La vague de terreur qui a submergé Paris a laissé le public et les médias stupéfaits. Après les attentats de Charlie Hebdo, les autorités avaient annoncé un renforcement des agences de renseignement. De temps en temps, et habituellement dans les dernières pages, ont été publiés des articles sur l’élimination avec succès de cellules terroristes par les services de renseignement français, la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), l’équivalent du FBI américain...
Mais cela n’a pas suffi. Une cellule parfaitement entraînée s’est organisée au nez et à la barbe des services français, a recueilli des informations pour passer à l’action et opérer vendredi simultanément sur plusieurs lieux.
Une telle préparation fait toujours “du bruit”: des conversations téléphoniques, des messages “WhatsApp”, des correspondances électroniques et des messages par Facebook. En outre, le nombre de ceux qui sont dans le secret s’agrandit au fur et à mesure qu’on s’approche du passage à l’action.
Il ne fait aucun doute que les “bruits” des terroristes du 13 novembre sont actuellement décortiqués par l’enquête approfondie qui est actuellement en cours en France.
C’est ainsi que cela s’est passé pour les attentats du 11 septembre 2001. Au cours des enquêtes parallèles du FBI et de la CIA, il s’est avéré que les agences ont saisi des bribes d’informations sur une action imminente, mais elles ne sont pas parvenues à reformer le puzzle qui leur aurait permis de déjouer l’opération meurtrière qui a coûté la vie à des milliers d’innocents.
Les Etats-Unis exploitent les infrastructures de renseignement les plus importantes et les plus sophistiquées du monde.
L’agence d’écoute américaine NSA officie comme un aspirateur électronique et nul besoin de lire les rapports d’Edward Snowden pour comprendre que les Américains recueillent la moindre conversation qu’elle soit téléphonique ou cablée.
Les Américains ne sont pas les seuls. Tout le monde écoute tout le monde.
Mais la question cruciale qui se pose est la suivante: que fait-on avec les millions de bribes d’informations et comment, à partir de ces fragments, on reconstitue un portrait, un profil exploitable au niveau des services de renseignements.
Israël est considéré dans le monde comme ayant développé la méthode la plus efficace au monde de collecte d’informations.
Des dizaines d’années de lutte de fourmi contre le terrorisme palestinien et par la suite contre les attentats meurtriers du Hezbollah et de l’Iran, ont façonné l’efficace doctrine de combat d’Israël; étroite collaboration entre toutes les agences de collecte des informations (renseignements militaires, Shin Bet et Mossad), un organe de recherche de haute technologie et un assemblage d’écoutes (SIGNET) et d’informations électroniques (ELINT) ainsi qu’un vaste réseau d’agents (HUMINT).
Prenons par exemple une correspondance électronique aléatoire entre deux commandants de l’Etat islamique. Abdallah et Mahmoud qui, au-delà du SMALL TALK, comprend également une phrase codée: “cette nuit nous allons nous faire Saïd”.
Il y a différentes options:
Coordination finale de la cible d’un attentat qui a reçu le nom de code “Saïd”.
La possibilité d’“arnaquer” Saïd à une soirée de cartes prévue ce soir (les lois de Daech, l’EI interdisent les jeux de hasard, mais les éléments supérieurs de l’EI ont aussi leur petits travers).
En l’absence d’une source “vivante”, il est presque impossible de déchiffrer la phrase et la source peut, par exemple, être Massoud, l’adjoint d’Abdallah, qui a été recruté par les renseignements israéliens et est capable de transmettre à ses officiers traitants à Tel Aviv ce que voulaient dire les deux hauts responsable de Daech.
Il est à noter que pour les experts HUMINT de l’Etat islamique, on peut pénétrer le groupe comme dans du beurre en été ou si vous préférez, il a autant de trous qu’un morceau de gruyère.
Au sein de Daech, il y a des dizaines de milliers de volontaires étrangers et chacun d’entre eux est un candidat potentiel au recrutement.
Il existe différentes méthodes de recrutement et les renseignements israéliens ont acquis une grande expérience et développé des méthodes efficaces de recrutement et de traitement des agents. En outre, Israël a mis au point une doctrine de combat pour intégrer ces informations aux informations collectées par des moyens électroniques.
Ce savoir, qui a sauvé jusqu’à présent la vie à d’innombrables Israéliens peut et doit être partagé par Israël, sans toutefois porter atteinte à sa sécurité, avec ses amis dans le monde, y compris la France, dans la lutte commune contre le terrorisme de l’islam radical.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a ordonné aux agences de renseignement israéliennes de partager avec la France les informations dont elles disposent sur le groupe Etat islamique.
Par Gad Shimron ( Gad Shimron est écrivain et journaliste et ancien agent du Mossad.
)Source JerusalemPlus