Sur ce coup, Gad Elmaleh a été plus rapide que son modèle Jerry Seinfeld. Alors que l’humoriste référence américain vient de signer un deal avec Netflix ( un gros deal, on parle de 100 millions de dollars), le « frenchy » débarque dès mardi sur la plate-forme de streaming vidéo avec Gad Elmaleh part en live, un spectacle inédit et exclusif en français.....
Il sera suivi l’année prochaine par son show américain Oh My Gad, et même une possible série : « On y pense, une série introspective à la Louis C.K., multi-couches, multi-cultures ».
La rencontre avec la presse a lieu le lendemain matin du lancement du Saturday Night Live sur M6.
« Une première pas évidente, un exercice difficile », mais il se dit heureux du résultat. Les chiffres sont d’ailleurs bons, et son ami Cyril Hanouna l’appelle pour le féliciter : « Bravo Baba ! Sur cible, t’es numéro un. Quand on te demande, tu réponds ça.
Même dans la rue. "Sur cible, je suis numéro un" ». A peine a-t-il raccroché que l’humoriste se branche pour un #Instadirect. C’est simple, de la télévision à Netflix, de la scène à Instragram, de la France aux Etats-Unis, Gad Elmaleh est partout.
Un spectacle avec Kev Adams, un SNL made in France, une tournée américaine, un show spécial sur Netflix… Pourquoi cette omniprésence, cette hyperactivité ?
Toutes ces choses sont prévues depuis longtemps, même si au final elles se bousculent au planning. Ce sont toutes des expériences fortes, mais il s’en dégage un point commun, c’est que je regarde vers le monde. Quand je vais revenir en France avec mon prochain show, ce sera un truc de fou. Imprégné de tout ce que j’ai vécu. J’ai toujours besoin de nouveaux défis.
Et Netflix en est un ?
Sur Netflix, j’ai pu mater tous les comiques que j’adore : Kevin Hart, Louis C.K., Jim Jefferies… Ils sont anglais, américains, australiens, etc. Être à côté de ces gars-là, c’est faire partie de l’écurie Netflix, c’est cool pour moi.
Et l’exposition est complètement folle, on parle de 190 pays. J’aime l’idée qu’il n’y ait plus réellement de frontière, de faire des vannes sous-titrées en allemand ou en indien. Il y a un petit côté « world wide ».
Un jour, un journaliste américain m’a demandé de quoi je rêvais en venant jouer aux Etats-Unis. D’abord, de « Make it in America », de conquérir l’Amérique.
C’est ambitieux, mais j’assume. Puis que des gens qui n’ont jamais entendu parler du Maroc, ou ne savent pas placer la France sur une carte, écoutent mon histoire. C’est pareil sur Netflix et ses 90 millions d’abonnés. Si tu veux les faire en live, faut tourner toute ta vie. (rires)
Qu’on comprenne bien, le français Gad Elmaleh part en live, le 24 janvier sur Netflix, et l’américain Oh My Gad, en tournée outre-Atlantique, sont deux spectacles différents ?
Mon meilleur ami, que je connais depuis 30 ans, est venu me voir dans un café-théâtre à New York et m’a dit « c’est top, c’est toi, mais j’ai rien compris ». Il m’a demandé de le sous-titrer ou de le traduire, et c’est ce que j’ai fait. Gad part en live est donc la traduction de Oh my Gad, avec des adaptations bien sûr, mais l’essentiel est là : la vie de tous les jours, le rêve américain, la désillusion, l’anonymat, le rapport aux femmes…
Le tout collait bien à l’esprit Netflix. On a pensé capter le show à Paris, et puis on s’est dit que le meilleur endroit était Montréal, pour les anglicismes, pour le mélange des genres.
Gad Elmaleh part en live est-il un spectacle dans la tradition des précédents ?
On retrouve ma patte, le stand-up d’observation, le petit détail qui devient grand. Je veux toucher à l’universel, à l’international. Je me raconte de mon départ du Maroc à mon arrivée aux Etats-Unis, en passant par le Québec et la France. Avec la conclusion que je suis toujours en décalage.
Les Etats-Unis, ce n’est pas un caprice du moment mais un objectif depuis toujours ?
Je vais être très sincère, très clair. Depuis tout gamin, j’ai ce rêve de stand-up et des Etats-Unis. Et je suis en train de la réaliser. Je vais faire la première partie de Jerry Seinfeld. Mais ce n’est pas fini, c’est même dur, et ça te remet les pieds sur terre.
En France, j’ai de la chance, je remplis des salles, je fais des interviews, je fais des selfies dans la rue. Mais là-bas, combien de fois m’a-t-on demandé la prononciation de mon nom.
Les Français sont fascinés par l’argent, ils ont peur de la réussite, donc il faut qu’ils sachent que j’étais payé 30$ par passage en semaine, 100$ le week-end. Alors bien sûr, j’ai pu financer moi-même, un luxe, et faire les comedy clubs sans taffer comme un malade, mais j’ai des collègues qui sont obligés de faire 9 ou 10 passages par soir.
Vous avez changé beaucoup de choses, de vous, de votre humour, là-bas ?
Je suis parti direct sur le stand-up, pour faire comme eux. Droit devant le micro, une blague toutes les 20 secondes. Mais plus je faisais des clubs, plus je fatiguais et plus je retrouvais ma vraie nature, ma gestuelle. Un pote, Sacha Baron Cohen pour ne pas le nommer, vient me voir. Borat. « Man, pourquoi tu fais pas ça tout le temps ? »
Des mecs qui balancent juste des vannes, ils en ont des centaines. Mais un gars qui parle avec son corps, qui fait des accents, beaucoup moins. C’est pourquoi il faut arrêter d’être complexé par rapport aux Américains, on a beaucoup à leur apporter en termes de charme, de rondeur, d’observation, d’interprétation, de névrose aussi. J’ai l’impression que les Français sont plus fascinés par le « made in America » que les Américains eux-mêmes.
Tout est permis aux Etats-Unis ?
C’est plutôt en France qu’on commence à avoir un souci. Il y a un petit problème de crispation, je ne sais pas d’où il vient, il faut qu’on analyse ça tous ensemble, mais les gens sont pré-énervés, pré-pas-contents. Sur les réseaux sociaux, devant leur télévision : « Qu’est-ce qu’on doit détester ? » Il ne faut pas, il faut faire confiance aux humoristes.
Vous faites référence aux réactions face au sketch du « chinois » dans votre spectacle avec Kev Adams ?
Pas du tout, pas seulement. Je crois vraiment que l’on doit se moquer de tout le monde. Vous imaginez si j’avais dû me taper la ligue des travelos pour Chouchou, la communauté juive pour Coco, arabe pour Abderrazak et les Français pour Sébastien.
La réponse vient selon moi des jeunes. Le travail de Jamel est pas mal [avec le Jamel Comedy Club]. Il est accusé par certains de communautarisme, mais, oui, les communautés, ça existe. Le mot a pris une étrange connotation. C’est bien qu’il y ait des communautés, il faut même les rassembler pour en créer une plus grande.
Source 20 Minutes
Suivez-nous sur FaceBook ici: