qui, selon Flamby, « obsède » notre premier ministre.
Barak Hussein Obama est réélu président des USA, et après l’impair de Netanyahu d’avoir pris parti pour Mitt Romney, on s’attend à ce que le « new président » ne fasse aucun cadeau à son ancien meilleur allié.
Pire que ca, on sait que Obama risque de laisser Israël, seul face à la menace iranienne. Et même si Israël peut toujours essayer d’attaquer les installations nucléaires par ses propres moyens, l’appui à différents niveaux des USA est un plus dont Israël a vraiment besoin.
Nous savons que Obama aime l’image de garant de la paix dans le monde qu’il véhicule. Les « people » sont avec lui, il a reçu le prix Nobel de la paix et le Hussein sur le toit du monde « aime » le monde musulman. Au début de son nouveau mandat, il ne souhaite surtout pas une crise régionale où Israël serait impliqué… La Syrie et l’extermination de son peuple tout le monde s’en accommode, mais dès qu’Israël agit, le Proche-Orient et le monde entrent en effervescence.

Alors voici quelques questions qu’il est nécessaire de se poser:
  1. Pourquoi tuer l’archi-terroriste Ahmad Jarrabi maintenant alors que les roquettes, même si elles tombent de plus en plus sur certaines régions du sud, ne nous tombent dessus finalement « que » depuis 10 ans?
  2. Pourquoi 2 à 3 jours après le début de l’opération « Colonne de nuée », nous parle-t-on si rapidement d’une attaque terrestre?
  3. Pourquoi prendre le risque d’une offensive d’envergure alors que des élections arrivent deux mois plus tard et que Netanyahu risque de perdre la face et beaucoup de sièges, si une attaque terrestre devait se produire, avec les pertes que cela entrainerait…?
  4. Pourquoi ne pas avoir accepté un cessez-le-feu, lundi 19 ou mardi 20 novembre mais avoir attendu l’arrivée du toutou d’Obama, Hillary?
En géopolitique, nous avançons nos pions comme sur un échiquier en trois dimensions.
Nos stratèges voient les choses sur le long terme et ce facteur complique, plus qu’il en a l’air, toutes les données.
En tuant un terroriste qui aurait pu être assassiné plus tôt ou plus tard, après les élections, l’état major israélien sait pertinemment que le Hamas va crier vengeance. Israël sait que ce dernier et d’autres groupes terroristes comme le djihad islamique (voire Al-qaida) vont profiter de ce « cadeau » pour répondre à « l’agression » israélienne et essayer de tuer le plus de civils israéliens, même dans des villes jusqu’ici épargnées. Les roquettes tirées quotidiennement depuis 10 ans dans le sud d’Israël ne seraient donc pas des agressions, mais seulement des fleurs envoyées par les terroristes pour crier leurs amours à leurs plus proches voisins…
Partant de ce principe, Israël mise sur son Dôme de Fer pour intercepter le maximum de missiles et avoir un minimum de pertes.



Très rapidement, Israël parle d’attaque terrestre et mobilise 70000 réservistes. Les tanks sont aux portes de l’enclave gazaoui et les soldats se tiennent prêts à intervenir.
Cet appel aux troupes donne des frissons au monde « lâche », pardon que dis je, au monde « libre » et le ballet diplomatique peut, comme l’a prévu quelques jours plus tôt l’état-major israélien, enfin commencer.
L’Europe veut vite un cessez-le-feu et Obama réitère à Israël le droit de se défendre seulement avec le dôme de fer : les sirènes, les traumatismes, les 30% de missiles non interceptés par notre bouclier de défense qui blessent, causent des dommages et tuent, le peuple israélien doit « s’en accommoder ».
Cependant, et c’est une première, Tel Aviv et Jérusalem sont touchées et la peur d’une attaque totale d’Israël dans la bande de Gaza met en péril la région toute entière.



Pour commencer, c’est l’Egypte qui est mise à contribution. Obama appelle Morsi pour négocier un cessez-le-feu contre un petit chèque conséquent.
Morsi devient l’interlocuteur et nous parle d’une trêve : que nenni les roquettes pleuvent et Israël bombarde le quartier général du Hamas ainsi que le stade de foot de Gaza, où les missiles avaient pris la place du ballon !
Le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius vient en Israël pour faire bonne figure, Ban Ki Moon pour revisiter cette région du monde qu’il a délaissée depuis quelques mois, mais rien n’y fait. Aucune trêve n’est annoncée. Il faudra attendre l’arrivée de Mme Clinton pour débloquer la situation…



Alors qu’un attentat terroriste en plein cœur de Tel Aviv rappelle de très mauvais souvenirs, quelles peuvent être les garanties données par la Maison Blanche pour que Benyamin Netanyahu – dont on ne peut mettre en doute un instant l’amour de sa terre et de son peuple – accepte après 24h de négociations une trêve totalement tronquée, où le Hamas sort aux yeux du monde comme le grand vainqueur ?

En dépit des visages défaits de nos dirigeants, l’état-major et les stratèges politico-militaires israéliens viennent d’avancer en fait un pion de grande importance dans la prochaine guerre entre Israël et l’Iran…

Israël vient de facto, de négocier l’appui (quel qu’il soit) des USA et ne sera pas seul pour attaquer l’Iran.

Le cessez-le-feu est officialisé à 21h : les 15 roquettes lancées sur Israël dans l’heure qui suit n’y changeront rien.

Le 21 novembre 2012, Israël reprend la main sur ce qui menace le plus son existence alors que la réélection de Obama venait obscurcir ostensiblement l’horizon iranien.



De plus, Israël a pu mesurer officiellement les forces à affronter au sud quand l’écho du bombardement des installation nucléaires des mollah se fera ressentir et aura profité de l’occasion pour liquider quelques pions importants du dispositif militaire du Hamas, tout en mettant fin à quelques tunnels de contrebande pour ralentir le passage d’armes en tout genre.

Dans quelques jours, la vie reprendra son cours normal et les habitants retourneront vaquer à leurs occupations. Les roquettes tomberont sur le sud d’Israël comme toujours, même s’il est à parier que courant l’année 2013, une opération militaire à Gaza soit plus que probable.

Quelques sièges seront peut être sacrifiés pour la droite forte Bibi-Lieberman, mais ceux-ci seront redistribués majoritairement aux partis sionistes religieux qui, sans aucun doute, feront partie eux aussi de la coalition de droite du prochain gouvernement…
En 10 jours, Israël, aux yeux du monde en général et arabe en particulier, vient de perdre une guerre mais comme les choses sont rarement ce qu’elles paraissent, ces 10 jours sont les premiers coups donnés de la guerre contre l’Iran.


Israël vient d’impliquer officiellement Obama dans son projet.

 

Source Meteor Magazine